Une entreprise de meubles sur mesure qui joue dans les platebandes d’IKEA

Naya fait le lien entre clients et artisans, et offre des outils intégrés pour évaluer les coûts avant réalisation. C’est une solution complète qui va de la conception à la fabrication. (Avec l’autorisation de Naya)

Qui, en ces jours de confinement, n’a pas fait son pain, observé les oiseaux, enfourché son vélo stationnaire? Certains se sont même lancés dans l’aménagement intérieur et se sont tournés vers le mobilier sur mesure. Naya, la plateforme Web élaborée en 2019 à Calgary par Saad Rajan, qui a fait ses classes en génie du design à Harvard, invite amateurs et architectes à créer des meubles à leur goût, qui seront réalisés en atelier de menuiserie, dans leur région. « Naya, qui fait le lien entre clients et artisans, offre des outils intégrés pour évaluer les coûts avant réalisation, explique M. Rajan. C’est une solution complète qui facilite la démarche, de la conception à la fabrication. » De la planche à dessin à la planche d’érable, en somme. 

Naya, qui prélève des droits sur les projets, se voit autrement qu’une agréable diversion en temps de pandémie. La concurrence est pourtant redoutable dans le secteur du mobilier. Au Canada, deux géantes occupent à elles seules près de la moitié du marché : la chaîne Léon, qui possède Brick, et l’omniprésente IKEA.

On y trouve des aubaines imbattables, tout comme chez leurs rivales Walmart, Canadian Tire et Amazon. Pourquoi, alors, se tourner vers des meubles sur mesure, plus onéreux? 

À l’heure actuelle, une nouvelle tendance se dessine. Selon une étude du transporteur texan uShip, 25 % des consommateurs sont prêts à payer davantage pour un décor unique et 11 % regrettent d’avoir acheté des meubles de série. En fait, nous soignons plus que jamais notre intérieur, que nous comparons à ceux de nos collègues aperçus sur Zoom ainsi qu’aux séduisantes photos affichées sur Instagram et Pinterest. Michael Prokopow, qui enseigne à l’Université de l’École d’art et de design de l’Ontario, souligne qu’en mettant la personnalisation à la portée du commun des mortels, des sites comme Naya feront baisser le prix du sur mesure. « Les économies d’échelle feront en sorte que si on cherche un meuble unique, que rien ne convient chez IKEA et qu’il y a quelqu’un qui peut le fabriquer pour un brin plus cher, on se laissera tenter. Une merveille de design? Pas forcément, mais le client y trouve son compte. »

Naya entre sur l’échiquier à point nommé. Chez EY, Joel Alden, qui se spécialise dans le secteur des produits de consommation, conseille les détaillants du centre du Canada depuis vingt ans. « Un certain nombre de facteurs macroéconomiques alimentent la demande de meubles dans toutes les gammes de prix. La pandémie se prolonge, les télétravailleurs ont droit à des allègements fiscaux, et l’employeur offre une aide pour mieux s’installer à domicile, en tout confort. J’ajouterai que les consommateurs s’enhardissent et hésitent moins à faire leurs achats de meubles en ligne. »

Discrète, Naya n’a pas dévoilé le nombre de ses clients. Outre sa base de particuliers (dont ce New-Yorkais qui a fait construire pour son fils un établi de bricolage à 500 $), elle compte de grands noms parmi ses fidèles de la première heure. Google, notamment, ainsi que des figures de proue du domaine comme Steelcase, Herman Miller et Wayfair. « La plupart de nos clients sont des fabricants qui produisent déjà en série, mais qui s’adressent à nous pour créer des prototypes et de petits lots, ou pour équiper des bureaux individuels. » Fort de ce succès, M. Rajan entrevoit de nouveaux horizons. « Nous avons commencé par le mobilier, ce qui n’est ni trop simple ni trop complexe. Si nous tenons notre pari, rien ne nous empêchera d’aller vers d’autres produits et de déployer nos ailes. »

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