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Groupe de gens d'affaires en train de réfléchir à des idées et d'écrire des notes sur un mur en verre dans un bureau moderne
Comptabilité
Durabilité

Volet social : il faut passer de la parole aux actes

Les organisations qui souhaitent œuvrer en faveur d’un monde plus durable et plus équitable doivent s’engager dans des actions qui apportent une valeur ajoutée à leur communauté et à leurs employés, soulignent les experts.

Groupe de gens d'affaires en train de réfléchir à des idées et d'écrire des notes sur un mur en verre dans un bureau moderneLes CPA peuvent aider les organisations à implanter une stratégie qui tient compte de la valeur sociale et à en mesurer l’impact. (Getty Images/mapodile)

Si le volet social dans les facteurs ESG attire de plus en plus l’attention des investisseurs et des autres parties prenantes, encore faut-il passer de la parole aux actes.

« Le volet social d’une organisation ne se résume pas à donner de l’argent à un organisme dans le cadre d’une collecte de fonds par exemple, explique Davinder Valeri, CPA, directrice, Stratégie, risques et gestion de la performance, à CPA Canada. Ce volet touche à ses activités au quotidien, celles qui ajoutent de la valeur pour la communauté dans laquelle elle œuvre comme pour les personnes qui y travaillent. »

Comment les organisations peuvent-elles développer un état d’esprit axé sur la valeur sociale? Comment les CPA peuvent-ils contribuer au processus? Voici quelques pistes concrètes.

Poser les bonnes questions

Tel qu’expliqué dans le guide publié par CPA Canada, L’importance croissante du volet social : introduction aux aspects sociaux des enjeux ESG, les facteurs sociaux incluent aussi bien les droits de la personne, la santé et sécurité, les peuples et les communautés autochtones que la diversité, l’équité, l’inclusion et l’éthique.

Voici quelques exemples de questions liées à ces enjeux – et soulevées par Davinder Valeri – que toute organisation devrait se poser :

  • Comment votre organisation traite-t-elle ses employés? Ont-ils envie de venir travailler quotidiennement?
  • Quels sont les facteurs sociaux les plus importants pour votre organisation, les investisseurs et les différentes parties prenantes (comme la communauté dans laquelle elle exerce ses activités ou sa chaîne d’approvisionnement)?
  • Quelle importance votre organisation accorde-t-elle aux questions de santé mentale? En accorde-t-elle autant aux enjeux de diversité et d’inclusion?
  • Mesurez-vous à quel point différents enjeux sociaux sont interdépendants, ce qui nécessite la recherche d’un équilibre? (Vous pourriez par exemple obtenir de bons résultats dans un domaine, mais manquer votre cible dans un autre).
  • Quel bénéfice apportez-vous à la communauté dans laquelle vous œuvrez? En tirez-vous profit?

« Qu’on soit une organisation ou un individu, nos actions ont plus de conséquences que le simple bénéfice que nous en tirons, d’où une vigilance de tous les instants, explique Davinder Valeri. Imaginez simplement un établissement de restauration rapide. L’endroit est impeccable, vous avez réduit la quantité de plastique utilisé, mais avez-vous pensé aux poubelles à un ou deux pâtés de maisons de là, où finissent sûrement une partie des déchets? »

Lorsqu’il s’agit d’évaluer les facteurs sociaux, Davinder Valeri souligne que les CPA ont clairement un rôle à jouer, même si cela nécessite un changement d’état d’esprit. « Les CPA sont doués pour mesurer les choses quantitativement, comme le capital manufacturier ou financier, mais l’évaluation du capital social de manière qualitative est toujours plus délicate. Nous devons pourtant réfléchir aux actions entreprises par une organisation parce qu’à terme, l’impact de celles-ci sera quantifiable et intéressera les parties prenantes. »

Adopter une stratégie : l’exemple de Vancouver

Chaque organisation doit donc essayer de déterminer ses propres enjeux sociaux pour adopter une stratégie et un plan d’exécution qui lui conviennent. C’est d’ailleurs ce que fait la Ville de Vancouver depuis 2019. Patrice Impey, qui y est chef des finances et directrice générale du Service de gestion des finances, des risques et de la chaîne d’approvisionnement, détaille les étapes par lesquelles Vancouver est passée :

