Passer au contenu principal
Homme d'affaires debout à la table de conférence dans un bureau vide à la recherche de fenêtres
Canada
Tendances

Les bureaux tels que nous les connaissons sont-ils choses du passé?

Sont-ils voués à disparaître, ou au contraire, à devenir des lieux de rassemblement? Dans tous les cas, les organisations devront y mettre du leur pour donner aux employés envie d’y retourner.

Homme d'affaires debout à la table de conférence dans un bureau vide à la recherche de fenêtresLa pandémie terminée, les organisations devront trouver des solutions pour conjuguer ce que travail à domicile et travail au bureau ont de mieux à offrir, soulignent les experts. (Getty Images/Thomas Barwick)

À la mi-mars, la fièvre du télétravail s’est emparée de millions de Canadiens forcés de quitter leur bureau. Quelques mois plus tard, alors que les édifices des centres-villes rouvrent progressivement leurs portes, les employés éprouvent des sentiments mitigés à l’idée de revenir sur leur lieu de travail.

Un sondage publié début juin par Gensler, un des plus grands cabinets d’architectes au monde, indique que si 30 % des répondants aimeraient dorénavant travailler majoritairement de la maison, près de 70 % souhaitent retourner au bureau entre 3 et 5 jours par semaine.

« Maintenant que les gens n’ont plus de bureau, ils en mesurent l’importance », explique Rosanne Dubé, collaboratrice principale du cabinet Gensler à Montréal. « Ils s’ennuient de certains aspects comme la collaboration ou la socialisation, et de tout ce qu’on apprend au détour d’un échange parfois informel entre collègues. Avec le télétravail, tout est programmé, et l’étendue des conversations est loin d’être la même. »

FRAGILE ÉQUILIBRE

Bien sûr, il y a tous les outils vidéo et collaboratifs, qui permettent beaucoup (y compris pour le réseautage virtuel), mais cela ne suffit pas. « Les employés plus jeunes, comme les millénariaux, ont besoin de mentorat, or c’est beaucoup plus difficile en mode virtuel », explique Rosanne Dubé. D’ailleurs, 36 % des Y et des Z trouvent stressant de travailler de chez eux. 50 % trouvent plus difficile d’y éviter les distractions qu’au bureau.

À l’autre bout du spectre, ajoute-t-elle, « les employés plus chevronnés, qui font du développement d’affaires ou s’occupent de relations clients, auront encore besoin de contact en personne. Bref, tout ce qui est de nature sociale est plus difficile à accomplir à distance. »

« Il y a un travail à faire sur la conception de ces espaces, explique Rosanne Dubé. Quand les employés viendront au bureau, on voudra s’assurer qu’ils collaborent, qu’ils se rencontrent, même si pas tous en même temps. » Autrement dit : alors que tout est actuellement mis en place pour éviter de s’y croiser, il faudra au contraire s’assurer que les bureaux deviennent des lieux de rassemblement.

Comment, alors, redonner aux travailleurs, même aux plus récalcitrants, le goût de repeupler les centres-villes? « Il faut convertir la peur en confiance, et les réticences en envies, explique Anne-Marie Hubert, FCPA, Leader, Est du Canada, EY Canada. « La crise que nous avons vécue, ce cataclysme, doit servir de catalyseur, notamment pour l’innovation sous toutes ses formes. »

« Si on doit passer deux jours par semaine seulement au bureau, ajoute-t-elle, il faut en faire une expérience enthousiasmante, à laquelle on a hâte, quitte à ce qu’elle soit bonifiée par exemple par une sortie ou une visite culturelle entre collègues. » 

MISER SUR L’AVENIR

L’idée, insiste Anne-Marie Hubert, n’est pas de dépenser plus, mais de dépenser mieux (programme d’aide aux employés bonifié, séances destinées à améliorer le bien-être, etc.), pour garder le meilleur des deux mondes, physique et virtuel. Pour combler l’écart, « il faut entre autres investir davantage dans le développement et la mise à niveau des compétences, et dans les technologies ».

« De très bons programmes de formation existaient déjà, poursuit Anne-Marie Hubert, mais les gens manquaient de temps pour y aller. » Là, confinement oblige, ils se sont rués sur les versions en ligne qui coûtent bien moins cher aux entreprises, notamment en l’absence de frais d’hébergement et de transport.

Du côté du monde physique, elle prévoit des économies pour les entreprises. « Moins d’employés seront présents en même temps au bureau. On pourra donc leur consacrer plus de ressources, notamment financières et humaines, pour des gains de productivité importants. »

Cela conduira-t-il à une réduction de la taille des bureaux occupés, entre autres dans les gratte-ciels? Si la plupart des entreprises n’ont pas pris de décision en ce sens, confirme Rosanne Dubé, plusieurs se questionnent sur ce qu’ils devront faire quand leur bail arrivera à échéance, une décision qui ne sera pas sans conséquence. En effet, une réduction de 20 % des surfaces occupées, par exemple, dans la First Canadian Place à Toronto, où 10 000 personnes travaillaient chaque jour, rendrait vacants 14 étages. À la Place Ville-Marie, à Montréal, ce serait 10 étages entiers.

« Mais les bureaux ne sont pas morts, loin de là! rappelle Rosanne Dubé. Ils restent clairement des espaces propices à l’innovation et à l’atteinte des objectifs. Et puis c’est dans la nature humaine de se retrouver. Il faut juste trouver de nouvelles façons d’être ensemble. »

Chose certaine, les employeurs, forcés de gérer des employés sur place comme à la maison, devront faire preuve de cohérence pour nourrir la culture d’entreprise et le sentiment d’appartenance. 

Fière qu’EY ait pris les devants il y a quelques années, Anne-Marie Hubert souligne que « les entreprises doivent viser une culture de résultats plus que de présence, et que c’est en s’occupant de leurs employés, de leurs clients, comme de la planète, qu’ils atteindront les rendements attendus par les investisseurs ». 

On doit tirer le meilleur de cette crise pour relever ensemble des défis de société, tout en améliorant la qualité de vie des gens. Bien sûr, cela a un coût, et des investissements seront nécessaires, mais les résultats seront enrichissants. »

CONCILIER AFFAIRES ET PANDÉMIE : INFORMEZ-VOUS!

Découvrez comment maintenir l’agilité de votre entreprise en cette période hors du commun. Si vous travaillez de la maison pendant le confinement-déconfinement, consultez nos suggestions pour maintenir votre productivité ou pour piloter une équipe à distance, si cela fait partie de vos fonctions. À quoi ressembleront les bureaux de demain? Lisez notre article à ce sujet. À lire aussi, 5 pratiques exemplaires pour la réouverture des bureaux. Enfin, nous vous proposons quelques conseils sur la façon de rebondir après une perte d’emploi.