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Dire « non » au travail – sans perdre son prestige

Vous pensez que décliner des tâches supplémentaires de temps à autre, c’est pour les plaignards? Détrompez-vous.

Femme affaires, homme affaires, conversation, passage bureauPas facile de dire non quand la demande vient d’un supérieur hiérarchique. Pourtant, si vous avez la confiance de votre patron, vous devriez pouvoir expliquer sans crainte que le projet proposé empiétera sur vos autres mandats. (Getty Images/Westend61)

Il vous est sûrement déjà arrivé d’être submergé de travail et d’accepter une autre demande encore, parfois même inhabituelle.

Pour certains, cela se produit trop souvent. Et de crainte de passer pour un mauvais joueur, ou par désir d’être perçu comme celui sur qui on peut vraiment compter, ces personnes disent oui à tout ce qu’on leur propose comme tâche. Mais ce n’est pas toujours la bonne chose à faire, soutient Eileen Chadnick, fondatrice de Big Cheese Coaching et auteure de l’ouvrage Ease: Manage Overwhelm in Times of “Crazy Busy”.

« J’appelle ça être accro au “oui”. Et si vous ne faites pas attention, cette habitude finira par être néfaste, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. »

Mme Chadnick avance que l’empressement à tout accepter pourrait nuire tout particulièrement aux personnes qui aspirent à un rôle de leader. « Avoir le courage et le discernement de savoir quand dire non est le signe d’un professionnel ou d’un leader compétent, doté d’une bonne intelligence émotionnelle. Si vous acceptez tout, tout le temps, on pourrait en conclure que vous êtes incapable de vous affirmer, d’exprimer clairement que vous avez déjà beaucoup de pain sur la planche. »

Comment, donc, se sortir du carcan de celui ou celle qui dit toujours oui? ou éviter d’y tomber? Voici pourquoi, quand et comment dire non.

1) SACHEZ RECONNAÎTRE LES SIGNES

Vous croulez sous les tâches? Vous ne savez plus où donner de la tête et êtes pour ainsi dire au bout du rouleau? Voilà des signes que vous vous donnez un peu trop au travail, affirme Mme Chadnick. « Et dans ce cas, tout le reste s’en ressentira. » À propos du travail, elle ajoute qu’il est important de faire cette réflexion : Suis-je au-dessus de mes affaires? et suis-je respecté pour mon leadership? ou suis-je perçu comme quelqu’un qui n’a pas de limites?

2) VALIDEZ VOS CONVICTIONS

On comprend facilement comment se forme l’habitude de dire oui à tout. Comme l’explique Suzy Welch (journaliste d’affaires et auteure de best-sellers), le fait d’être reconnu comme quelqu’un qui saura mener à bien le travail est l’une des façons les plus rapides d’obtenir une promotion. Cela dit, si vous fonctionnez selon la conviction qu’il faut éviter à tout prix de dire non, tâchez de voir la réalité en face. « Peut-être que cette conviction vous nuit davantage qu’elle ne vous aide », renchérit Mme Chadnick.

3) CERNEZ VOS PRIORITÉS – ET FAITES-LES CONNAÎTRE

Avant même d’envisager d’accepter ou de refuser une demande, réfléchissez à vos priorités et à vos obligations. Mme Chadnick : « Certaines de vos priorités vont être d’ordre professionnel – par exemple, mettre la touche finale au dossier d’un client. D’autres seront personnelles, comme la nécessité de partir plus tôt, deux fois par semaine, pour passer prendre vos enfants à la garderie. Une fois que vous avez réglé avec votre patron la façon de structurer votre horaire, faites part de vos obligations à vos collègues qui doivent en tenir compte. » (Évidemment, la souplesse s’impose parfois, par exemple pendant la période des impôts.)

