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Deux travailleurs se tiennent devant une éolienne.
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Tendances

Les obligations vertes appelées à connaître une croissance durable

Le tout nouveau programme d’obligations vertes du Canada ouvre la voie aux investissements durables. Voici ce que vous devez savoir.

Deux travailleurs se tiennent devant une éolienne.Source de financement pour des projets écologiques, les obligations vertes sont prisées des investisseurs qui souhaitent diversifier leur portefeuille. (Getty Images/Andriy Onufriyenko)

Les obligations vertes sont prisées lorsqu’il est question de placements durables. En effet, un nombre croissant d’investisseurs alignent leurs activités financières sur des priorités qui soutiennent les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).

En mars, le Canada a lancé son premier programme d’obligations vertes et a émis, en réponse à la demande des investisseurs, des obligations à 7,5 ans d’une valeur de 5 G$.

« Le gouvernement fédéral a un premier pas de fait, dit David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada. Couplé à la cote de crédit élevée du Canada, ce programme donne d’autres occasions d’investissement dans le marché financier durable du pays, en plus de le porter à maturité. »

Le fonctionnement des obligations vertes vous échappe? En voici le b.a.-ba.

EN QUOI CONSISTENT LES OBLIGATIONS VERTES?

Les obligations vertes sont des titres de créance à revenu fixe pouvant être émis par des gouvernements, des organismes, des entreprises, etc., pour financer des projets qui offrent des avantages pour l’environnement, comme ceux axés sur les énergies renouvelables, la gestion des déchets, l’aménagement durable du territoire, les technologies propres, les moyens de transport verts et les mesures d’adaptation aux changements climatiques.

Les investisseurs sont habituellement des institutions ou des organisations d’envergure, comme des caisses de retraite, qui achètent ces obligations en grandes quantités. De leur côté, les petits épargnants ou petits investisseurs se procurent généralement des obligations vertes par l’achat de produits qui en contiennent, comme les fonds négociés en bourse et les fonds communs de placement.

L’émission et le suivi d’obligations vertes respectent des cadres conformes aux principes applicables aux obligations vertes de l’International Capital Market Association. Même s’ils ne sont pas obligatoires, ces principes favorisent la transparence, l’intégrité et la clarté dans les projets de finance durable et dans la manière dont seront atteints les objectifs écologiques.

La demande en obligations vertes a grimpé en flèche depuis que la Banque mondiale en a émis pour la première fois sur le marché, en 2007. Selon la Climate Bonds Initiative, le marché mondial des instruments d’emprunt durables a atteint 1 000 G$ US en 2021, et les obligations vertes, en tête de liste, ont bondi de 75 %.

« Même si l’Europe domine encore largement le marché des obligations vertes, celles-ci se répandent dans le monde, souligne David-Alexandre Brassard. La demande est en train de surpasser l’offre, ce qui veut dire que les obligations vertes semblent un moyen viable d’assurer une croissance durable et d’injecter plus de fonds dans la transition “verte”. »

LES OBLIGATIONS VERTES SONT-ELLES AVANTAGEUSES?

Au-delà de favoriser le bien commun, les produits financiers durables tels que les obligations vertes ont plusieurs avantages.

Ces obligations, des actifs à revenu fixe, sont plus réfractaires au risque que les actions, et elles réagissent moins aux événements macroéconomiques comme les crises économiques et les tensions géopolitiques.

En tant qu’instruments d’emprunt durables, les obligations vertes sont émises à un prix plus élevé, et offrent par conséquent un rendement inférieur à celui des titres d’emprunt en circulation. C’est ce qu’on appelle la « prime verte », c’est-à-dire que les émetteurs ont moins à payer pour financer une obligation verte qu’une obligation standard. Le rendement élevé des obligations vertes sur le marché semble justifier la « prime verte » imposée aux investisseurs.

Enfin, la demande croissante et la disponibilité sur le marché attirent un groupe plus vaste et plus diversifié d’investisseurs, ce qui augmente le capital alloué aux projets écologiques et facilite l’harmonisation des objectifs financiers des investisseurs avec leurs intérêts ESG.

« Certains investisseurs accordent une grande importance aux conséquences de leurs placements, explique Jeffrey Love, avocat-fiscaliste pour KPMG cabinet juridique au Canada. En raison de la demande, des gestionnaires d’actifs tentent de mettre au point des produits qui séduisent les investisseurs. Pour les investisseurs qui orientent leurs placements vers des objectifs écologiques, il s’agit d’un point très important. »

QUE FAIT-ON POUR CONTRER L’ÉCOBLANCHIMENT?

La question de l’écoblanchiment dans le contexte des obligations vertes est une préoccupation importante. Les organisations qui les émettent doivent faire preuve de transparence et préciser en quoi leurs projets sont « verts ».

« Un des principaux défis en ce moment est de savoir dans quoi l’on investit et quelles garanties appuient ces investissements, poursuit Jeffrey Love. Plusieurs intervenants se sont faits critiques au sujet d’écoblanchiment présumé s’il n’y a pas assez de vérifications pour garantir l’écoresponsabilité des titres. »

Cependant, au fur et à mesure qu’évolue le marché, les attentes des investisseurs, des émetteurs et d’autres intervenants changent; la demande de transparence, de responsabilité et d’information ne cesse d’augmenter, ajoute David-Alexandre Brassard. Les investisseurs veulent des définitions et des informations plus précises sur les catégories de projets écologiques admissibles.

« Les obligations vertes sont le plus important instrument d’emprunt durable, ce qui commande un certain degré d’attention à l’émission de nouvelles obligations, surtout considérant la participation élevée des investisseurs institutionnels, qui stimulent la demande. Cet examen ajoute à la crédibilité du côté vert de ces obligations. »

De nombreux efforts sont actuellement déployés pour lutter contre l’écoblanchiment, notamment pour standardiser à l’échelle mondiale l’émission et l’évaluation des placements durables (y compris les obligations vertes) ainsi que la publication d’information à leur sujet.

« Il y a divers projets, mais ils sont à ce jour décousus, confie Jeffrey Love. Cela dit, le gouvernement du Canada a déployé beaucoup d’efforts pour répondre à ces préoccupations : il a défini des critères d’admissibilité ainsi que des étapes de vérification et de déclaration qui accompagnent l’émission d’obligations afin de rassurer les investisseurs quant au caractère écologique de ces obligations. »

« L’atténuation des risques d’écoblanchiment, conclut David-Alexandre Brassard, repose sur la publication d’informations fiables et comparables, et sur le maintien au minimum des coûts administratifs connexes pour rendre ce moyen de financement aussi efficace que possible. »

POUR EN SAVOIR PLUS

Approfondissez vos connaissances sur le marché des instruments d’emprunt durables grâce au rapport de CPA Canada et de l’International Federation of Accountants, qui fait l’analyse des tendances, des embûches et des occasions qui se profilent dans ce marché en évolution.

Si vous êtes CPA et souhaitez mener des initiatives ESG, consultez ces ressources pratiques et découvrez comment les organisations peuvent favoriser la durabilité. Enfin, renseignez-vous sur la transition du Canada vers la carboneutralité, les deux projets de normes de l’ISSB et l’installation de ce conseil à Montréal.