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Femme pensive, assis à table dans la cuisine

Pandémie et perte d’emploi : comment rebondir

Des millions de personnes se sont retrouvées sans travail en raison de la mise sur pause de l’activité économique. Quelles stratégies adopter pour surmonter les difficultés financières et psychologiques?

Femme pensive, assis à table dans la cuisineOutre la perte de votre salaire, il est probable que l’absence de contacts avec des collègues, la perte d’une routine structurante et le sentiment de ne plus vous réaliser sont des facteurs qui commencent à vous peser. (Getty Images/Westend61)

La pandémie de COVID-19 a complètement bouleversé le marché du travail canadien. Rien qu’en mars et en avril, plus de trois millions d’emplois ont été perdus en raison de l’arrêt quasi complet de l’économie, selon Statistique Canada.

Si vous êtes du nombre des nouveaux chômeurs, l’impact va au-delà des statistiques : la perte d’un emploi peut entraîner de graves difficultés financières et psychologiques. Et comme la pandémie est source de bien des incertitudes, le fait de se retrouver sans boulot peut être particulièrement effrayant.

Par le passé, une personne au chômage pouvait entendre les recommandations habituelles en guise d’encouragement, explique David Trahair, CPA, expert en matière de finances personnelles et auteur du guide pratique Survive and Thrive: Move ahead financially after losing your job (soit Survivre et prospérer : Aller de l’avant financièrement après une perte d’emploi).

« Mais là, la donne a complètement changé! », lance le comptable, qui anime une séance d’information sur le même sujet comme bénévole pour CPA Canada. « Personne ne fonctionne vraiment bien dans un contexte où il ou elle n’a aucune idée de ce que lui réserve l’avenir. La situation actuelle est dévastatrice. »

Voici trois conseils pour composer avec une perte d’emploi découlant des répercussions de la pandémie.

1) COMPRENDRE LES EFFETS SUR LE PLAN PSYCHOLOGIQUE

Quand on perd son emploi, on perd davantage qu’une source de revenus. Comme le fait observer l’Association canadienne pour la santé mentale, on peut aussi se sentir malheureux de ne plus côtoyer ses collègues, de ne plus avoir de routine structurante au quotidien et de ne plus se sentir utile dans la société. Les nouveaux chômeurs peuvent éprouver les mêmes sentiments et le même stress que ceux qui découlent d’autres types de perte.

Il est important de comprendre que la perte de votre emploi mène à un sentiment de chagrin bien normal, explique Melanie Schroeder, CPA, mentore et conseillère établie en Colombie-Britannique.

« Pourquoi moi?, pensera-t-on souvent... une question pour laquelle il n’y a pas vraiment de réponse dans la situation actuelle, dit-elle. Nous n’avons bien sûr pas de contrôle sur une pandémie. »

Mme Schroeder évoque le modèle d’ajustement au deuil à double processus, où l’endeuillé alterne entre la peine et l’adaptation (façons de surmonter son désarroi). Quand on ressent de la peine, il est normal que celle-ci s’accompagne de colère, de tristesse et de déni. Quand on déploie des mécanismes d’adaptation, on apprend à vivre avec les nouvelles circonstances.

Certains organismes offrent des programmes en ligne gratuits qui peuvent vous aider à faire face aux problèmes de santé mentale, notamment les émotions négatives. Mme Schroeder suggère à toute personne qui se sent dépassée d’obtenir de l’aide, qui peut prendre la forme de counseling.

« Le but, en fait, est de trouver un côté positif à la perte vécue, soutient-elle. Qui sait? Vous dénicherez peut-être un emploi plus épanouissant; vous aurez peut-être l’occasion de vous réorienter ou de vous ressourcer en passant plus de temps avec votre famille ou vos amis. Cette capacité à voir du bon dans ce qui vous arrive vous aidera à trouver la paix. »

2) GÉRER SES FINANCES MALGRÉ UNE MAUVAISE PASSE

Lorsqu’on se retrouve soudainement sans gagne-pain, l’idée de ne pas avoir assez de liquidités pour payer les factures peut causer beaucoup de stress. En règle générale, il est conseillé d’épargner dans un fonds d’urgence l’équivalent de trois à six mois de dépenses. Mais très peu de gens y parviennent, concède M. Trahair, de sorte qu’il faudra peut-être envisager d’autres options.

