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Divers gens d'affaires discutant ensemble dans la salle de réunion d'un bureau.
Comptabilité
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« Quand on est CPA, il n’est jamais trop tôt pour devenir membre d’un conseil d’administration »

Selon une étude de CPA Canada et de KPMG, les CPA gagneraient à faire partie de conseils d’administration dès qu’ils le peuvent.

Divers gens d'affaires discutant ensemble dans la salle de réunion d'un bureau. En siégeant à un conseil d’administration, vous pouvez donner de l’élan à votre carrière et acquérir des compétences en gouvernance et leadership.  (Getty Images/Goodboy Picture Company)

La présence de CPA au sein des conseils d’administration et comités d’audit du Canada constitue depuis longtemps un atout appréciable. Toutefois, comme le révèle une étude-repère de CPA Canada et de KPMG, beaucoup de CPA attendent leurs dernières années sur le marché du travail, voire la retraite pour devenir administrateurs.

Dans cet article, les coautrices principales de l’étude, Wendy Kei, FCPA, et Deborah Rosati, FCPA, se joignent à Gigi Dawe, ancienne directrice, Surveillance et gouvernance d’entreprises, à CPA Canada, pour expliquer pourquoi les CPA devraient envisager une participation à des conseils d’administration beaucoup plus tôt dans leur carrière et quels avantages les organisations et les CPA eux-mêmes pourraient en tirer.

CPA CANADA : L’étude de CPA Canada et de KPMG montre que la représentation des CPA au sein des conseils d’administration des sociétés ouvertes interrogées s’établit à 22 %, et que 88 % de ces sociétés comptent au moins un ou une CPA au conseil. Comment interprétez-vous ces chiffres?
Deborah Rosati (DR) : C’est impressionnant de constater que 88 % des sociétés cotées en Bourse étudiées comptent au moins un ou une CPA au sein de leur conseil d’administration. Cela dit, quand on pense à ce qu’ils pourraient apporter, les CPA devraient occuper plus que 22 % des sièges.

Wendy Kei (WK) : L’étude montre également que chez 30 % des répondants, la présidence du comité d’audit n’est pas assurée par un ou une CPA. Je trouve cela préoccupant puisque les comités d’audit doivent évaluer aussi bien la cybersécurité que la conformité ou la présentation de l’information financière, et plus encore.

CPA CANADA : On y apprend aussi que l’âge moyen des CPA au sein des conseils est de 63 ans. Pourquoi tant de CPA attendent-ils l’âge de la retraite pour siéger à un conseil d’administration?
WK : Certains CPA ne peuvent pas faire partie du conseil d’administration d’une société ouverte tant et aussi longtemps qu’ils occupent un poste d’associé dans un cabinet d’audit ou que leur employeur leur interdit de le faire. Par conséquent, ils ne peuvent que siéger au conseil d’une filiale, d’un organisme sans but lucratif ou d’une société d’État. Or, la plupart des associés dans les cabinets d’audit prennent leur retraite entre 60 et 62 ans. De plus, les CPA qui exercent en entreprise doivent obtenir l’autorisation de la direction et du président du conseil d’administration. Beaucoup de gens attendent donc de prendre leur retraite pour éviter tout conflit.

Gigi Dawe (GD) : Un poste au sein d’un conseil d’administration, surtout dans le cas d’un organisme sans but lucratif, peut demander beaucoup de temps – pas en permanence, mais si une crise survient, il faut pouvoir lui consacrer toute l’attention nécessaire. Parfois, on doit aussi être rendu assez loin dans sa carrière afin de posséder l’expertise nécessaire pour apporter une contribution pertinente.

CPA CANADA : Quel est l’avantage de faire partie d’un conseil, surtout tôt dans la carrière?
WK : Le fait de siéger à un conseil externe vous donne une perspective appréciable sur l’envers du décor. Au lieu d’adopter le point de vue de la direction, votre rôle consiste à passer en revue la documentation et à poser des questions aux dirigeants. Par conséquent, votre organisation tirera aussi profit des connaissances que vous aurez accumulées. J’espère que de plus en plus d’organisations permettront aux membres de leur équipe de direction de siéger à des conseils externes pour qu’ils puissent acquérir cette expérience à un plus jeune âge.

DR : L’une des sources de motivation pour les CPA est de contribuer à la vie de la collectivité. Pour cette raison, l’expérience cumulée au sein de conseils d’organismes sans but lucratif peut être très valable, et il n’est jamais trop tôt pour commencer.

