Pourquoi la neurodiversité est bénéfique pour tout le monde

Le monde des affaires se transforme, et l’inclusion figure enfin à l’ordre du jour, voire au cœur des stratégies et valeurs organisationnelles. Mais une de ses facettes – la neurodiversité – demeure souvent négligée. Elle est pourtant essentielle à une équipe dynamique, innovante et résiliente.

LA NEURODIVERSITÉ, UN MOUVEMENT SOCIAL

Le terme « neurodiversité » est apparu à la fin des années 1990 sous la plume de la sociologue australienne Judy Singer. Ni terme médical ni diagnostic, il désigne l’éventail des modes de fonctionnement du cerveau humain, de ses manières d’apprendre et de traiter l’information. Tout comme les gauchers vivent dans un monde où tout est pensé pour une majorité différente, les personnes neurodivergentes évoluent dans des environnements qui ne leur conviennent pas toujours. Il n’est donc pas rare qu’elles se croient inadéquates, ou que l’on sous-estime leurs capacités.

Au départ, une vision étriquée de la neurodiversité dominait dans les milieux professionnels. L’autisme, le TDAH ou la dyslexie évoquaient limites et mesures d’adaptation. L’approche était ancrée dans un modèle médical pathologisant, où les différences neurologiques représentaient un handicap, les difficultés étaient amplifiées et les forces, négligées. Étiquetés, les employés ne pouvaient appliquer leurs compétences uniques ni se faire pleinement entendre. Dans un tel système, l’adaptation était celle de l’individu au moule, et non celle de l’environnement de travail à son potentiel.

Cependant, un nouveau paradigme apparaît : la différence perd toute connotation négative. L’acceptation du vaste éventail des capacités humaines concerne l’ensemble des travailleurs, neurodivergents ou neurotypiques.

Les organisations emploient une bonne proportion de personnes neurodivergentes, aux talents aussi nombreux qu’inexploités. Ces dernières années, Microsoft, Ernst & Young, J.P. Morgan et Ford ont adopté des processus de recrutement inclusifs. En plus de diversifier leurs talents, elles parviennent ainsi à réduire le roulement et à améliorer la fidélisation. Une démarche structurée pour instaurer et soutenir une telle diversité stimule la créativité, l’innovation, la productivité et la résilience : tout le monde y gagne.

RÉSILIENCE ET NEURODIVERSITÉ

La résilience, c’est la capacité à supporter l’adversité, à s’y adapter et à en ressortir plus fort. Autant dire un impératif dans un monde où la cadence est dictée par l’évolution incessante de la réglementation, l’incertitude économique et la fluctuation des dynamiques du marché.

Une vision axée sur la résilience part du principe que chaque personne, qu’elle soit neurodivergente ou non, possède ses forces et ses défis. L’analyse est globale.

Prenons l’exemple d’un comptable ayant un TDAH : la concentration et la gestion du temps peuvent s’avérer difficiles pour lui, mais il réfléchit de façon très créative et a un talent rare pour repérer des tendances. Pensons aussi à un collègue autiste, atout inestimable pour les missions d’audit grâce à son souci du détail hors pair. L’approche globale fait ressortir les difficultés tout comme les forces de la personne, et ce qu’elle peut apporter d’unique.

En adoptant une vision axée sur la résilience plutôt que sur le déficit, on libère le potentiel de chacun, et on favorise la créativité, l’innovation, la productivité et la résilience au sein des équipes.

LA NEURODIVERSITÉ, UN AVANTAGE CONCURRENTIEL

Les organisations qui font une place à la neurodiversité dans leur approche en matière d’inclusion et d’éthique parviennent mieux à atteindre leurs objectifs, et bénéficient de nombreux autres avantages.

• Créativité et innovation : Une équipe qui comprend des personnes neurodivergentes réunit une variété de points de vue et d’approches en matière de résolution de problèmes. Devant un enjeu financier complexe, elle peut générer des solutions innovantes et obtenir un avantage concurrentiel dans une conjoncture mouvante.
• Productivité : Les personnes neurodivergentes possèdent généralement des compétences pointues dans les domaines qui correspondent à leurs centres d’intérêt et à leurs forces – un moteur de productivité formidable. Souvent très engagées envers leur travail, elles incarnent une éthique professionnelle remarquable.
• Résilience : Ayant toujours vécu dans un monde qui n’a cure de leurs différences, les neurodivergents deviennent résilients par la force des choses. Un grand atout pour les organisations, qui doivent surmonter des crises et s’adapter aux imprévus.

Partant de là, instaurer une stratégie de neurodiversité peut se faire de nombreuses façons. Voici donc des mesures concrètes à prendre pour établir une culture caractérisée par l’inclusion et le soutien.

• Sensibilisation et formation : Renseignez vos équipes. Encouragez des discussions franches et dissipez les idées fausses. Une culture inclusive commence par une bonne connaissance du sujet de la part de tout le monde.
• Souplesse : Souvenez-vous que les personnes neurodivergentes peuvent avoir besoin d’un environnement de travail différent (lieu, horaire, modalités). Faites preuve de souplesse.
• Mentorat et soutien : Établissez des programmes de mentorat pour jumeler les personnes neurodivergentes avec des collègues d’expérience prêts à les appuyer.
• Formation sur l’inclusion : Investissez dans une formation sur l’importance de la neurodiversité qui permettra à tous les membres de l’équipe de sentir qu’ils peuvent contribuer à rendre leur milieu plus inclusif.
• Mesures d’adaptation : De façon proactive, mettez en œuvre des mesures d’adaptation raisonnables. Écouteurs antibruit, méthodes de communication différentes : adaptez la solution à la personne.
• Orientation éthique : Visez une culture organisationnelle qui valorise le comportement éthique et l’intégrité. Vous pourrez compter sur les personnes pour qui la rigueur et le respect des règles sont essentiels.

Adopter la neurodiversité, c’est miser sur des avantages qui dépassent le cadre professionnel : c’est aussi donner l’exemple de l’inclusivité à l’ensemble de la société. Loin d’être une difficulté à surmonter, la neurodiversité représente un atout dont on ne peut se passer.

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Légende : Selon différentes études, de 15 à 20 % de la population est neuro­divergente. (Freepik)