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Couverture du livre Getting Along: How to Work with Anyone
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Les secrets de la bonne entente au travail

Le nouveau livre d’Amy Gallo, Getting Along: How to Work with Anyone (Even Difficult People), brosse le portrait huit personnalités difficiles au bureau et propose diverses façons de calmer le jeu.

Couverture du livre Getting Along: How to Work with AnyoneAmy Gallo dresse différents portraits de patrons dans son livre dont les patrons peu sûrs d’eux, les pessimistes, les passifs-agressifs, les je-sais-tout et les calculateurs.

Qui sera surpris d’apprendre que l’un des plus populaires sous-forums de Reddit – Am I the Asshole? – est né d’une querelle de bureau sur le réglage de la climatisation? Certainement pas Amy Gallo, collaboratrice à la rédaction du Harvard Business Review. Dans Getting Along: How to Work With Anyone (Even Difficult People), l’autrice raconte quantité d’histoires d’horreur, dont celle d’une patronne qui envoie 50 courriels avant les heures de bureau et téléphone à 21 h 15 pour savoir pourquoi elle n’a pas reçu de réponse à chacun de ses messages. Le tableau statistique qui s’ensuit est déprimant.

En effet, les relations interpersonnelles constituent la principale source de tension au travail : 94 % des personnes interrogées pour une étude déclarent avoir côtoyé une ou un collègue toxique au cours des cinq dernières années. Selon une autre étude, un individu sur trois avait quitté son travail pour cette raison.

Les dégâts ne se limitent pas à la carrière. Dans l’étude la plus saisissante citée par l’autrice, des équipes de recherche ont effectué des incisions sur les bras de 42 conjoints mariés. Résultat : ceux qui vivent des relations acrimonieuses mettent deux fois plus de temps à guérir. Autrement dit, un environnement toxique au quotidien représente une menace sérieuse pour la santé physique et mentale.

Certes, les mauvaises expériences sont familières. Toutefois, le mélange nuancé de conseils pratiques, de confessions et d’évaluations réalistes de l’autrice est frappant. Pour celles et ceux qui pencheraient pour le coup de poing – métaphorique ou littéral – sur le nez du bourreau, la situation peut s’avérer exaspérante. Amy Gallo constate que cette solution revient souvent lorsqu’elle demande aux gens de résoudre leurs problèmes d’une façon satisfaisante sur le plan émotionnel. Elle n’admet pas (tout à fait) ressentir cet élan, même si elle avoue avoir déjà eu tout un arsenal de réactions : piques passives-agressives, sourires hypocrites tout en pensant « je te déteste, j’aimerais que tu démissionnes ». Rien ne garantit non plus que l’empathie recommandée par l’autrice – tenter de comprendre les antécédents du collègue difficile – fonctionnera vraiment. Pourquoi? Notamment parce qu’au bureau, la culture stratégique récompense souvent les comportements toxiques.

L’autrice vise l’amélioration et non la perfection, et divise ainsi les fautifs en huit archétypes. Elle dissèque ensuite les pratiques exemplaires glanées au fil de l’expérience, ainsi que dans des études en neurosciences et en psychologie ou dans des entretiens avec des spécialistes. Sa liste : les patrons peu sûrs d’eux, les pessimistes, les victimes, les passifs-agressifs, les je-sais-tout, les bourreaux, les collègues partiaux et les calculateurs.

Les patrons peu sûrs d’eux, enclins à la microgestion et au dénigrement des subordonnés, ont parfois des supérieurs ayant le même penchant. Il faut les tenir constamment informés et se cantonner au « nous » inclusif. Une approche miraculeuse pour tous les archétypes, cela dit : plutôt qu’une menace, on verra en vous un allié.

Les éternels pessimistes qui sapent l’enthousiasme de l’équipe et freinent l’innovation peuvent avoir un vécu qui mérite d’être entendu. Cette écoute pourrait tempérer les propos alarmistes. Peut-être les victimes qui accusent sans cesse les autres ont-elles été ostracisées : sexisme, racisme, homophobie, capacitisme? Observez de près la dynamique des réunions auxquelles ces personnes participent. Encouragez-les à aider autrui – ce qui, selon certaines sources, favorise l’autonomie et atténue le sentiment d’infériorité.

Amy Gallo décortique les archétypes, présente une marche à suivre pour chacun d’eux et répète son credo : ils ne sont pas complètement mauvais, et vous n’êtes pas un saint. Il y a toujours plusieurs points de vue; certains nous échappent. Cet argument apparaît surtout dans la section consacrée aux collègues partiaux, que le personnel soit une cible directe ou un témoin mal à l’aise. Le monde professionnel évolue. Si le télétravail, imposé par le confinement des dernières années, atténue certains aspects des milieux toxiques – les victimes ne croisent plus leurs bourreaux tous les jours –, il en aggrave d’autres. Ainsi, garder un œil sur les communications parallèles du calculateur avec ses patrons et ses collègues devient impossible. Ce n’est pas un hasard si le sous-forum de Reddit évoqué plus haut comptait 1,7 million d’utilisateurs au début de la pandémie et en compte aujourd’hui le double.

La tendance à l’inclusivité des entreprises constitue le changement le plus notable. C’est dans sa section sur les collègues partiaux que l’autrice redouble de prudence. Elle reconnaît ses fautes et ses privilèges, et distille ses conseils avec circonspection. Les personnes visées doivent peser tous les effets possibles avant d’agir, mais les témoins des préjugés en action n’ont pas le choix : ils doivent dénoncer haut et fort sur-le-champ, sinon les avantages de la diversité resteront lettre morte, et le lieu de travail ne sera guère accueillant.

Si rien de tout cela ne parvient à réduire votre niveau de stress, vous aurez au moins essayé, avec l’absolution d’Amy Gallo. Getting Along, manuel résolument pratique, se termine par un chapitre sur le bon moment et la bonne façon d’aller chercher du travail ailleurs.

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Voyez en quoi l’humain se transforme sous l’influence du numérique, découvrez comment trouver du sens dans la mer des données qui nous envahissent et pourquoi « il est essentiel d’avoir une terminologie comptable commune, entre francophones. »