En outre, une telle nomination témoigne de la crédibilité que vous avez à l’extérieur de votre organisation. C’est un coup d’accélérateur pour votre carrière qui peut vous aider à perfectionner vos compétences en leadership et en gouvernance. [Pour des conseils sur la préparation au rôle d’administrateur, consultez Plus d’une voie mène au CA, disent les experts.]

CPA CANADA : On fait souvent appel aux CPA pour siéger au sein de conseils d’administration en raison de leur expertise financière. Mais reconnaît-on davantage aujourd’hui l’éventail de compétences qu’ils peuvent apporter?
GD : Les gens tendent encore à limiter les CPA aux aspects financiers. Nous devons nous assurer de bien faire valoir le rôle de premier plan que jouent les CPA en matière de stratégie, d’analyse des données et d’information auprès d’autres membres du conseil.

WK : Quand j’ai commencé à siéger au sein de conseils, on me confinait au secteur minier parce que j’avais acquis mon expérience dans ce champ d’activité, mais j’insistais auprès des recruteurs : mes compétences étaient transférables. J’ai ensuite eu le plaisir de présider le comité de rémunération et de gouvernance.

DR : Parfois, il faut du temps pour faire sa place dans un nouveau rôle. Vous devez aider les autres à comprendre où vous voulez aller – pas d’où vous venez.

CPA CANADA : D’après l’étude, un peu plus du quart (26 %) des CPA qui siègent à un conseil d’administration sont des femmes, comparativement à 22 % pour le reste des sociétés prises en compte. Qu’en pensez-vous?
WK : J’étais ravie de voir que les femmes représentent un peu plus du quart des CPA au sein des conseils. Ce chiffre ne me surprend pas, car il y a beaucoup de femmes CPA hautement qualifiées pour qui cherche à promouvoir la diversité au sein d’un conseil d’administration.

DR : Oui, comme je possède une expertise financière, on me sollicite beaucoup. On me dit : « Nous avons besoin d’une femme dans notre conseil. Nous voulons quelqu’un pour présider notre comité d’audit. » C’est le point de départ. Une fois que je siège au conseil, les choses évoluent parfois, mais c’est toujours ainsi que ça commence, et je ne m’en formalise pas. [Pour savoir comment vous préparer au rôle d’administrateur, veuillez consulter Plus d’une voie mène au CA, disent les experts.]

CPA CANADA : Quelle est la position des conseils à l’égard des autres formes de diversité?
DR : C’est seulement récemment que la Loi canadienne sur les sociétés par actions a ajouté l’obligation pour les entreprises de fournir des renseignements sur leurs politiques en matière de diversité (au-delà du genre). Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour sensibiliser les membres des conseils d’administration à l’importance de prendre en compte d’autres facteurs au moment de composer un conseil.

Avec le temps, les conseils d’administration devraient néanmoins parvenir à adapter leurs exigences de manière à tenir compte de divers facteurs, comme l’âge de la personne et la région où elle vit.

GD : La diversité des compétences est aussi extrêmement importante. Par exemple, si on cherche un administrateur qui comprend la gestion des risques, ce sera mieux encore si la personne a aussi de l’expérience en stratégie et dans d’autres domaines, comme les ressources humaines.

En outre, les complexités liées à la composition des conseils ainsi que les connaissances que doivent posséder les membres dépassent largement ce qui était nécessaire il y a à peine dix ans, notamment à cause de l’évolution rapide du monde des affaires. Voilà pourquoi on doit non seulement tabler sur la formation continue, mais aussi faire appel à des CPA plus jeunes, susceptibles de mieux s’y connaître en matière de données et dans les autres aspects mis en lumière dans la nouvelle grille de compétences.

Bien sûr, on aura aussi besoin de CPA chevronnés. Tout est une question d’équilibre.

WK : Je suis d’accord. Quel que soit votre âge, vous avez des compétences et des perspectives utiles pour les conseils d’administration et les comités d’audit. Et ce sera avantageux pour votre carrière. Tout le monde y gagne : l’organisation pour laquelle vous travaillez, celle pour laquelle vous siégez au conseil et vous-même.

POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE RÔLE D’ADMINISTRATEUR

Renseignez-vous sur les avantages de devenir administrateur présentés dans l’étude de CPA Canada intitulée Conseil d’administration : la place des CPA. Voyez aussi pourquoi il est temps d’ouvrir les conseils d’administration à la diversité, comment se préparer au rôle d’administrateur  et comment les femmes peuvent trouver leur voix comme dirigeantes.

Aussi, ne manquez pas de vous informer sur le programme de certificat sur les comités d’audit de CPA Canada, nos ressources sur la gouvernance d’OSBL et le Colloque pour les comités d’audit, tenu chaque année.