Passer au contenu principal
Réunion de la salle de conférence avec des personnes regardant un orateur écrivant à bord
Innovation
Technologies

Gouvernance des données : point de mire des CPA tournés vers l’avenir

Il existe pour le moment peu de normes de pratique et de lignes directrices sur l’évaluation des données et leur utilisation. Or, les CPA sont bien placés pour remédier à la situation.

Réunion de la salle de conférence avec des personnes regardant un orateur écrivant à bordSelon l’expert en analytique Michel Girard, le moment est venu pour la profession comptable d’élaborer des normes de pratique pour encadrer l’évaluation des données, de fixer des lignes directrices sur la façon dont les données sont utilisées et de permettre aux comptables d’incorporer les actifs intangibles que sont les données dans les états financiers. (Getty Images/Yuri_Arcurs)

Il n’y a pas si longtemps encore, lorsque l’économie tournait essentiellement autour de biens tangibles et que les médias sociaux ne faisaient pas partie du décor, il aurait était difficile d’imaginer qu’on puisse accoler un prix à quelque chose d’immatériel comme des données. Pourtant, cela ne nous étonne pas aujourd’hui, dans un monde où l’immatériel domine et où les données peuvent rapporter gros, notamment aux géants de la technologie.

On connaît bien l’importance des données, dont on sait qu’elles sont recueillies par des entreprises à des fins de publicité ciblée, mais pour ce qui est de leur valeur exacte, ça se discute. Selon Michel Girard, expert en analytique et chargé de recherche principal au Centre for International Governance Innovation (un groupe de réflexion indépendant établi à Waterloo, en Ontario), les estimations varient de 5 $ US à 20 $ US par mois par personne. – Et peut-être même plus, selon le type de données », avance-t-il.

M. Girard fait remarquer que dans une étude menée par la société Wibson (un marché décentralisé reposant sur une chaîne de blocs où les internautes sont invités à monétiser leurs données personnelles), on estime que la valeur des données personnelles recueillies par les géants de la techno, à des fins publicitaires, est d’au moins 240 $ US par année par personne. Comment arrive-t-on à de tels chiffres? Wibson précise sa méthode de calcul sur son site, mais il ne s’agit que d’une méthode parmi d’autres.

BIENTÔT UNE NORME NATIONALE?

Actuellement, il n’existe pas de norme pour régir les données et en déterminer la valeur. Et ce vide, les CPA seraient bien placés pour le combler. Comme le mentionne Joy Thomas, présidente et chef de la direction de CPA Canada, dans l’édition du magazine Pivot de janvier-février 2020, « [l]es CPA veillent depuis longtemps à jauger la valeur avec uniformité, dans le respect des normes. [...] Désormais, nous devrons examiner la circulation de l’information numérique dans les entreprises, chiffrer la valeur de ces données, et tirer parti des constats recueillis afin d’apporter une plus-value aux employeurs et aux clients ».

M. Girard est aussi de cet avis. Comme il le fait observer dans son étude, le moment est venu pour la profession comptable d’élaborer des normes de pratique pour encadrer l’évaluation des données, de fixer des lignes directrices sur la façon dont les données sont utilisées et de permettre aux comptables d’incorporer les actifs intangibles que sont les données dans les états financiers.

Cette recommandation de M. Girard – une parmi plusieurs au sujet de normes de gouvernance des données – découle du rapport La voie à suivre, publié par CPA Canada dans le cadre de son ambitieux projet Voir demain : Réimaginer la profession. Un des objectifs de cet exercice de réflexion est de cerner des stratégies d’adaptation aux innovations de rupture qui s’annoncent. M. Girard est d’ailleurs conseiller pour le volet « gouvernance des données » de la phase 2 du projet Voir demain.

DES IDÉES COMME POINT DE DÉPART

Étant donné l’absence de terrain d’entente, par où commencer pour établir une norme d’évaluation? Comme le souligne Michel Girard, certaines recherches, modèles et pratiques exemplaires existent déjà ou sont en cours d’élaboration.

Statistique Canada a publié en juillet 2019 un rapport d’étude intitulé La valeur des données au Canada : estimations expérimentales. Selon M. Girard, ce document est suffisamment détaillé pour que soit mise sur les rails une première norme d’évaluation des données par la profession comptable.

En 2015, la société Gartner a publié un rapport intitulé Why and How to Measure the Value of Your Information Assets. Son approche repose sur diverses méthodes d’évaluation des données – des mesures autant financières que fondamentales. En 2017, Gartner a aussi publié Treating Information as an Asset, parmi d’autres rapports.

Des sociétés de capital-risque ont également défini des méthodes pour déterminer la valeur d’entreprises spécialisées dans la production d’actifs intangibles.

Enfin, le gouvernement des États-Unis a commencé à se pencher sur l’importance d’établir des normes pour évaluer la valeur des données recueillies par les grandes sociétés technologiques. À ce propos, le Congrès américain a voté une loi intitulée Designing Accounting Safeguards to Help Broaden Oversight and Regulations on Data Act (DASHBOARD).

IMPORTANCE DE PRENDRE LES DEVANTS

Il est probable que davantage de recherches sur l’évaluation des données seront réalisées dans l’avenir. Mais comme le montrent le rapport La voie à suivre et l’étude de Michel Girard, la nécessité d’avoir des normes de pratique fondamentales concernant tous les aspects de la gouvernance des données et de la chaîne de valeur des données se fait sentir dès maintenant. Un besoin qui ne fera que s’accentuer, sachant que l’économie des actifs intangibles est appelée à croître à pas de géant dans les années à venir.

C’est avec un sens aigu de ces réalités que la profession place la gouvernance des données au premier plan, au moment où s’amorce la deuxième phase du projet Voir demain.

CPA Canada participe déjà au Collectif canadien de normalisation en matière de gouvernance des données (un réseau d’organismes de normalisation et d’organisations des secteurs public et privé et du milieu universitaire), qui élabore des normes concernant les usages numériques. Comme le mentionne M. Girard, « la profession comptable doit concevoir une stratégie de consultation, pour que les CPA entreprennent le travail de soutien des normes, acquièrent de l’expérience dans une discipline émergente et se positionnent comme experts ».

Bien entendu, il reste beaucoup à faire, mais les CPA sont tout indiqués pour s’atteler à la tâche.

RENSEIGNEZ-VOUS!

Vous souhaitez en savoir plus sur les principaux thèmes qui ont émergé des commentaires recueillis à la première phase du projet Voir demain de CPA Canada?

Écoutez un webinaire à la demande (gratuit) au sujet de notre initiative stratégique visant à refaçonner la profession. Des hauts dirigeants de CPA Canada y abordent la réponse des CPA à des questions clés qui influent sur notre secteur. Ils discutent aussi de l’incidence des changements sur la profession, ici et ailleurs. Enfin, vous saurez comment faire entendre votre voix à la phase 2 du projet Voir demain.