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Canada, territoire du Nunavut, Repulse Bay, l'ours polaire se dresse sur la fonte des glaces de mer au coucher du soleil près des îles Harbour
Comptabilité
Durabilité

La COP28 a de quoi intéresser les CPA

CPA Canada assistera à la COP28. Voici un aperçu des sujets qui devraient intéresser les CPA à la conférence de cette année.

Canada, territoire du Nunavut, Repulse Bay, l'ours polaire se dresse sur la fonte des glaces de mer au coucher du soleil près des îles HarbourSelon un rapport récemment rendu public par ONU Climat, les plans nationaux d’action climatique ne suffisent pas à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C. (Getty Images/ Paul Souders)

Du 30 novembre au 12 décembre, la 28e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP28) aura lieu aux Émirats arabes unis. Alors que la COP27 portait sur la planification, le programme de cette année privilégie le financement de la lutte contre les changements climatiques, la technologie et l’innovation, les collectivités de première ligne et l’inclusion. Et pour la première fois, CPA Canada sera présente à la conférence.

« Pamela Steer, présidente et chef de la direction de CPA Canada, assistera à la COP28 pour évaluer – avec les parties prenantes, les décideurs et d’autres membres de la profession comptable à l’échelle mondiale – l’avancement et les difficultés éprouvées à ce jour dans l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris, précise James Richardson, directeur de projets, Relations avec les gouvernements à CPA Canada. L’objectif étant maintenant de mesurer l’avancement des efforts et de responsabiliser les pays et les industries, l’apport de la profession comptable jouera un rôle crucial. »

Comme il le souligne, l’importance des normes et le rôle de la certification seront de plus en plus présents dans les négociations de la COP. Il est donc essentiel que les organismes comptables mondiaux, dont CPA Canada, fassent valoir l’expertise de la profession.

Voici un aperçu de ce à quoi les CPA peuvent s’attendre à la COP28 et des questions à surveiller.

LES OBJECTIFS D’ACTION CLIMATIQUE ACCUSENT (ENCORE) UN RETARD

L’un des principaux sujets de discussion à la COP28 sera le premier bilan mondial, qui fait le point sur la mise en œuvre des objectifs de l’Accord de Paris. Il s’agit d’évaluer les progrès, de cerner les lacunes et les points à améliorer, et de fixer de nouveaux objectifs pour l’avenir.

« Le Bilan mondial rendu public cette année par ONU Climat indique clairement où les progrès sont trop lents, a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif d’ONU Climat, dans un communiqué. Mais il présente également le large éventail d’outils et de solutions proposés par les pays. Des milliards de personnes attendent de leurs gouvernements qu’ils s’emparent de cette boîte à outils et qu’ils la mettent en œuvre. »

En effet, le bilan révèle que les plans nationaux d’action climatique ne suffisent pas à limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C. Selon des études récentes, pour avoir 50 % des chances de limiter le réchauffement à 1,5 °C, le monde devrait atteindre la carboneutralité d’ici 2034, soit beaucoup plus tôt que l’objectif mondial de 2050.

« Nos efforts sont insuffisants, affirme David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada. La température mondiale est en voie d’augmenter de 2,6 °C d’ici 2100, ce qui déroge aux objectifs de l’Accord de Paris. D’où l’importance de passer à l’action. »

ACCÉLÉRER LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ET RÉDUIRE RADICALEMENT LES ÉMISSIONS AVANT 2030

Les études scientifiques l’attestent : le monde doit rapidement se tourner vers des sources d’énergie plus propres pour que la planète reste viable. Il faut donc consommer moins de charbon, de pétrole et de gaz et tripler l’exploitation de sources d’énergie renouvelable (éolienne, solaire, hydraulique et géothermique) d’ici 2030. Mais la transition doit se faire d’une manière organisée, juste et équitable, qui tient compte de la sécurité énergétique, et permettre à chaque collectivité d’accéder aux fonds et à la technologie nécessaires.

« Nous voulons éliminer graduellement les industries pétrolière, gazière et à fortes émissions, ou du moins les modifier, mais les collectivités les plus touchées ne sont pas à Toronto ni à Ottawa, souligne l’économiste en chef. Si vous habitez à plus de 100 kilomètres d’un centre urbain et que les établissements postsecondaires sont rares, il est beaucoup plus difficile de changer d’emploi. Nous voulons que les gens puissent faire la transition vers un autre emploi. »

Une récente analyse de CPA Canada porte sur les particularités des collectivités canadiennes qui dépendent grandement des industries à fortes émissions. On y aborde également les répercussions, sur les politiques publiques, d’une transition équitable et harmonieuse.

TRANSFORMER LE FINANCEMENT DE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET PARFAIRE LES NORMES MONDIALES

Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris, les pays devront consacrer à l’action climatique environ 2 400 G$ par année d’ici 2030. Une grande difficulté consiste à rendre le financement de la lutte contre les changements climatiques « abordable, disponible et accessible » aux pays en développement, non seulement par l’augmentation des fonds, mais aussi par une affectation stratégique et équitable. On aura besoin de données transparentes et crédibles pour bien réaffecter les capitaux et attirer de nouveaux investissements.

