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Finances personnelles

COVID-19 et finances personnelles : comment gérer ses dettes en temps de crise?

Qui dit réduction des revenus dit réduction des dépenses. Voyez comment gérer vos finances au mieux dans les mois à venir grâce aux conseils de nos experts.

Père, séance, cuisine, table, bambin, recouvrement, regarder, facturesSelon un rapport de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, 31 % des Canadiens estiment avoir trop de dettes. (Getty Images/Geber86) (Getty Images/Geber86)

Malgré de nombreuses mesures de soutien de la part des gouvernements, la crise de la COVID-19 a plongé des millions de Canadiens dans le chaos financier. Comment faire ses courses, payer son logement et son auto quand les revenus ont diminué, voire disparu?

« Nous traversons une période difficile, qui nous offre l’occasion de renouer avec nos valeurs et de réévaluer la façon dont nous dépensons notre argent », déclare Doretta Thompson, chef du développement de la littératie financière à CPA Canada. « Une bonne gestion des dettes dans une telle période comporte deux étapes, explique-t-elle. La première étape vise à s’en sortir, à survivre, pour retrouver dans un deuxième temps une stabilité financière. Les décisions que les gens prendront durant l’étape 1 auront une grande incidence sur la suite des choses. »

Voici comment passer au travers des prochains mois en gardant son calme.

1) MAXIMISEZ VOS REVENUS

La première chose consiste à faire le point sur vos revenus disponibles. Assurez-vous de vous prévaloir des aides financières offertes par les gouvernements fédéral et provinciaux. Même si vous travaillez encore à temps partiel, vous pourriez être admissible à certaines d’entre elles. 

  • La Prestation canadienne d’urgence (PCU), par exemple, permet de gagner jusqu’à 1 000 $ par mois, tout en recevant la somme de 2 000 $ comme complément au revenu. « Dans un monde idéal, précise André Lacasse, planificateur financier sur la Rive-Sud (Montréal) et fondateur de Services financiers Lacasse, ceux qui touchent la PCU devraient en mettre une partie de côté pour les impôts, mais c’est une mesure d’urgence, destinée à payer des dépenses essentielles, alors cela pourrait être difficile. Et il est encore tôt pour déterminer l’incidence fiscale de cette prestation sur les revenus annuels d’un contribuable. »
  • Les travailleurs à faible revenu jugés essentiels pour lutter contre la COVID-19 et qui gagnent moins de 2 500 $ par mois à temps plein ont également droit à un complément de salaire temporaire. 
  • Un crédit spécial pour la TPS/TVH, d’environ 400 $ pour les personnes seules et 600 $ pour les ménages à revenu faible ou moyen, sera aussi versé à ceux qui satisfont aux conditions.
  • Les personnes âgées admissibles à la pension de la Sécurité de la vieillesse recevront un paiement unique de 300 $. Celles admissibles au Supplément de revenu garanti recevront 200 $ de plus.

Si vous avez soumis votre déclaration de revenus à la date limite ou avant (1er juin 2020 cette année), vous devriez recevoir votre remboursement dans un délai de deux semaines pour les déclarations en ligne et de huit semaines pour les déclarations sur papier. Vous pourriez vous en servir pour payer certaines dépenses.

2) DÉTERMINEZ OÙ VA VOTRE ARGENT

L’étape suivante consiste à se pencher sur les dépenses de l’année écoulée pour distinguer ce qui est nécessaire de ce qui est plaisant, mais pas indispensable. Cela est particulièrement pertinent si vous avez déjà contracté des dettes ou perdu votre emploi, explique Doretta Thompson. « L’objectif : rester aussi agile que possible et disposer de liquidités, pour vous et votre famille. »

Pour ce faire, vérifiez vos relevés bancaires et vos relevés de cartes de crédit. Voyez ce qui compte vraiment et ce dont vous pourriez vous passer.

Kathy Lempert s’est livrée à l’exercice. Cette CPA, qui a fondé un cabinet de services-conseils en stratégie et gestion d’entreprise et qui anime bénévolement des ateliers de littératie financière pour CPA Canada, a fait l’inventaire de ses dépenses et coupé tout le superflu. « Nous n’avons jamais rien vécu de tel, alors aux grands maux, les grands remèdes. Le gouvernement n’a maintenu que les services essentiels? Imitons-le en ne maintenant que les dépenses de base, comme celles liées à la santé, au logement et à l’alimentation. »

Si vous n’avez jamais fait de budget, le moment est bien choisi pour en dresser un, surtout que de nombreuses applis peuvent vous y aider.

Ces dépenses couvertes, essayez de vous constituer un fonds d’urgence si vous n’en avez pas déjà un. Comme le souligne André Lacasse, il n’est jamais trop tard pour commencer, malgré les circonstances. « Mettre 20 $ de côté par semaine, ce n’est pas grand-chose, mais dans un an, cela représentera plus de 1 000 $. »

3) RÉDUISEZ VOS DÉPENSES AU MINIMUM

Une fois que l’on sait de combien on dispose et où file son argent, « il faut limiter les dépenses au strict nécessaire, explique Doretta Thompson. Certaines choses qui pouvaient être nécessaires au début de la pandémie ne le sont peut-être plus ». 

D’après un rapport de l’Agence de la consommation en matière financière du Canada, 36 % des Canadiens ont du mal à gérer leurs finances courantes ou à régler leurs factures. De plus, seulement 64 % disposaient d’un fonds d’urgence suffisant pour couvrir trois mois de dépenses en cas de perte d’emploi.

Si votre famille possède deux autos, mais n’en utilise qu’une seule, voyez avec votre assureur comment réduire vos primes sans résilier votre contrat pour autant. L’avenant FAQ-16 pourrait vous donner droit à un crédit. Demandez-lui aussi si votre prime sera réduite pendant les semaines de confinement, comme l’offrent certaines compagnies. 

