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Canada
Tendances

La stagnation des salaires incite de nombreux travailleurs à dire « bye bye boss! »

Frustrés par la croissance anémique de leur salaire et l'augmentation du coût de la vie, les travailleurs canadiens cherchent ailleurs.

À l’heure actuelle, la croissance des salaires dans les pays développés est inférieure de moitié à ce qu’elle était avant la crise financière de 2008. Ainsi, même si la croissance de l’emploi au Canada a fait tomber le chômage sous un nouveau seuil record, les salaires, eux, font du surplace.

Selon une étude publiée par Indeed, 83 % des travailleurs canadiens sont insatisfaits de leur salaire. La principale raison pour laquelle ils souhaitent être mieux payés? L’augmentation du coût de la vie.

Au Canada, plusieurs facteurs concourent à la stagnation des salaires, dont l’inflation, l’imprévisibilité des marchés et le départ à la retraite des baby-boomers.

La productivité joue elle aussi un rôle dans cette histoire. « Le ralentissement de la croissance de la productivité qu’on observe à l’échelle du pays depuis la crise financière pèse certainement sur les salaires au Canada, et la situation est la même à l’étranger », explique Brendon Bernard, économiste à Indeed Canada. « Des chercheurs ont montré que les progrès sur le plan des technologies ont fait en sorte qu’il en coûte de plus en plus cher de trouver de nouvelles idées. Par conséquent, on pourrait observer une réduction du nombre de nouvelles entreprises à forte croissance, qui ont un effet énorme sur la productivité et qui créent généralement de nouveaux emplois bien rémunérés. »

Au Canada, la croissance des salaires stagne depuis quelques années, mais des signes encourageants ont été observés dernièrement. « Nous avons noté des signes de raffermissement de la croissance salariale au Canada en 2018. Les salaires horaires moyens ont progressé d’un solide 3,6 % par rapport à l’année précédente, d’après l’enquête sur la population active de juin 2018 », poursuit M. Bernard. Il précise toutefois qu’il est difficile de savoir dans quelle mesure cette augmentation est attribuable à un resserrement du marché du travail ou à des facteurs externes, comme la hausse du salaire minimum en Ontario.

À mesure que la technologie évolue, l’automatisation influe elle aussi sur la croissance des salaires. « Certains emplois qui permettaient de gagner d’excellents salaires sont en train de disparaître, et bon nombre d’emplois à salaire moyen ou élevé sont éliminés en raison de l’automatisation », fait remarquer Matthew Stewart, directeur des prévisions nationales au Conference Board du Canada.

M. Stewart souligne que même si les salaires ont augmenté, le taux d’inflation a fait de même, ce qui signifie que la capacité d’emprunt des consommateurs s’en trouve diminuée. « Une hausse des salaires sera la bienvenue, mais ne suffira pas à compenser l’augmentation des coûts liés à l’emprunt, précise-t-il. Selon moi, les prochaines années ne vont pas être faciles pour les consommateurs. »

Rowan O’Grady, président de Hays Canada, voit l’instabilité des marchés comme un autre facteur qui influence la croissance des salaires. « Au cours des 10 dernières années, les marchés se sont comportés en montagnes russes , et la plupart des employeurs sentent qu’ils doivent être prudents en raison des circonstances », dit-il, citant la crise financière de 2008, la crise du pétrole en Alberta et la perspective d’une guerre commerciale avec les États-Unis.

Outre son effet sur l’endettement, en raison de la réduction de la capacité d’emprunt, la croissance anémique des salaires pousse aussi certains employés à chercher des emplois mieux rémunérés. En effet, plus de la moitié des répondants à l’étude réalisée par Indeed ont dit qu’ils changeraient de travail si on leur offrait un meilleur salaire. La rétention du personnel risque de causer bien des problèmes aux chefs d’entreprise, estime M. O’Grady.

« Pour les entreprises, un des enjeux sera de conserver les employés en leur permettant de gravir les échelons, dit-il. Tous les jours, nous parlons à des gens qui veulent changer d’emploi parce qu’ils trouvent qu’ils ne sont pas assez bien payés. »

M. O’Grady conseille aux dirigeants de bien cerner qui, parmi leurs employés, possède des compétences recherchées et de s’assurer de leur offrir des salaires le plus près possible du salaire offert sur le marché. « Il n’est pas nécessaire de faire de même pour tous les employés, ajoute-t-il. Il suffit de cibler certains services, certains postes spécialisés ou certains niveaux hiérarchiques, parce que c’est de cette manière que les marchés fonctionnent. »

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