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Un brigadier scolaire aide deux élèves à traverser une rue
Articles de fond
Magazine Pivot

Les répercussions de la pandémie sur les étudiants pourraient se faire sentir encore longtemps

David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada, présente ses réflexions sur les leçons à tirer des deux dernières années, qui devraient nous aider à composer avec les conséquences de la COVID.

Un brigadier scolaire aide deux élèves à traverser une rue30 % de l’enseignement scolaire a été effectué en ligne entre mars 2020 et mars 2022. (Getty Images)

Tout laisse penser que l’économie s’est en bonne partie remise de la pandémie : le volume d’activités économiques est comparable au niveau prépandémique, et le marché de l’emploi se porte très bien. Alors que le pays sort du mode crise, notre attention devra se tourner vers d’autres problèmes urgents si l’on veut que notre économie demeure prospère.

Les deux dernières années ont bouleversé le secteur de l’éducation, qui a été marqué par un recours massif à l’apprentissage en ligne (30 % du calendrier scolaire entre mars 2020 et mars 2022), par des périodes prolongées de fermeture des écoles ainsi que par une interruption des activités parascolaires.

Bilan? De fréquents retards d’apprentissage et un désengagement. Même si l’amplitude des déficits d’apprentissage pourrait varier, on peut s’attendre au Canada à un constat similaire à celui établi par nos voisins du sud. Les lacunes en lecture et en mathématiques des cohortes « COVID-19 » s’y étendent de la 3e année du primaire à l’équivalent de la 2e année du secondaire. Les plus grands écarts par rapport aux cohortes précédentes se retrouvent systématiquement dans les milieux défavorisés, tout comme l’absence de services en présentiel a nui davantage aux jeunes déjà en difficulté d’apprentissage.

Les étudiants en âge de travailler doivent aussi soigneusement évaluer les avantages associés à l’abandon des études dans un marché de l’emploi où, en raison d’une rareté de main-d’œuvre, les postes offerts sont nombreux, et les salaires, en croissance. Privilégier le travail au détriment de l’éducation pourrait rendre ces personnes vulnérables puisqu’à long terme les atouts associés à l’obtention d’un diplôme sont multiples : taux d’emploi accru, meilleure rémunération...

Le retour à la normale doit passer par un effort renouvelé pour rattraper les retards d’apprentissage et soutenir tant la persévérance que la réussite éducative de nos jeunes. Une attention particulière devra également être portée à leur santé mentale, plutôt mise à mal pendant la pandémie.

Au niveau de la santé, le système a été mis à rude épreuve, et la COVID a aggravé des problèmes déjà existants – on peut penser aux capacités hospitalières limitées, qui ont parfois induit certaines restrictions sanitaires. Or, je ne vous apprendrai rien sur le contexte de vieillissement démographique et sur la pression systématique que subiront les infrastructures de santé. Pour éviter que nos hôpitaux ne débordent année après année, nous aurions intérêt à améliorer l’accès aux services décentralisés de première ligne, en bonifiant l’accès aux services à domicile, par exemple. Espérons également que les solutions numériques mises de l’avant pendant la pandémie, comme la télémédecine, feront partie des technologies adoptées.

Au premier coup d’œil sur notre économie, on constate que plusieurs secteurs d’activité sont encore loin d’avoir renoué avec leur chiffre d’affaires prépandémique. Mis à l’arrêt à plusieurs reprises car jugés moins sécuritaires, deux domaines ont été particulièrement affectés : la culture et le divertissement; la restauration et l’hébergement. À mesure que les risques diminueront, ce sera à nous, consommateurs, de les soutenir, tout comme nous soutenons la consommation de biens locaux. Développer notre patriotisme économique bénéficierait à toutes les entreprises du pays, surtout les PME.

Il faudra faire preuve de courage, notamment politique, pour relever tous ces défis, sans négliger d’investir dans l’innovation, la productivité et la transition énergétique. Cela nécessite une vision et une planification détaillée, en plus de budgets adéquats. Bref, les enjeux prioritaires auxquels il faut s’attaquer – ici et ailleurs – ne manquent pas. 

REGARD ÉCONOMIQUE

Voyez ce que David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada, a à dire au sujet des obligations vertes, de la surchauffe immobilière et des perspectives économiques du pays pour l’année.