Se fixer un objectif. Le nouveau cadre d’approvisionnement social de la ville est axé sur l’amélioration de la santé et du bien-être de la communauté. Il vise à favoriser la réconciliation, l’inclusion, l’équité et la diversité en soutenant des populations qui ont historiquement été sous-représentées dans ses contrats, explique Patrice Impey. « Par exemple, nous avons identifié des entreprises sociales qui emploient des personnes issues de populations sous-représentées ainsi que des organisations qui font preuve de leadership dans des domaines comme l’équité en matière d’emploi. Nous avons également examiné quels contrats (achats de biens ou de services) seraient les plus propices à être octroyés à des fournisseurs diversifiés. »

Agir. La ville a recours à plusieurs approches selon les contrats à accorder, poursuit Patrice Impey. « Pour les petits contrats, nous invitons à soumissionner les fournisseurs que nous avons identifiés comme étant diversifiés ou socialement impliqués. Pour les contrats plus importants, nous établissons une pondération d’évaluation spécifique pour les exigences en matière de durabilité et nous informons les plus grands fournisseurs des objectifs et attentes de la ville en matière de diversité. Aussi, nous les interrogeons sur leurs propres politiques en matière de diversité et d’équité des employés. »

Patrice Impey ajoute que dans le cas de marchés majeurs, il leur arrive de demander à de gros fournisseurs de sous-traiter avec des fournisseurs diversifiés plus petits qui n’auraient pas eu, à eux seuls, l’envergure ou la capacité de soumissionner à ce type de contrats.

Évaluer les résultats. La Ville de Vancouver s’est fixé des objectifs ambitieux, explique Patrice Impey. La Ville vérifie donc auprès des organisations qui soumissionnent à des contrats publics si elles s’identifient comme étant détenues ou contrôlées par des membres de la diversité, si elles sont certifiées comme telles ou si elles font progresser l’équité en matière d’emploi. La Ville dispose ainsi d’informations lui permettant d’évaluer qui décroche des contrats et d’en faire rapport.

Comme le souligne Davinder Valeri, la phase d’évaluation est une étape clé où les CPA peuvent apporter une valeur ajoutée. « Les CPA peuvent non seulement contribuer à l’élaboration de la stratégie et parler des risques et des opportunités, précise-t-elle, mais ils peuvent aussi aider à mesurer les performances et les résultats de la stratégie. »

Relever les défis

Ce travail ne se fait évidemment pas sans période d’adaptation. Puisque Vancouver a été une des premières organisations à mettre en place l’approvisionnement social, il y a eu une certaine confusion au départ. Vendeurs et fournisseurs ont dû s’adapter aux besoins de la ville, concède Patrice Impey.

Cela dit, elle a constaté depuis 2019 que les fournisseurs ont agi rapidement pour ajuster leur organisation aux valeurs de la ville, et que le personnel municipal a fait preuve d’un soutien remarquable, enthousiaste à l’idée de trouver des occasions d’intégrer et d’augmenter la diversité dans les contrats publics.

Patrice Impey se réjouit déjà des résultats. « Notre objectif est que d’ici 2023, 50 % des contrats de la Ville en nombre et en valeur soient attribués à des fournisseurs diversifiés. Même si certaines populations sous-représentées ne participent pas encore ou pas assez, nous sommes heureux d’annoncer que nous nous rapprochons d’année en année de cet ambitieux objectif. »

Alors que Vancouver progresse avec succès vers son objectif, Davinder Valeri est convaincue que les CPA influenceront et éclaireront la prise de décision en continuant à développer les bons outils et les bonnes méthodes afin d’aborder correctement les questions relatives au capital social, naturel et humain. « Aujourd’hui, les organisations ont besoin de plus qu’une vision sur les questions sociales, observe-t-elle. Elles doivent appuyer leurs intentions d’actions concrètes. Or les CPA peuvent contribuer à faire en sorte qu’elles tiennent leurs promesses. »

DURABILITÉ ET CPA

Voyez pourquoi le volet « social » des enjeux ESG gagne en importance et comment les CPA peuvent s’imposer dans cette sphère. Découvrez de quelles façons ils peuvent mener des initiatives ESG et les intégrer dans des stratégies créatrices de valeur à long terme. Enfin, plongez dans l’Essential Guide: Social and Human Capital Accounting, produit par l’Association pour la comptabilité durable (ACD) du prince de Galles.