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Un caissier scanne l’iris d’un réfugié pour acheter de la nourriture dans un camp de réfugiés en Syrie.
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Chaîne de blocs : 4 puissants atouts au service de la collectivité

Les retombées sociales de la technologie du grand livre numérique vont de la livraison de nourriture à l’administration de vaccins en passant par la lutte contre la COVID19.

Un caissier scanne l’iris d’un réfugié pour acheter de la nourriture dans un camp de réfugiés en Syrie.Le Programme alimentaire mondial, en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, utilise la technologie des registres distribués ainsi que des lecteurs biométriques de l’iris pour faciliter l’acquisition de nourriture par les réfugiés. (World Food Programme/Shaza Moghraby)

Il y a fort à parier que pour vous, le terme « chaîne de blocs » n’évoque pas d’emblée des notions comme détection précoce de virus, administration de vaccins, identification de réfugiés, exploitation minière durable et livraison en urgence de nourriture.

Toutes ces activités exploitent pourtant des chaînes de blocs – qui servent même à lutter contre la pandémie de COVID-19. Une nouvelle réalité s’impose : les « chaînes de blocs à visée sociale ». Il y a même un congrès annuel sur ce thème. Des entreprises aux administrations, des grandes organisations internationales aux associations caritatives locales, les chaînes de blocs nous ouvrent de nouveaux horizons, transformant des secteurs entiers de l’économie : finance, santé, entraide, agriculture.

Voici quatre façons dont les chaînes de blocs nous révèlent leur puissance.

1. UNE GESTION EFFICACE DES DONNÉES

En matière de données, la technologie du grand livre numérique transparent offerte par la chaîne de blocs l’emporte sur plusieurs fronts, dont celui de la sécurité, de l’analyse, de la traçabilité et du partage.

Avec une chaîne de blocs, l’information entrée est enregistrée sous forme de transactions individuelles conservées dans un ou plusieurs nœuds du réseau de la chaîne. Chaque nœud contient une copie de la chaîne complète, ce qui rend difficile la compromission des données tout en offrant une barrière supplémentaire contre les violations. Et les transactions effectuées au moyen de la chaîne peuvent être retrouvées et surveillées, ce qui facilite le repérage des modifications non autorisées.

Toute nouvelle information est analysée et vérifiée en temps réel, ou presque, et enregistrée comme nouvelle transaction. Cette caractéristique améliore la qualité des données tout en permettant le travail simultané sur les mêmes ensembles de données.

Concernant la traçabilité, la technologie de la chaîne de blocs identifie chaque transaction par un jeton et crée ainsi une chaîne d’événements. L’accès à ces transactions peut être restreint dans une chaîne de blocs privée, tandis qu’il est ouvert à tous dans une chaîne publique.

La chaîne de blocs innove également par sa résistance à la falsification, grâce au fait qu’elle est décentralisée (il n’existe pas de point d’attaque unique). Les administrations, les organisations et les organismes peuvent partager des données de façon plus ouverte, puisque tous les nœuds ou agents participants ont accès à la chaîne complète. La vérification des transactions peut être faite par tous les membres, au lieu d’être réservée à une seule partie.

Enfin, « les individus peuvent donner à l’organisation le pouvoir de lire ou de modifier certains champs, et peuvent partager certaines informations avec d’autres organismes. L’utilisateur peut autoriser l’organisation à consigner des données tout en conservant le plein contrôle », explique l’Association for Intelligent Information Management (AIIM) dans un billet récent.

EXEMPLES TIRÉS DE LA VIE RÉELLE

La COVID-19 a suscité de nouvelles utilisations de la chaîne de blocs destinées à lutter contre la pandémie.

MiPasa est une plateforme de chaîne de blocs ouverte créée dans le but de réunir, d’analyser et de valider des données sur la COVID-19 provenant de diverses sources pour y déceler et y corriger les incohérences, les erreurs et les inexactitudes. Elle est le fruit d’une collaboration entre IBM, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Center for Disease Control (CDC) des États-Unis et un groupe de professionnels de la santé, de programmeurs et de spécialistes de la confidentialité des quatre coins du monde. 