« Si nous voulons investir dans la transition, l’argent doit venir de joueurs importants : des investisseurs institutionnels, comme des caisses de retraite, des compagnies d’assurance et de fonds communs de placement, explique David-Alexandre Brassard. Ce sont eux que nous voulons mobiliser, mais ils ont besoin de rendements et de normes claires afin de cibler leurs investissements. »

Le Conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (International Sustainability Standards Board – ISSB), créé en 2021 à la COP26, a publié récemment ses premières normes – IFRS S1 et S2 – qui forment un référentiel mondial d’information sur la durabilité et le climat à l’intention des marchés financiers.

De nombreux pays, dont le Canada, évaluent les normes et les avancées internationales afin de tracer la voie à suivre.

« À l’heure actuelle, des allégations incohérentes et douteuses sont formulées en matière de climat. Les normes d’information et la certification par des tiers jouent un rôle essentiel afin d’uniformiser les règles du jeu et d’inspirer confiance dans l’information diffusée », soutient Rosemary McGuire, vice-présidente, Recherche, orientation et soutien à CPA Canada.

On mise désormais sur l’information et la formation pour accélérer l’adoption des normes. « En tant que membre actif du partenariat pour le renforcement des capacités de l’IFRS Foundation, CPA Canada entend fournir des ressources visant à soutenir la mise en œuvre de normes IFRS d’information sur la durabilité de grande qualité au pays et à l’étranger. »

À la COP27, on a reconnu l’importance des marchés volontaires du carbone pour le financement de la lutte contre les changements climatiques, mais ces marchés font l’objet d’une surveillance accrue. Selon Rosemary McGuire, les participants à la COP28 se pencheront sur les façons d’élargir ces marchés et de restaurer la confiance et la crédibilité.

« Les marchés volontaires du carbone manquent de transparence et il n’existe pas de normes généralement reconnues relatives aux crédits carbone, explique-t-elle. Ces marchés ont toutefois assurément le potentiel de financer des programmes de réduction des émissions. Il faut réexaminer l’infrastructure qui sous-tend les marchés du carbone et adopter des changements qui rehausseront l’intégrité du marché. »

PRIVILÉGIER LA BIODIVERSITÉ ET LES SOLUTIONS FONDÉES SUR LA NATURE

Les engagements pris l’an dernier à la Conférence de Montréal sur la biodiversité (COP15) en vue de préserver 30 % des habitats naturels d’ici 2030 ont attiré davantage l’attention mondiale sur la perte de biodiversité. La COP28 met l’accent sur la protection de la biodiversité, la promotion de solutions fondées sur la nature et le soutien aux efforts de conservation et d’adaptation de première ligne.

« Des solutions fondées sur la nature, comme l’utilisation d’écosystèmes naturels pour éliminer le carbone de l’atmosphère, jouent un rôle essentiel en vue d’atteindre les objectifs de carboneutralité, et nous sommes heureux que ce sujet soit à l’honneur dans le programme de la COP, affirme Rosemary McGuire. La nature et les changements climatiques sont interdépendants; on ne saurait les envisager en vase clos. »

Toutefois, David-Alexandre Brassard souligne qu’à l’heure actuelle, le capital naturel est « difficile à évaluer » et que les outils ne sont « pas encore à la hauteur », ce qui crée des difficultés.

« Les milieux humides, par exemple, sont très importants pour la biodiversité, rappelle-t-il. Mais d’un point de vue financier, la valeur des services qu’on en tire directement est relativement faible en termes de dollars. Nos outils ne permettent pas encore d’estimer cette valeur. »

Les CPA joueront un rôle important en aidant les organisations à tenir compte de la nature. Une récente publication de CPA Canada explique les principales questions conceptuelles, de même que les méthodes, techniques et ressources d’évaluation du capital naturel. Selon Rosemary McGuire, le sujet est d’actualité, car les investisseurs exigent plus de transparence en ce qui concerne les dépendances, les répercussions, les risques et les possibilités que représente la nature pour les organisations.

« Le Groupe de travail sur l’information financière relative à la nature (Task Force on Nature-related Financial Disclosures – TNFD) a lancé récemment ses normes d’information relative à la nature, signale-t-elle. CPA Canada est fière de collaborer avec ce groupe de consultation pour promouvoir au Canada la sensibilisation et les moyens d’action dans ce domaine. »

COMPTABILITÉ ET CHANGEMENTS CLIMATIQUES

CPA Canada a été parmi les premières organisations à intégrer la durabilité aux saines pratiques de gestion. Découvrez ces ressources sur la gestion des émissions ou renseignez-vous sur le programme de certificat en information sur la durabilité et les questions ESG. Regardez la vidéo du Symposium de 2023 sur les facteurs ESG, accessible sur demande, afin d’accumuler des heures de PPC.

Lisez aussi le rapport sur l’engagement du Canada à atteindre la carboneutralité d’ici 2050, et voyez le rôle déterminant que joueront les CPA dans la transition.