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 Femme d'affaires assis au bureau, regardant une collègue jouant avec un chien dans un environnement de bureau.
Tendances

Les animaux de compagnie au bureau : une pratique tout sauf bête

Les études l’ont montré, la présence d’animaux de compagnie sur le lieu de travail est bonne pour la santé et bonne pour le moral. Mais avant d’autoriser cette pratique, prenez tout de même vos précautions!

Femme d'affaires assis au bureau, regardant une collègue jouant avec un chien dans un environnement de bureauDes études montrent que la présence d’animaux de compagnie sur le lieu de travail est bonne pour la santé et bonne pour le moral des employés. (Getty Images)

Lucie, deux ans et demi, vit à Toronto et adore accompagner son maître au bureau. Chaque matin, la jeune bernedoodle (résultat du croisement entre un bouvier bernois et un caniche) trotte aux côtés de Gregory Sacks pour se rendre au siège social de Trufflepig, entreprise spécialisée dans les voyages personnalisés qu’il a fondée il y a 15 ans. À peine arrivée, Lucie va saluer chacun des 17 employés, puis s’installe dans son lit sous la table de son maître. De temps en temps, elle refait un petit tour, sûre de trouver quelques gâteries auprès de ses nombreux amateurs. Et parfois, elle s’amuse avec son copain Willett, un des deux autres chiens qui viennent au bureau.

Cet arrangement convient à Lucie tout autant qu’à M. Sacks, heureux de pouvoir faire du trajet à pied jusqu’au bureau une agréable promenade avec sa chienne. Surtout, la présence de l’animal contribue à créer un climat détendu et convivial, difficile à instaurer par d’autres moyens. « Les employés aiment tous Lucie, explique-t-il. Nous restons sérieux et assidus, mais un chien apporte une énergie positive. Comme, en plus, l’espace est décloisonné, nous avons vraiment le sentiment de travailler à la maison. »

UNE FOULE D’AVANTAGES

L’attitude de M. Sacks n’est pas seulement le reflet de son expérience propre, en tant que PDG et propriétaire d’une chienne qu’il prend avec lui au bureau. Les bienfaits de la présence d’animaux de compagnie sur le lieu de travail sont avérés. Une étude a montré que les employés qui emmènent leur chien au bureau éprouvent moins de stress pendant la journée, ont une perception plus positive de leur employeur et se sentent globalement plus satisfaits. D’après une autre étude, la présence d’animaux de compagnie sur le lieu de travail entraîne une hausse de la productivité et favorise les échanges entre collègues.

Les grandes sociétés en ont pris bonne note. Aux États-Unis, Amazon et Google, mais aussi Nestlé Purina et Ticketmaster, autorisent les animaux de compagnie sur le lieu de travail. Certaines entreprises, comme la brasserie artisanale BrewDog en Ohio, offrent même aux employés venant de se procurer un animal de compagnie un congé payé d’une semaine, dit le « congé papattes ». 

Et au Canada, combien d’employeurs autorisent la présence d’animaux? Les données manquent. Chose certaine, de plus en plus de gens emmènent leur animal, spécifiquement leur chien, au travail. Selon l’Institut canadien de la santé animale, environ 41 % des foyers comptaient au moins un chien en 2018, et 38 % comptaient au moins un chat. On peut supposer que plusieurs, parmi ces personnes, aimeraient un lieu de travail où les animaux de compagnie sont les bienvenus. 

Nombre d’entreprises, déjà, appliquent la canine attitude. En tête de meute, Hootsuite, Electronic Arts et Mars, fabricant de produits alimentaires dont le siège social à Bolton, en Ontario, comporte un terrain de jeu pour chiens. (Dans certains établissements où les animaux ne sont pas autorisés à temps plein sur les lieux, les visites de chiens de thérapie sont devenues une pratique courante.)

UN SUCCÈS SUR TOUS LES PLANS 

Chef de file en gestion de réseaux sociaux, Hootsuite se veut une entreprise amie des chiens, une politique qui s’inscrit dans l’esprit même de la société. Dans ses bureaux de Vancouver, 93 chiens figurent au registre (ce qui veut dire que quelque 18 % des employés emmènent leur animal au travail). En plus de son profil Instagram, Hootsuite se sert des mots-clics #hootdogs et #hootsuitelife pour véhiculer son message cynophile.

Cette politique remporte un franc succès auprès des employés. Comme l’explique le directeur financier, Greg Twinney, « nos compagnons canins font étroitement partie de notre culture d’entreprise. Ils contribuent pour beaucoup à créer une ambiance détendue et conviviale. Et puis, pour nous, c’est un atout de charme qui peut nous aider à recruter les meilleurs candidats ».