On peut aussi optimiser ses abonnements : câble, Internet, gym, services bancaires, etc. « Par exemple, a-t-on vraiment besoin d’un téléphone cellulaire et d’un téléphone fixe? demande Kathy Lempert. Contactez votre fournisseur et voyez ce qu’il vous propose. »

Vérifiez également si votre municipalité a accordé un report de paiement des impôts fonciers par exemple. Si vous avez du mal à payer votre loyer, parlez d’abord avec votre propriétaire. Vérifiez ensuite si votre ville ou votre province offre de l’aide comme un prêt sans intérêt. Des fournisseurs d’électricité, comme Hydro-Québec et Toronto Hydro, ont mis en place des mesures pour aider les particuliers et les entreprises en difficulté financière (tarifs réduits, sursis de paiement et modalités de paiement souples).

Si vous ne pouvez pas réduire certaines dépenses, étalez-les dans le temps. Ainsi, vous avez jusqu’au 1er septembre 2020 pour payer le solde dû pour les impôts de 2019. Les étudiants et nouveaux diplômés, eux, ont jusqu’au 30 septembre 2020 pour recommencer à rembourser leurs prêts et les intérêts applicables.

Dans tous les cas, vérifiez quels sont les coûts associés à ces reports, car tous ne sont pas gratuits; or, vous ne voulez pas payer davantage, mais moins, ou selon un échéancier qui vous convient mieux. « L’économie va reprendre, poursuit Kathy Lempert, mais on ne sait pas quand ni à quel rythme, alors il faut penser à long terme. »

4) GÉREZ VOS DETTES

Que faire des dettes déjà contractées? Consultez vos prêteurs pour voir ce qu’ils proposent. Voyez si vous pouvez réduire les taux d’intérêt payés (notamment sur les soldes de cartes de crédit) ou reporter des mensualités, et combien cela vous en coûtera, car la manœuvre n’est pas gratuite. « Normalement, on recommanderait de régler ses dettes, mais vu le contexte, faire les paiements minimums est une stratégie préférable à court terme, afin de préserver ses liquidités pour les dépenses essentielles », explique Doretta Thompson.

Les banques ont mis en place différentes mesures de soutien pour les Canadiens ayant besoin immédiatement de liquidités. Parmi les plus fréquentes, on trouve le report des paiements touchant les emprunts (hypothèque, automobile), cartes de crédit et achats à tempérament. Même les frais de relevés au guichet automatique peuvent être admissibles.

Mais ne vous méprenez pas : les paiements sont reportés, et non annulés. Vous devrez rembourser cette dette un jour ou l’autre. Vous devez donc savoir combien, exactement, ces reports vont vous coûter.

Ainsi, fait observer André Lacasse, « les intérêts d’un emprunt hypothécaire que vous ne payez pas aujourd’hui s’ajouteront au montant emprunté. Autrement dit, vous paierez des intérêts sur les intérêts. Si c’est ça ou ne pas manger, la question ne se pose pas, mais c’est loin d’être gratuit ». Selon l’Association des banquiers canadiens, plus de 740 000 Canadiens se sont déjà prévalus de reports de paiements.

Kathy Lempert est aussi catégorique : « Les gens devraient attendre le plus possible avant de demander à leur banque de tels reports. Cette mesure est un filet de sécurité, pas un congé de paiement. Attendre permettra aussi de mieux négocier avec la banque le moment venu. Cela montrera les efforts faits par la personne avant d’en arriver là. » 

5) PROTÉGEZ VOS ÉPARGNES ET VOTRE CRÉDIT

Si vous avez absolument besoin de liquidités supplémentaires, « pigez d’abord dans votre CELI, dont une partie ne devrait pas avoir trop fluctué, puisque c’est là qu’on devrait trouver le fonds d’urgence », souligne André Lacasse. « Dès le 1er janvier de l’année suivante, les retraits effectués s’ajouteront aux droits de cotisation cumulatifs ». Autrement dit, vous pourrez redéposer les sommes retirées.

Les retraits d’un REER ne devraient être envisagés qu’en dernier recours, selon le planificateur. « D’une part, ces retraits sont imposables, ce qui veut dire qu’à un taux marginal d’imposition de 37,12 %, il faudra payer des impôts de 371 $ pour chaque retrait de 1 000 $. De plus, ces retraits viendront augmenter le revenu imposable du contribuable, ce qui peut, dans certains cas, compromettre son admissibilité à d’autres mesures fiscales ou sociales, comme l’ACE (au fédéral) ou l’Allocation famille (Québec), qui diminuent à mesure que le revenu augmente. Enfin, les droits de cotisation REER correspondant au retrait sont perdus à tout jamais. Bref, l’impact du retrait d’un REER est vraiment important. »

Voilà pourquoi, à défaut de CELI, ou quand celui-ci sera vide, une marge de crédit peut être utile à court terme, selon André Lacasse. « Emprunter pour payer des dépenses courantes n’est jamais une bonne idée, mais si c’est la seule option… » 

La marge de crédit, rappelons-le, est un type de prêt à taux réduit (quelques points de pourcentage) qui vous permet d’emprunter une somme prédéfinie. Le remboursement minimal à effectuer chaque mois correspond souvent au total des intérêts ou à un pourcentage prédéterminé du solde. Si les propriétaires d’une maison peuvent obtenir un taux réduit parce que l’immeuble sert de garantie, les non-propriétaires comme les étudiants peuvent aussi bénéficier d’un taux bien inférieur à celui des cartes de crédit, ce qui leur permettra, le moment venu, de retrouver la stabilité financière.

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