Le projet vise à fournir des données fiables et de qualité pour que les acteurs concernés puissent les analyser et mettre en place des mesures. Il recourt à trois types de validation : le rapprochement de sources de données disparates, comme les chiffres de l’OMS et des CDC; la vérification de la concordance des nouvelles données avec les données originales; et la vérification des incohérences et des inexactitudes signalées par le public.

2. UNE AIDE EXTÉRIEURE OUVERTE

Grâce aux chaînes de blocs, on peut visualiser en temps réel les transactions – qu’il s’agisse d’argent, de dossiers ou de produits –, et ce, du point de départ jusqu’à la destination. La piste du flux d’argent est totalement transparente et surveillée en temps réel.

Les chaînes de blocs, disent les experts, pourraient améliorer considérablement l’efficacité des efforts de secteurs comme la philanthropie et l’aide humanitaire. Tant mieux, car selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 30 % des quelque 150 G$ US dépensés chaque année au titre de l’aide mondiale sont perdus à cause de la corruption. Tout cela représente beaucoup d’argent en transit. 

« Si les fonds d’aide étaient acheminés par une chaîne de blocs, 50 G$ US seraient désormais comptabilisés et disponibles », explique Doug Galen, chef de la direction et cofondateur de la fondation Rippleworks, et auteur du rapport de la Stanford Graduate School of Business intitulé Blockchain for Social Impact 2019.

De tout temps, la capacité à suivre les fonds envoyés par les entreprises, les organismes et les États a été limitée, en particulier lorsqu’on travaille dans des régions complexes, ajoute Ric Shreves, directeur des technologies émergentes à Mercy Corps et auteur du rapport A Revolution in Trust: Distributed Ledger Technology in Relief and Development.

« Les flux monétaires peuvent être assez complexes. Il y aura toujours des endroits où les choses se feront de manière rudimentaire parce que c’est la seule façon d’avoir une transaction fiable… mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a aucune situation où la technologie des chaînes de blocs est applicable. »

EXEMPLES TIRÉS DE LA VIE RÉELLE

S’agissant de la gestion de l’offre, les constructeurs automobiles Volkswagen et Ford ainsi que le géant de la technologie IBM – en partenariat avec le producteur de batteries LG Chem, le géant minier Huayou Cobalt et le spécialiste de l’approvisionnement RCS Global Group – utilisent une chaîne de blocs pour s’approvisionner de manière éthique en cobalt en République démocratique du Congo. La plateforme de chaîne de blocs d’IBM, basée sur le logiciel Hyperledger Fabric de la Fondation Linux, suit pas à pas le cobalt destiné aux batteries des véhicules électriques à mesure qu’il avance dans la chaîne d’approvisionnement, du site d’extraction jusqu’à l’utilisateur final. La conformité de chaque processus aux normes d’approvisionnement responsable élaborées par l’OCDE et adoptées par RCS est aussi garantie. Ces constructeurs se sont en outre engagés à exercer leurs activités dans des zones où il n’y a pas de conflit et où les enfants ne sont pas mis au travail, conformément aux normes de l’OCDE.

3. SE CRÉER UNE IDENTITÉ NUMÉRIQUE

L’identité numérique est un autre domaine où les chaînes de blocs pourraient avoir un impact considérable, pensent les experts. Avec 79,5 millions de personnes déplacées de force dans le monde à la fin de 2019, et 1,7 milliard sans accès à un compte bancaire (selon des données de 2017), beaucoup luttent non seulement pour satisfaire leurs besoins quotidiens, mais aussi pour s’identifier et reconstruire leur vie.

« La plupart d’entre nous, dans les pays comme les États-Unis, essayons de réduire notre “empreinte identitaire”. Nous ne voulons pas que tout le monde sache qui nous sommes. C’est en fait un privilège, soutient M. Galen. Dans de nombreux marchés émergents, les personnes sans identité ne peuvent pas entrer sur le marché du travail officiel. Elles ne peuvent pas ouvrir un compte de banque… Les technologies, comme celle des chaînes de blocs, sont un moyen de se construire une identité numérique. »

EXEMPLES TIRÉS DE LA VIE RÉELLE

La technologie des chaînes de blocs – combinée à la biométrie et à la cryptomonnaie – aide les réfugiés à s’identifier, à acheter de la nourriture et à recevoir des soins de santé, notamment des vaccins. 

