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Femme inquiète vérifiant les factures
Canada
Littératie financière

Conseils éclairés pour éviter la faillite

Des CPA vous renseignent sur les mesures à prendre en cas de signes avant-coureurs de difficultés financières.

Femme inquiète vérifiant les facturesN’attendez pas d’être au pied du mur pour demander des conseils professionnels. (Getty Images/coldsnowstorm)

De plus en plus de gens ont du mal à boucler leur budget et à payer leurs factures.

Statistique Canada fait état, encore cette année, d’une hausse de l’endettement des ménages, passé à 1,83 $ par dollar de revenu disponible contre 1,77 $ au troisième trimestre de 2022. « C’est pratiquement aussi élevé que le sommet de 1,85 $ atteint au troisième trimestre de 2018 », constate Nancy Snedden, CPA, chef, Services-conseils, Solutions à l’endettement personnel, BDO Canada.

Les conditions adverses s’accumulent. « Beaucoup ont vu leur revenu baisser en raison de la pandémie. Et puis à cause de l’inflation, tout coûte nettement plus cher qu’il y a un an. Les taux d’utilisation et d’obtention de cartes de crédit sont en croissance, de même que les taux de défaillance, car les retards de paiement se multiplient. »

Vos finances vous donnent du souci? Nous avons demandé à des spécialistes les mesures recommandées pour éviter la faillite.

1. DÉTECTER LES SIGNES AVANT-COUREURS

Il existe diverses façons de déterminer si vos dettes sont devenues trop lourdes, explique Nancy Snedden. Par exemple, si vous n’arrivez pas à verser des paiements supérieurs au montant minimal mensuel, ou si vous envisagez de prendre votre retraite (ou l’avez déjà prise), mais que vous en avez encore pour trois à cinq ans, voire davantage, à rembourser vos dettes.

Votre dette totale est un autre facteur à surveiller. Si vos paiements représentent plus de 40 % de votre revenu mensuel brut, vous risquez la déconfiture financière, prévient la conseillère. « Ceux et celles qui renouvelleront leur prêt hypothécaire en 2023 paieront des taux fixes de l’ordre de 5 % à 7 %; plusieurs n’auront donc plus les moyens de s’acquitter de leurs dettes. »

2. DEMANDER DE L’AIDE

Si des signes avant-coureurs se manifestent, demandez conseil sans tarder, pour éviter que le problème s’aggrave. Plusieurs agences de conseil en crédit sans but lucratif offrent un soutien de qualité à peu de frais, voire gratuitement. Pour de plus amples renseignements, consultez les sites du Conseil en crédit du Canada et de Crédit Canada.

Un syndic autorisé en insolvabilité (SAI) pourra aussi vous aider. « Plus vous réagissez vite, plus vous aurez d’options. N’attendez pas de recevoir des appels d’agences de recouvrement ou d’avoir complètement épuisé vos ressources financières. »

Un certain nombre d’organismes de crédit, notamment les coopératives d’épargne et de crédit, ont en place des programmes de microprêts pour éviter aux personnes à faible revenu de payer des taux d’intérêt élevés, souligne Sandy Lyons, CPA, associé, Sparkplug Consulting, à Lethbridge (Alberta). De plus, certaines villes octroient des subventions au logement aux propriétaires et locataires.

Le guide Orienteur en mesures d’aide de Prospérité Canada, qui recense plus de 400 programmes d’aide, peut aussi s’avérer utile.

3. ENRAYER LA SPIRALE

Peu importe qui vous consultez, on vous conseillera généralement de trouver des façons d’aligner vos dépenses sur votre revenu et vos ressources, entre autres en réduisant vos dépenses discrétionnaires, telles celles consacrées aux divertissements. Selon votre situation, vous pourriez considérer des mesures plus radicales, comme vendre une voiture ou renoncer à des vacances.

En plus de réduire vos dépenses, envisagez des moyens d’accroître votre revenu. Par exemple, propose Sandy Lyons, trouver un colocataire ou encore, louer votre garage, si vous ne l’utilisez pas.

Si nécessaire, songez à vendre des biens dont vous n’avez plus besoin afin de dégager des fonds pour régler des dépenses urgentes.

4. PAYER LES FACTURES À TEMPS

Même si vous peinez à joindre les deux bouts, on vous conseillera sans doute de faire tout en votre pouvoir pour payer vos factures de carte de crédit avant l’échéance. Autrement, votre cote de crédit en souffrira et vos taux d’intérêt augmenteront, ce qui aggravera encore vos difficultés.

« Si votre cote se dégrade, votre coût d’emprunt montera de quelques points de pourcentage », fait observer Sandy Lyons.

Nancy Snedden abonde dans le même sens. « On pourrait croire que manquer un seul paiement de carte de crédit sera sans conséquence, mais c’est faux : le taux de l’un de nos clients est passé de 19 % à 24,99 % après qu’il a sauté un seul paiement. »

Les personnes qui n’arrivent plus à payer leur solde de carte de crédit et leurs autres dettes peuvent recourir à la consolidation. Comme l’explique Sandy Lyons, cette solution permet de rembourser plusieurs dettes au moyen d’un seul nouveau prêt. En remplaçant une carte de crédit à 25 % par un prêt bancaire, il est possible, dans certains cas, d’abaisser à moins de 10 % le taux d’intérêt payé.

5. ENVISAGER UNE PROPOSITION DE CONSOMMATEUR

« Si vous ne pouvez plus faire face à vos dettes et avez épuisé toutes vos ressources, il reste à envisager un plan de restructuration », poursuit Sandy Lyons.

Vous devrez alors faire appel à un SAI, qui examinera l’ensemble de votre situation financière – actifs, revenu, dettes garanties et non garanties, et dépenses – et vous aidera à établir un plan budgétaire, précise Nancy Snedden. « Par la suite, il vous rencontrera régulièrement pour s’assurer que vous gérez efficacement votre budget. »

S’il n’est plus possible de refinancer votre dette, la prochaine étape est le dépôt d’une proposition de consommateur. « C’est une avenue honorable, qui vous permettra d’effectuer et de budgéter un seul paiement mensuel, et qui nuira moins à votre cote de crédit qu’une faillite. En accord avec vos créanciers, le SAI proposera un règlement des dettes fondé sur votre capacité de payer. Selon le cas, les créanciers pourraient consentir à un remboursement de 0,07 $ à 0,80 $ par dollar. »

Le syndic gère les paiements aux créanciers au moyen d’un compte en fidéicommis. Avantage notable : si la moitié des créanciers acceptent les conditions de la proposition de consommateur, les autres seront tenus de s’y conformer.

En tout dernier recours, la faillite personnelle est la seule solution, conclut Sandy Lyons. [Voir « Faillite personnelle : 4 choses à savoir avant de s’y résigner »]

AGIR RAPIDEMENT

Quelle que soit la solution adoptée, demandez de l’aide dès que possible, insiste Nancy Snedden.

« Quand on est malade, on ne s’autodiagnostique pas, on consulte notre médecin. La voiture tombe en panne? On la confie à notre garagiste. Le gros bon sens s’impose aussi en matière de finances. Si vous éprouvez des difficultés, adressez-vous à un syndic autorisé en insolvabilité pour connaître les mesures de redressement possibles. »

ÉVITER L’ENDETTEMENT

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