Passer au contenu principal
Logo de recyclage vert
Articles de fond
Magazine Pivot

La peinture recyclée vient donner un coup de main (coup de pinceau?) à l’environnement

Une innovatrice de Niagara Falls a pris le virage vert et recycle des milliers de tonnes de peinture.

Logo de recyclage vertChaque année, Loop détourne du flux de déchets quelque 5 000 tonnes de matières usées qu’elle transforme et reconditionne selon un procédé exclusif.

Il y a douze ans, quand Allison Hawkins, CPA, de Hawkins & Co, s’est installée à Windsor, en Ontario, elle prévoyait rénover maison et bureau. Il fallait rafraîchir et donc repeindre les intérieurs.

Quelle marque de peinture acheter? Au lieu de ne s’intéresser qu’au prix, elle a frappé à la porte de la seule boutique écoresponsable de Windsor, à l’époque, pour y trouver des peintures sans ingrédients nocifs. « Je voulais un milieu de vie et de travail sain. Mon mari et moi venions de perdre un proche, mort trop jeune du cancer, et nous étions sensibilisés à l’omniprésence des produits chimiques. »

À présent, comme tous ceux qui profitent de la pandémie pour donner un bon coup de pinceau, Mme Hawkins rénove une ancienne succursale bancaire pour y établir son bureau. (À l’ère du travail à domicile, on s’empresse d’embellir son décor, si bien que Sherwin-Williams, l’un des géants de la peinture, a vu son chiffre d’affaires culminer en 2020.) Fort heureusement, les peintures dites « vertes » sont devenues faciles à trouver. « Le choix est vaste », constate Mme Hawkins. Toutes les marques connues, dont Behr et Benjamin Moore, en grande surface et en quincaillerie, proposent des peintures quasi exemptes de composés organiques volatils (COV), associés aux crises d’asthme, aux maux de tête et aux irritations oculaires.

De jeunes entreprises en ligne comme Backdrop et Clare, de New York, fabriquent uniquement des peintures à l’eau, certifiées écologiques. À elles deux, les new-yorkaises ont recueilli plus de 10 M$ US en capital-risque.

Loop, fabricant établi à Niagara Falls, prend lui aussi la durabilité au sérieux. Ses produits à faible teneur en COV proviennent de peintures et d’enduits rejetés, qu’il recycle et pigmente pour mieux les faire renaître. « Toute entreprise a intérêt à considérer les déchets, tels que la peinture inutilisée, comme un filon à exploiter. C’est la clé d’une économie verte », souligne Josh Wiwcharyk, président de Loop, qui recycle également enduits à toiture, vernis et scellants.

Une approche qui s’impose, pour la planète. Bon an mal an, en Ontario, les consommateurs jettent dans les 10 000 tonnes de peinture, selon Loop, soit près d’un kilo par personne. Return to Retail, un programme provincial de recyclage qui approvisionne Loop, en recueille plus de 1 300 tonnes par an. De quoi embellir les murs de plus de 35 000 foyers, au lieu de croupir au fond de boîtes rouillées ou, pire, d’échouer dans les sites d’enfouissement, au risque de s’infiltrer dans les sols.

Chaque année, Loop détourne du flux de déchets quelque 5 000 tonnes de matières usées qu’elle transforme et reconditionne selon un procédé exclusif. L’entreprise mélange les couleurs semblables pour limiter la quantité de pigments neufs nécessaire à la réalisation d’une teinte, tout en ajoutant une part de matière première. Les peintures de faible qualité sont triées et revendues à des distributeurs de gammes à prix modique. « On crée une peinture de qualité à partir de peintures de qualité. On s’approvisionne surtout en marques connues, comme Benjamin Moore. »

Un avantage à souligner, la durabilité ne coûte pas forcément plus cher. Un gallon de peinture écoresponsable se vend 18 $, environ moitié moins cher qu’une peinture classique. C’est en partie ce qui explique que Loop soit la seule peinture vendue dans les 260 magasins canadiens de Giant Tiger – Tigre Géant, son seul circuit de distribution. « L’entente d’exclusivité apporte des atouts », avance M. Wiwcharyk. L’effort de personnalisation auprès de la clientèle s’en trouve allégé, ce qui réduit les coûts.

Petit inconvénient, si Sherwin-Williams offre pas moins de 48 déclinaisons de blanc, la palette de Loop se limite à 10 teintes. Si l’éventail est restreint, c’est parce qu’on part de couleurs existantes et non de pigments bruts. D’ailleurs, les jeunes pousses Backdrop et Clare proposent elles aussi une gamme relativement étroite de coloris, et quelques nuances de blanc, sans plus. Une approche sélective qui réduit l’embarras du choix. Coquille d’œuf, blanc cassé, blanc crème, avouons que le commun des mortels peine à les distinguer.

VIRAGE VERT

Voyez comment un ex-directeur marketing à IKEA Canada propose une nouvelle marque de matelas écologiques, Horizontal Sleep, et pourquoi les diamants de synthèse (moins coûteux et plus éthiques) se taillent une place en haute joaillerie.