L’agilité, essentielle à la mise en place de chaînes de valeur durables

Pour créer des plans agiles, il faut de la perspicacité et des talents de stratège, des aptitudes courantes chez les CPA. (Getty Images/10’000 Hours)

L’an passé, des vagues de chaleur extrême, des feux de forêt et des inondations se sont succédé dans les provinces de l’Ouest. Les fermetures d’usine et les routes emportées ont entravé la production et l’expédition des marchandises, d’où une augmentation des pertes et une hausse de l’insatisfaction des consommateurs.

« Malheureusement, les phénomènes climatiques de ce genre se multiplient », s’inquiète Jeanette Hill, directrice chargée du développement professionnel à CPA Canada. « En plus de dévaster les villes et de nuire à la faune et à la nature, ils ont de graves répercussions sur les chaînes d’approvisionnement. Il est donc primordial pour les entreprises d’établir des stratégies agiles pour composer avec les aléas de notre monde perturbé par les changements climatiques. »

QUE SONT LES CHAÎNES DE VALEUR?

« En terme concret, la chaîne de valeur englobe tout ce qui crée de la valeur dans une organisation », explique Roopa Davé, CPA, associée en développement durable chez KPMG et panéliste au récent Symposium sur les facteurs ESG de CPA Canada. « La chaîne se tisse de l’achat des intrants (comme les matières premières, par exemple) à la transformation et à la distribution aux utilisateurs finaux. »

Comme le souligne Jeanette Hill, les chaînes de valeurs sont des structures complexes qui comprennent de nombreux maillons interreliés. « Maintenant que la COVID19 a révélé la grande fragilité des chaînes de valeur et des infrastructures, nous devons réfléchir à des moyens de les protéger. »

Les solutions rapides ne nous mèneront jamais à la durabilité, a-t-elle ajouté. Il faut réinventer les systèmes pour faire face aux interruptions prévues. « On doit garder en tête les risques à long terme, ainsi que les possibilités qu’offre la durabilité. Les CPA peuvent exercer une influence positive, tant pour l’évaluation des risques que pour l’élaboration de solutions réalisables et pragmatiques. »

L’IMPORTANCE DE L’AGILITÉ

Pour développer leur capacité d’adaptation, les entreprises doivent d’abord définir les risques liés aux changements climatiques auxquels elles s’exposent, précise Roopa Davé. « Beaucoup ignorent où se situent leurs risques climatiques les plus importants. »

Divers types de risques et de possibilités associés aux changements climatiques peuvent influer sur les chaînes de valeur, mais les risques physiques sont sans doute les plus évidents. « Les risques physiques graves et ponctuels s’entendent d’événements climatiques extrêmes causant de sérieux dommages aux infrastructures. À cela s’ajoutent les risques physiques chroniques, dont les effets ne sont pas immédiats, mais dont la portée est plus vaste : l’élévation graduelle du niveau de la mer et l’évolution des conditions climatiques risquent d’entraver la production de certaines cultures dans quelques régions. »

Les risques liés à la transition font aussi partie des facteurs de perturbation majeurs, a-t-elle poursuivi. Il peut s’agir d’un simple changement des tendances de consommation (par exemple, contrairement à leurs prédécesseurs, les jeunes sont prêts à payer plus cher les produits d’entreprises désireuses de mieux gérer leur chaîne d’approvisionnement). Dans la même catégorie, songeons à l’émergence de la tarification du carbone, qui influera sur les prix des matières premières.

Pour définir ses impacts, une entreprise doit connaître les secteurs soumis aux plus grands risques et qui offrent le plus de possibilités. Par exemple, il faudra penser à l’utilisation d’intrants provenant d’une usine située dans une région vulnérable à l’élévation du niveau de la mer. Une fois les risques bien cernés, on peut travailler à mettre en place des plans de rechange, comme le recours à des intrants en provenance d’une région moins vulnérable.

« L’idée est de définir à quel moment les risques liés à la transition se poseront afin d’établir un plan pour les atténuer. » Pour continuer avec le même exemple, on pourrait construire une digue autour du port pour pallier les problèmes engendrés par l’élévation du niveau de la mer.

LE RÔLE DES CPA

La création de plans de résilience exige de la planification, de la perspicacité et des talents de stratège. Ces aptitudes courantes chez les CPA compléteront les activités de gestion du risque, les évaluations des contrôles internes et les autres analyses nécessaires pour concevoir des solutions concrètes aux défis constants que posent les changements climatiques, résume Jeanette Hill.

Les CPA apportent déjà leurs points de vue sur la préparation des entreprises dans un but d’adaptation aux changements climatiques. Citons entre autres la création de la Global Reporting Initiative (GRI), du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC) et du tout nouveau conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (International Sustainability Standards Board – ISSB). S’y ajoute la publication récente de deux exposés-sondages sur l’information financière liée à la durabilité et aux changements climatiques : IFRS S1 et IFRS S2.

« Une bonne gouvernance est cruciale pour veiller à ce que les entreprises rendent des comptes à l’égard des objectifs qu’elles se donnent, notamment pour atteindre la carboneutralité, a-t-elle continué. Il en est de même de tous les paramètres qu’elles fixent, qu’ils s’appliquent à d’autres questions environnementales, comme la biodiversité ou la pollution atmosphérique, ou à des questions sociales, comme la santé et l’égalité. Les CPA ont toujours joué un rôle essentiel pour favoriser une saine gouvernance. En fait, l’excellente expérience qu’ils offrent représente l’un de leurs plus grands atouts à valeur ajoutée. »

EN SAVOIR PLUS SUR LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

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