Par exemple, le Programme alimentaire mondial, en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, compte sur la technologie des chaînes de blocs pour identifier les réfugiés avec des lecteurs biométriques de l’iris et leur distribuer des jetons numériques au lieu de bons, pour l’achat de nourriture.

Les chaînes de blocs pourraient également aider les organisations humanitaires à fournir leurs services plus efficacement, par exemple en réduisant le chevauchement des efforts, explique M. Shreves.

« Avec un registre distribué, nous pourrions inscrire un bénéficiaire une seule fois et diffuser cette information à tous les intervenants, ajoute-t-il. Obtenir cette vision complète du soutien qu’un bénéficiaire a reçu a toujours été un objectif très difficile à atteindre. »

« Cette technologie ne va pas résoudre tous les problèmes, mais elle pourrait nous permettre de nous rapprocher de plusieurs objectifs. »

4. UN SUIVI TRANSPARENT DES FONDS RECUEILLIS

De nos jours, les donateurs veulent connaître l’impact de leur don avant de soutenir une œuvre de bienfaisance. Selon un sondage mené pour l’organisation Fidelity Charitable, 41 % des répondants affirment avoir changé leur façon de donner en raison d’une meilleure connaissance de l’efficacité des organismes sans but lucratif (OSBL).

Les chaînes de blocs ouvrent la porte aux collectes de fonds transparentes, car elles facilitent la perception et le suivi des fonds, grâce à un grand livre virtuel et à une cryptomonnaie. Elles permettent aussi aux donateurs de mieux comprendre où et comment leur argent est dépensé, en suivant le mouvement des fonds – du donateur à l’organisme de bienfaisance, et des équipes de terrain aux bénéficiaires, explique M. Shreves.

« La capacité de créer un grand livre immuable, transparent et partagé, ajoute-t-il, accroît la possibilité d’améliorer la transparence des flux de fonds dans les situations de dons et d’aide. » 

M. Galen ajoute que cette technologie peut réduire les coûts administratifs, notamment les frais associés aux programmes, à l’audit financier et au suivi des dépenses, tout en permettant aux organisations de cerner les problèmes et de les corriger plus rapidement. 

« Ces coûts sont généralement importants pour les programmes, alors si on peut les réduire, ne serait-ce que d’un faible pourcentage, on a alors plus d’argent pour les projets et pour améliorer le sort des bénéficiaires », explique-t-il.

EXEMPLES TIRÉS DE LA VIE RÉELLE

Des organismes caritatifs de la société civile comme eatBCH, au Venezuela, et Coins 4 Clothes, à Toronto, ont pu renforcer leurs efforts de collecte de fonds en utilisant une chaîne de blocs et la cryptomonnaie. Ainsi, eatBCH utilise les dons en bitcoins pour acheter de la nourriture auprès de vendeurs locaux, dans les régions où l’organisme est présent, nourriture qui est ensuite distribuée aux personnes dans le besoin. De son côté, Coins 4 Clothes verse des bitcoins aux donateurs pour les dons de vêtements (actuellement interrompus par la COVID-19) faits à l’une de ses œuvres canadiennes. Tous les dons en cryptomonnaie BCH peuvent être vus grâce à un explorateur de blocs accessible sur la page des informations financières de l’organisation. Les donateurs soumettent par ailleurs des preuves photo de leurs dons, qu’eatBCH diffuse ensuite sur les réseaux sociaux.

LECTURES UTILES

Pour en savoir plus sur l’utilisation des chaînes de blocs pour innover dans les entreprises, lisez le rapport de CPA Canada intitulé Technologie des registres distribués / chaîne de blocs : Perspectives. Consultez également nos ressources gratuites pour les CPA sur la chaîne de blocs et les cryptoactifs.