Passer au contenu principal
Trader regardant des actions s'effondrer sur l'écran
Articles de fond
Magazine Pivot

Comment composer avec la multiplication des crises financières?

Voyez comment les entreprises et les CPA ont appris à affronter l’instabilité et l’imprévisibilité économiques.

Trader regardant des actions s'effondrer sur l'écranLa volatilité des derniers mois a corroboré les prévisions pessimistes pesant sur le secteur financier et confirmé la nécessité de se préparer au pire. (Getty Images/Caroline Purser)

Recul de l’inflation, suspension des hausses de taux d’intérêt et timide reprise de la croissance : voilà autant de nouvelles rassurantes pour les Canadiens qui s’attendaient déjà à tomber la tête la première dans une douloureuse récession.

Toutefois, les montagnes russes se poursuivent sur les marchés, et la volatilité des derniers mois n’a fait que corroborer les prévisions pessimistes pesant sur le secteur financier et confirmer la nécessité de se préparer au pire. Si certains voient là une éclaircie, d’autres dressent un constat plus sombre – qui plus est, au confluent de crises aux allures de dépression plutôt que de récession.

« On parle de polycrise planétaire : guerre en Ukraine, répercussions de la COVID, poussée inflationniste, pénuries alimentaires, hôpitaux débordés, pertes d’emplois… la liste est longue! », observe Frances Zomer, CPA et directrice financière de Pascal WealthTech, une entreprise à l’origine d’une plateforme de gestion de patrimoine intégrée destinée aux planificateurs financiers.

Au milieu de cette polycrise, poursuit-elle, « les gens vivent un stress énorme » et s’inquiètent tout particulièrement de l’incidence de la conjoncture internationale sur leur gagne-pain et leurs finances à long terme. « Jamais dans l’Histoire nous n’avons été confrontés à une crise écologique, à des conflits géopolitiques ainsi qu’à un taux record du sentiment de solitude, conclut-elle; pas étonnant que nous nous sentions démunis de la sorte! »

Aider particuliers et entreprises à sortir d’une crise financière en les orientant vers les bonnes pratiques financières à adopter à court et à long terme, tel est le rôle des CPA.

« Notre fonction première, je crois, est de mettre de l’avant le choix rationnel : procéder avec rigueur, ne pas prendre plus de risques que nécessaire et se fixer des objectifs précis », avance Warren MacKenzie, CPA et directeur de la planification financière chez Optimize Wealth Management.

Au rang des préoccupations du CPA? La nouvelle espèce d’investisseurs que la pandémie aurait générée, celle de ces boursicoteurs à domicile qui n’ont ni le soutien ni le bagage nécessaires pour savoir gérer les turbulences du marché – un élément de plus à considérer dans la complexité psychologique de ces temps de crise. Selon Warren MacKenzie, « ces personnes sont plus influençables : dès que l’horizon s’assombrit, que le marché chute de 15 % ou que les projections sont mauvaises, les voilà qui suivent la masse ».

Démêler ces projections est d’autant plus important que leur profusion sur la Toile est accablante : « L’information jaillit chaque jour toujours plus vite, alors qu’il y a 40 ans, Internet n’existait pas, et l’on vivait à un rythme plus lent. »

Quid du « retour à la normale »? Peu plausible, disent certains spécialistes pour qui le phénomène est davantage une question de structure que de conjoncture. « Qualifier ces dernières années de particulièrement agitées sur le plan économique est un doux euphémisme », écrivait en novembre Mohamed El-Erian, économiste et conseiller en chef chez Allianz, dans un article publié par le magazine Foreign Affairs. Il suffit de penser à la flambée inflationniste, aux tensions géopolitiques, aux ruptures dans les chaînes d’approvisionnement, à l’envolée des taux d’intérêt… Ce dont « bien des analystes financiers et économistes semblent pourtant faire peu de cas ».

Cette tendance à prendre les aléas économiques pour des éléments « à la fois temporaires et vite réversibles » est selon lui un véritable problème. C’est y voir un déroulement normal du cycle, lorsqu’il s’agit plutôt de changements structurels et durables majeurs dans l’économie mondiale. La fréquence et la violence accrues des chocs que subissent les marchés ne présagent selon lui que davantage d’imprévisibilité. Naturellement, « un tel climat rend la prise de décision difficile et laisse vite place à l’erreur ».

L’instabilité a tendance à nous rendre plus alarmiste, renchérit Frances Zomer, dont la plateforme intègre donc des éléments de finance comportementale : un questionnaire destiné au client visant à déterminer sa tolérance au risque. « Il faut d’abord comprendre le mécanisme psychologique à l’œuvre. Car en cas de crise, c’est vraiment l’inconscient qui gouverne. »

Force est de constater qu’on ne réagit pas tous de la même manière au climat actuel d’incertitude : « Certains vont même jusqu’à être dans le déni et à accumuler les dettes sur leur carte de crédit. C’est l’effet postconfinement : on se sent libre à nouveau, on veut profiter de la vie. » À l’autre extrême, il y a ceux qui traquent la moindre perte et vivent les yeux rivés sur les marchés. « C’est comme si on appuyait sur un bouton : on réagit de façon irrationnelle. »

Aider les entreprises à gérer l’imprévisibilité, voilà un autre des rôles essentiels du CPA, ajoute Frances Zomer : « Agilité et finalité seront les deux mots d’ordre durant la prochaine crise : les entreprises doivent savoir où elles s’en vont pour bien évaluer les ouvertures sur le marché. » Mieux vaut en effet préférer l’optimisation à la coupe budgétaire : « Les entreprises dynamiques qui, ces dernières années, ont misé sur les stratégies numériques ont une longueur d’avance », confie-t-elle.

L’essentiel étant surtout de « faire preuve de réalisme face à la conjoncture économique ». Là aussi, la finance comportementale joue un grand rôle : « Une entreprise consciente des biais cognitifs sera plus à même de correctement interpréter les informations contradictoires. » Et ainsi d’éviter le piège du biais de confirmation, qui consiste à surévaluer les éléments qui confortent nos croyances.

« Autant dire que nous ne sommes pas au bout de nos peines, conclut Frances Zomer. Mais rien ne sert d’être fataliste. Notre capacité d’innovation n’a jamais été aussi forte. J’ai confiance en notre aptitude collective à relever les défis de cette décennie. »

Maintenir le cap en période de turbulences

Apprenez-en davantage sur ce qu’est vraiment une récession et sur la meilleure façon de faire des placements dans un marché volatil. Découvrez comment garder une longueur d’avance sur les dettes et la faillite, et consultez les nombreuses ressources de CPA Canada en littératie financière.