4) PRENEZ LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR

Généralement, les personnes enclines à tout accepter disent oui assez rapidement. Mme Chadnick formule un conseil : « Parfois, il convient de dire “je te reviens là-dessus”. Ça laisse un peu plus de temps pour évaluer la situation. À l’inverse, vous ne voulez pas toujours dire non d’emblée. Bref, il faut montrer qu’on est une personne réfléchie et attentionnée. » Sara McCord, auteure de 4 Completely Inoffensive Ways to Say “No” at Work, le pense elle aussi : « Personne ne veut passer pour celui ou celle qui refuse toujours de faire un petit extra. »

5) SACHEZ RECONNAÎTRE LES SITUATIONS OÙ « NON » S’IMPOSE D’EMBLÉE

Certains cas n’exigent cependant aucune réflexion. On pense ici aux situations illégales ou à celles où entre en jeu un comportement ou un langage abusif. Eugene Dilan, chef de la direction du DILAN Consulting Group et membre du Forbes Coaches Council, le mentionne dans son ouvrage intitulé When Is It OK to Say ‘No’ in the Workplace Without Fearing the Consequences? : « Face à quelqu’un de grossier, à un comportement inacceptable, il faut dire non et établir sur-le-champ ses limites. Autrement, vous risquez d’envoyer involontairement le message qu’un comportement de ce genre ne vous dérange pas. »

Si la demande est contraire à l’éthique et qu’elle émane du patron, la situation est encore plus délicate, souligne Mme Chadnick. Comme elle le fait remarquer, votre réponse dépendra de votre situation et de votre relation avec cette personne. Vous ne souhaitez pas indisposer votre supérieur. Elle suggère d’y aller d’une réponse telle que « Je suis désolé, mais cette demande me met vraiment mal à l’aise. Je dois la décliner, et vous suggérer d’envisager une autre façon de procéder. »

6) FABRIQUEZ-VOUS UN « FILTRE DE DÉCISION »

Les experts ont diverses suggestions pour filtrer les demandes difficiles à classer. Par exemple, Rebecca Knight, collaboratrice au Harvard Business Review, rappelle dans un guide sur le sujet qu’il convient en premier lieu de déterminer le caractère « intéressant, stimulant ou emballant » de l’occasion présentée, puis de voir s’il est réaliste pour vous d’y contribuer. « Ne dites pas non avant d’être certain que c’est la bonne réponse à donner », conseille-t-elle.

7) METTEZ-Y LES FORMES

Si le fait de devoir dire non vous rend mal à l’aise, sachez qu’il y a moyen de le faire avec tact. Mme Chadnick précise qu’il faut, bien sûr, accuser réception de la demande et manifester respect et appréciation (on évitera de froisser le demandeur). Et parfois, plutôt que de se contenter d’un non sans trop d’explications, on gagnera à offrir des options de rechange à l’interlocuteur. « Si vous le faites, l’autre sera souvent reconnaissant et trouvera que vous êtes très serviable », ajoute la conseillère.

8) SOYEZ AUTHENTIQUE

Faites preuve de franchise au moment de justifier votre refus. Mme Chadnick : « Dites les choses simplement, par exemple “Si j’accepte ce mandat, en plus de toutes les tâches que j’ai déjà, ça veut dire que je ne pourrai pas faire un travail de qualité comme ce dossier l’exige, à mon avis.” Vous constaterez que votre entourage vous respectera pour votre intégrité et votre connaissance de vos capacités. »

9) BÂTISSEZ UNE RELATION DE CONFIANCE AVEC VOTRE PATRON

Pas facile de dire non quand la demande vient d’un supérieur hiérarchique. Mme Chadnick est d’avis que si vous avez la confiance de votre patron, vous devriez pouvoir expliquer sans crainte que le projet proposé empiétera sur vos autres mandats.

Mme McCord partage cet avis. Sa suggestion de réponse : « Merci d’avoir pensé à moi, mais j’ai déjà prévu de consacrer la semaine aux dossiers X et Y. » Cela est utile à plus d’un titre. « D’abord, vous vous positionnez comme quelqu’un de reconnaissant auprès du patron, puis, si son projet est à son avis plus important que ceux que vous proposez de régler en priorité, il pourrait bien vous demander d’en repousser l’échéance. »

Comme pour toute habitude dans la vie, se libérer d’un carcan – dans ce cas-ci, dire oui systématiquement – exige de la patience et de la pratique. Une fois que vous aurez osé fixer vos limites, vous vous demanderez pourquoi vous avez hésité si longtemps à le faire.

LE SAVOIR-VIVRE ET LE SAVOIR-ÊTRE AU TRAVAIL

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