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Une adulte et une enfant regardent l’écran d’un téléphone intelligent dans une épicerie.
Canada
Finances personnelles

La récession expliquée par un économiste

David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada, décrypte le sens du terme « récession » et l’incidence de ce phénomène sur l’économie canadienne.

Une adulte et une enfant regardent l’écran d’un téléphone intelligent dans une épicerie.Le spectre d’une récession se profile à l’horizon de 2023. Pour l’instant, ce sont les effets de l’inflation, surtout sur le prix des aliments, qui touchent la plupart des gens. (Getty Images/Kentaroo Tryman)

La récession, on en entend souvent parler, mais on ne la comprend pas toujours bien. « Une récession technique n’a pratiquement aucun effet sur le quotidien des gens, contrairement à un taux d’inflation élevé », précise David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada.

QU’EST-CE QU’UNE RÉCESSION?

La définition communément admise d’une récession correspond à deux trimestres consécutifs de recul de l’activité économique.

Cependant, bien que le spectre d’une éventuelle récession en inquiète plus d’un, le taux de chômage reste faible. « La croissance est en perte de vitesse, et ce ralentissement pourrait aboutir à une récession en 2023, mais en parallèle, le taux de chômage n’a jamais été si bas, comme en témoigne le creux record de 4,9 % enregistré en juin. »

L’économiste explique que le resserrement du marché de l’emploi (croissance des offres d’emploi plus rapide que celle du bassin de candidats) s’est amorcé avant la pandémie et résulte avant tout du vieillissement de la population. « Nous avons atteint un point d’inflexion récemment, lorsque le nombre de postes à pourvoir a dépassé celui des chercheurs d’emploi, mais cette tension s’accumule sur le marché du travail depuis quelques années. »

La récession où nous a subitement plongés la pandémie a causé un choc économique brutal. Par chance, elle s’est vite estompée, en grande partie grâce à l’aide gouvernementale. « Cette fois-ci, le repli économique et l’éventuelle récession provoqueront sans doute un rajustement à la baisse plutôt qu’un choc majeur. Autrement dit, l’augmentation des taux d’intérêt mènera à une réduction des dépenses de consommation qui, à son tour, entraînera une diminution des bénéfices des entreprises et, en fin de compte, une baisse de la production économique. »

La montée des taux d’intérêt a d’ores et déjà ralenti la croissance économique, et d’autres hausses sont à prévoir d’ici la fin de l’année. « Par ailleurs, la pandémie s’est traduite par une augmentation importante de l’épargne, qui agit comme un amortisseur en permettant aux consommateurs de continuer à consacrer cet argent aux rénovations et aux vacances cet été. Cela dit, le niveau d’endettement des ménages étant particulièrement élevé, la consommation devrait se rééquilibrer assez rapidement, à compter d’octobre et de novembre prochains, puis au cours de l’hiver. »

Fait inusité, en ce moment, même si les consommateurs veulent dépenser, les entreprises n’arrivent pas à répondre à la demande. « Ce scénario inhabituel et persistant découle du choc causé par l’interruption de 40 % de l’activité économique pendant six semaines au début de la pandémie. »

PERFORMANCE ÉCONOMIQUE DU CANADA

La situation économique est relativement bonne au Canada et devrait le rester, souligne l’économiste. « Le pays s’est fort bien remis des perturbations liées à la pandémie grâce à l’argent injecté par le gouvernement. Espérons que cela annonce une récession moins dure au Canada que dans les autres États du G7. »

À son avis, l’obstacle qui entravera l’économie canadienne réside dans la croissance à long terme. « Nos défis à relever sur les plans de l’innovation, de la productivité et du vieillissement de la population laissent présager un combat de longue haleine. Cela dit, nous bénéficions de deux atouts : le pourcentage de la population active au Canada, supérieur à celui des États-Unis, et des politiques d’immigration qui contribuent à la croissance du marché du travail. »

Le Canada profite en outre d’un environnement bancaire solide, soutenu par des règles hypothécaires qui concourent à un marché immobilier stable. La hausse des taux d’intérêt et l’inflation aboutiront aussi à une correction du prix des maisons. « Elles ont déjà commencé à refroidir notre marché immobilier en surchauffe, et le rendront bientôt favorable aux acheteurs. Ces effets pourraient toutefois varier d’une ville à une autre. »

SURVIVRE À UNE RÉCESSION

Au grand dam des consommateurs, depuis février 2020, en moyenne, l’inflation rend négative la croissance des salaires.

« Au début de la pandémie, l’inflation faisait du surplace tandis que les salaires des travailleurs ayant conservé leur emploi augmentaient. Pourtant, le travailleur moyen a maintenant moins de pouvoir d’achat qu’en 2019. »

Si vous souhaitez vous préparer financièrement à une éventuelle récession, les mêmes règles de gestion qu’en période de forte inflation s’appliquent. Voici les conseils de David-Alexandre Brassard :

  • Reportez les grosses dépenses dans la mesure du possible.
  • Évitez de contracter des dettes et épargnez, si vous le pouvez. « Les taux d’intérêt élevés rendent les dettes encore plus coûteuses. »
  • Fixez le taux d’intérêt de vos emprunts hypothécaires et autres pour vous protéger des hausses futures.
  • Réévaluez votre portefeuille de placement avec votre conseiller et modifiez votre profil de risque, s’il y a lieu. « Les instruments de placement choisis dépendent de votre tolérance au risque. Selon votre profil, vous préférerez peut-être des placements à revenu fixe, moins risqués. »

PERSPECTIVES DU CANADA

Les récessions des années 1980 et 1990 ont été le fruit d’une combinaison de facteurs : faible croissance économique, forte inflation, taux d’intérêt et de chômage élevés (supérieurs à 10 % et à 8 %, respectivement).

Si la récession se concrétise en 2023, elle sera vraisemblablement moins pénible que les précédentes. « Dans les périodes d’inflation galopante des années 1970 et 1980, en particulier, les taux d’intérêt atteignaient des sommets, alors qu’aujourd’hui, il est encore possible de les relever pour réduire l’inflation. De plus, compte tenu du niveau d’endettement actuel des ménages, il est peu probable que les autorités doivent porter les taux à 10 % pour provoquer une baisse des dépenses de consommation. »

INFORMEZ-VOUS

Renseignez-vous sur l’inflation et la hausse des taux d’intérêt, et apprenez à organiser vos finances en suivant ces conseils simples.