« La situation varie d’une personne à l’autre. Et il en va de même pour l’état des finances de chacun. La meilleure chose à faire est de suivre attentivement vos dépenses, et ce, que vous vous efforciez de sortir de l’endettement, que vous soyez près de la retraite, ou encore que vous vous démeniez pour rester à flot en cette période difficile. Le simple fait de regarder à la dépense devrait contribuer à améliorer votre situation. »

Mais où trouver l’argent pour acheter de la nourriture et d’autres produits de première nécessité? Renseignez-vous sur le soutien financier et économique du gouvernement fédéral, notamment la Prestation canadienne d’urgence. Selon M. Trahair, si vous avez des épargnes pour la retraite, ou un CELI, vous devrez probablement y puiser des sommes. Les retraits des REER sont imposables, mais si vous avez perdu votre emploi en mars et que vous n’avez pas de revenu pour le reste de l’année, la ponction fiscale ne devrait pas faire trop mal, soutient-il.

« Les gens qui n’ont pas d’épargnes devront se tourner vers le crédit. »

« Les cartes de crédit sont à utiliser en dernier ressort, étant donné le taux d’intérêt très élevé, poursuit-il. Aux clients dont la situation financière est plutôt bonne et qui sont propriétaires de leur logement, je recommande toujours d’avoir une marge de crédit personnelle à utiliser en cas de nécessité seulement. »

Si vous disposez d’une marge de crédit hypothécaire, c’est sur cette source de crédit que vous obtiendrez le meilleur taux d’intérêt, rappelle le comptable, ajoutant qu’il s’agit du type d’endettement le moins douloureux pour traverser cette période inédite. Il incite par ailleurs les lecteurs à bien comprendre les rouages du crédit et à savoir quoi faire pour améliorer leur cote de crédit.

3) ENTAMER UNE RECHERCHE D’EMPLOI OU UNE REMISE EN QUESTION

Les conseils sur la recherche d’emploi ne manquent pas; pensons notamment à l’importance de réseauter ou d’améliorer son profil LinkedIn. Mais nous sommes en territoire inconnu quand il s’agit de trouver un nouvel emploi en période de pandémie.

« La conclusion à laquelle je suis arrivé, c’est que ce ne sont pas les plus forts ni les plus intelligents qui vont s’en sortir. Ce sont ceux qui peuvent le plus facilement s’adapter au changement, croit David Trahair. Considérez le métier que vous exercez ou l’emploi que vous occupez, et réfléchissez aux perspectives d’avenir. L’occasion vous est donnée maintenant d’élargir vos compétences dans des secteurs où la demande sera forte et où les emplois seront nombreux. »

Beaucoup considèrent le retour aux études ou la reconversion comme l’une des meilleures options en période de chômage, bien que cela puisse dépendre de votre situation financière ou de votre âge, par exemple.

« Trouver un nouvel emploi ne sera pas chose facile pour les travailleurs âgés, dans un marché où la concurrence sera plus forte, ajoute Melanie Schroeder. Mais les quadras ou les quinquas ont un atout important que la jeune génération n’a pas encore : l’expérience. Trouvez un moyen d’en tirer parti! » Elle mentionne, entre autres, le travail à titre contractuel : on offrira, par exemple, son assistance aux petites entreprises qui ont peut-être besoin d’un spécialiste chevronné, sans pouvoir toutefois l’engager à temps plein.

PANDÉMIE : INFORMEZ-VOUS ET GÉREZ VOS FINANCES AU MIEUX

Vous avez perdu votre emploi? Obtenez davantage de conseils pour traverser cette période difficile, y compris sur la gestion de ses finances en cas de perte d'emploi. Voyez comment réduire les dépenses et utiliser à bon escient les diverses formes de soutien financier proposées dans le contexte de la pandémie.

Si vous êtes comptable, soyez à l’affût des nouvelles touchant la profession, y compris des ressources externes et des articles en ligne portant sur la crise actuelle. Informez-vous aussi au sujet de la Subvention salariale d’urgence du Canada et d’autres questions fiscales liées aux mesures prises par le gouvernement fédéral.