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COVID-19 : situation des PME trois mois après

La baisse des rentrées force les entrepreneurs à s’endetter pour rester à flot. Certains réclament un relèvement de l’aide gouvernementale.

Serveur, emballer, café, ou, restaurant, chaisesMême avec l’assouplissement des restrictions, les entreprises canadiennes auront besoin de temps pour s’en remettre, surtout dans l’hébergement et la restauration. (Getty Images/The Photo Commune)

Beaucoup de PME ont vu leurs rentrées chuter depuis que les provinces ont ordonné la fermeture des entreprises non essentielles il y a trois mois, dans l’espoir de juguler la pandémie.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) suit de près la situation des PME. D’après son dernier sondage, mené auprès de plus de 4 000 entreprises, 40 % des répondants ont vu leur chiffre d’affaires baisser d’au moins 70 %, et 70 % ont constaté une chute d’au moins 30 %. 

« Beaucoup de consommateurs aiment encourager les PME qui offrent des produits et des services uniques, soutient Ted Mallett, vice-président et économiste en chef de la FCEI. Cela dit, ces jours-ci, elles peinent à survivre. » 

Les PME connaîtront un regain d’activité, selon lui, mais certaines ne s’en sortiront peut-être pas.

DES SECTEURS DUREMENT TOUCHÉS

Même si les provinces assouplissent leurs restrictions et autorisent différents établissements à rouvrir complètement ou partiellement, les entreprises auront besoin de temps pour s’en remettre, surtout celles dans les secteurs les plus touchés, comme l’hébergement, la restauration et le spectacle.

« Les restaurants ont d’abord tous fermé, puis leur capacité est passée à 50 %. Leur marge bénéficiaire est de 3 % à 5 % même dans les conditions les plus favorables », explique Blaine Bertsch, cofondateur et chef de la direction de Dryrun, auteur de Pandemic Cash Flow, ouvrage qui explore les problèmes auxquels se butent les entreprises, comme la gestion de la trésorerie. « Certains restaurants réussissent à atteindre le seuil de rentabilité en proposant des plats à emporter. Mais beaucoup ont déjà fermé. D’autres tiennent bon, mais pour combien de temps encore? »

Les résultats du sondage de la FCEI révèlent la précarité de la situation des PME. Environ 34 % des répondants indiquent qu’ils accusent du retard dans leurs paiements (loyer, cartes de crédit, principaux fournisseurs). Le chiffre bondit à 47 % dans le secteur de l’hébergement. Et, interrogés sur leur principale préoccupation, plus du quart des entrepreneurs mentionnent la crainte de devoir fermer définitivement.

« Les entreprises ont peut-être emprunté afin de pouvoir poursuivre une partie de leurs activités, mais, pour assurer leur survie au cours des prochaines années, elles ont accumulé une dette », précise M. Mallett.

Il ajoute que les nouvelles restrictions et les coûts engendrés par les réalités de l’après-confinement changent la donne pour différents types d’entreprises. 

« Sont-elles viables à long terme? La situation reviendra-t-elle un jour comme avant, notamment dans le secteur du spectacle? »

CHOISIR SA VOIE

Alors que le confinement a fragilisé beaucoup d’entreprises partout au pays, certaines ont profité des changements dans les habitudes des consommateurs. C’est entre autres le cas des fournisseurs qui proposent des appareils de mise en forme pour la maison, comme Peloton, et des détaillants d’articles pour la maison en ligne, comme Wayfair.

« Les boutiques d’artisanat et les magasins de vélos se portent bien, souligne M. Bertsch. Les centres de rénovation, en particulier les grandes chaînes, connaissent une bonne affluence, car on profite du confinement pour rénover. »

Il s’agit toutefois d’une minorité d’entreprises, constate-t-il. Les autres devront planifier minutieusement leur sortie de crise.

M. Bertsch est également l’animateur d’un webinaire de CPA Canada sur la gestion (notamment de la trésorerie) pendant et après la pandémie, présenté en anglais sous le titre Tips to Maximize Your Business During and After COVID-19. Selon lui, les entreprises doivent savoir ce qu’il leur en coûte de rester en affaires en ce moment et évaluer leur taux de croissance.   

« Comme propriétaire, vous aurez ainsi une idée de votre marge de manœuvre, pour savoir à quel moment vous épuiserez votre capital, en restant vigilant, dit-il. Nous recommandons aux entreprises de modéliser leurs modes d’exploitation selon différents scénarios pour augmenter leur marge de manœuvre. Donnez-vous du temps pour vous adapter et faire des changements dans votre entreprise. »

M. Bertsch estime que les CPA ont un rôle important à jouer, puisqu’ils peuvent aider leurs clients à établir des prévisions pour les trois ou six prochains mois et savoir ce que leur réserve 2021.

« C’est ce qui fera la différence entre une stratégie gagnante et une voie sans issue. Établir des plans et prendre de bonnes décisions, voilà ce que doivent faire les clients avec l’aide de leur CPA. »

Aux quatre coins du pays, des CPA répondent au téléphone dans le cadre du Service de résilience des entreprises (SRE). Ce soutien bilingue, prolongé jusqu’au 6 juillet, aide les petites entreprises, les OSBL et les organismes de bienfaisance dans leur planification financière à la suite de la crise de la COVID-19.

AMÉLIORATIONS RÉCLAMÉES

Depuis le début de la pandémie, le gouvernement fédéral a pris plusieurs mesures pour soutenir les entreprises, que l’on pense à la Subvention salariale d’urgence du Canada (SSUC), au Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), à l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC) et à la Subvention salariale temporaire ou aux reports de versements fiscaux. 

L’Ontario a récemment emboîté le pas au Québec, à la Colombie-Britannique, à l’Alberta et à la Saskatchewan en annonçant l’interdiction d’expulser les PME admissibles à l’aide d’urgence au loyer. La FCEI a salué cette décision et s’est dite soulagée de savoir que les PME ne découvriront plus de cadenas sur leurs portes parce que leur propriétaire ne veut pas ou ne peut pas se prévaloir de l’Aide d’urgence du Canada pour le loyer commercial (AUCLC).

Les modifications récentes apportées au CUEC aideront les petites entreprises à tirer parti du prêt, mais, selon le sondage de la FCEI, les entrepreneurs réclament d’autres bonifications de l’aide gouvernementale. M. Mallett mentionne le critère d’admissibilité à la SSUC, à savoir une baisse du chiffre d’affaires d’au moins 15 % en mars et d’au moins 30 % en avril et en mai.

« Nous recommandons un barème progressif, explique-t-il. Beaucoup d’entreprises ont mis à pied leurs travailleurs avant l’adoption des mesures d’aide. Il faut maintenant faire en sorte que les gens retournent au travail le plus vite possible. »

« Une entreprise dont les rentrées baissent de 32 % un mois donné et de 29 % le mois suivant n’aurait plus droit à la subvention. Les entreprises hésitent donc à réembaucher leurs employés, faute de savoir si elles seront admissibles. Avec un barème progressif, elles auraient l’assurance de recevoir une aide, dont le montant varierait en fonction de la baisse du chiffre d’affaires. »

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