Eva Taylor, directrice principale du marketing social, est du même avis. Elle pense que la présence de chiens au bureau fait du bien aux employés, qui sont plus actifs et vont plus souvent dehors. Les réunions se tiennent parfois en plein air, tout en promenant les chiens. Et depuis qu’Amanda Wood, chef du marketing social, vient travailler escortée de son chien Louis, elle s’inquiète moins pour lui. « Je ne me demande plus si je l’ai laissé trop longtemps seul à la maison, s’il a besoin de sortir, s’il serait mieux en garderie. »

Tous les employés de bureau ne partagent pas leur enthousiasme, cependant. Selon une étude récente, la présence de chiens sur les lieux présente un risque pour la sécurité : morsures et chutes, notamment, mais aussi phobies et réactions allergiques. 

Et il peut y avoir des conséquences. Par exemple, si un employé déclare souffrir d’une grave phobie ou d’une réaction allergique en présence d’un animal, cet état pourrait être considéré comme un handicap, affirme Thomas Gorsky, avocat en droit du travail chez Sherrard Kuzz à Toronto. « Si vous n’en tenez pas compte, si vous continuez d’emmener votre animal au travail, vous vous exposez à une poursuite pour violation des droits de cette personne. »

chien de bureau assis sur un bureau à côté d'un ordinateurAvant d’autoriser la présence d’animaux de compagnie dans votre entreprise, demandez l’avis de chacun de vos employés. Vous avez l’obligation légale de tenir compte de leurs allergies. (tous droits réservés) 

AVANT D’AUTORISER LES ANIMAUX DE COMPAGNIE AU BUREAU…

Vous souhaitez adopter une politique autorisant la présence d’animaux de compagnie dans votre entreprise? Une bonne préparation pourra vous éviter de mauvaises surprises. Voici quelques conseils à ce propos. 

1. Consultez le propriétaire des lieux. Certains propriétaires interdisent la présence d’animaux dans leur immeuble. Vérifiez votre bail et obtenez l’accord de votre propriétaire avant de donner votre aval, recommande Me Gorsky.

2. Consultez les employés. Demandez l’avis de chacun de vos employés. « Si l’un d’eux déclarait être fortement allergique aux chats ou aux chiens, au point que la présence d’animaux nuirait à sa santé, vous avez l’obligation légale d’en tenir compte, souligne M Gorsky. Cela dit, on arrive à s’arranger la plupart du temps. D’habitude, c’est la proximité de l’animal qui pose problème. Or, les immeubles ont souvent plusieurs portes d’entrée, et il est possible d’éviter à l’employé concerné de se retrouver près de l’animal. » (Chez Trufflepig, par exemple, l’un des employés est allergique aux chiens, mais, à moins de toucher l’animal, n’en est pas incommodé.)

3. Réfléchissez à tous les aspects. Vous devrez décider du nombre limite d’animaux admis en même temps sur les lieux, mais aussi des espèces permises, fait remarquer Eileen Chadnick, directrice de Big Cheese Coaching. « Seulement les chiens, ou également les chats, les furets, etc.? »

4. Adoptez une politique officielle. Il est important d’établir une politique claire, couvrant notamment la responsabilité en cas de dommages matériels ou corporels, ajoute Mme Chadnick.

Ainsi, Hootsuite décline toute responsabilité relativement à la présence d’animaux de compagnie sur le lieu de travail. Sa politique mentionne spécifiquement que l’employé sera tenu responsable financièrement de tous les dommages matériels que pourrait causer son animal et de tout nettoyage requis, y compris les dommages découlant d’un accident ainsi que le nettoyage en raison de perte de poils excessive ou d’odeur désagréable. La politique précise également que les chiens doivent être âgés d’au moins six mois et qu’ils doivent être enregistrés, assurés, vaccinés et propres. Ils doivent être gardés en laisse, ne pas monter sur les meubles, utiliser un ascenseur désigné et jouer dans un espace extérieur désigné lui aussi.

5. Avisez les candidats à l’embauche. Il est préférable d’informer les candidats de votre politique, fait observer Me Gorsky. « En leur faisant part d’emblée de votre politique, vous réduisez le risque de rencontrer des difficultés plus tard. Aussi, s’il faut trouver un accommodement, il vaut mieux en discuter d’avance. » 

Chez Mars, la politique de l’entreprise est présentée aux candidats au moment de l’entrevue. Chris Hamilton, président de Mars Canada, explique dans un article sur le sujet que la société tient à donner à ses recrues une idée de leur futur environnement de travail. « Nous les emmenons donc à Bolton pour qu’ils en fassent l’expérience. » 

D’après M. Hamilton, la politique de Mars plaît aux candidats. Pour certains, c’est ce qui les a expressément incités à postuler. « C’est extraordinaire combien notre politique autorisant les animaux de compagnie sur le lieu de travail est attrayante et motivante pour certaines personnes. »

Thomas Gorsky arrive au même constat. « On voit de plus en plus d’entreprises offrir à leurs employés milléniaux toutes sortes de petits plus séduisants, des jeux, des divertissements variés. Dans ce contexte, je ne serais pas étonné que la pratique d’emmener son animal de compagnie au bureau se généralise. »