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Caroline Gadbois, Vincent Godcharles et Kevin K.
Comptabilité
La profession

Portraits de trois CPA qui ont déjà les deux mains dans l’avenir

Actifs dans des domaines très variés, des CPA travaillent déjà de manière innovante donnant un aperçu de ce que les prochaines années nous réservent.

Caroline Gadbois, Vincent Godcharles et Kevin K.Caroline Gadbois, Vincent Godcharles et Kevin Kolliniatis (Images fournies)

Dans un monde où se multiplient les bouleversements technologiques, les préoccupations ESG et les changements induits par l’IA, il est logique que nos processus organisationnels évoluent.

Or, des CPA travaillent déjà selon des méthodes radicalement tournées vers l’avenir. Loin d’occuper des emplois futuristes ou nécessairement hautement spécialisés, ils contribuent tous à forger dès aujourd’hui les pratiques des organisations de demain.

Tous reconnaissent à quel point leur bagage de CPA les a aidés dans leur parcours. Nul doute donc qu’ils sauront à leur tour inspirer d’autres CPA à tracer leur propre voie.

La durabilité tatouée sur le cœur : Caroline Gadbois
Directrice principale, Certification et rapports ESG, chez PwC Canada

Ayant grandi sur la ferme maraichère de ses parents, Caroline Gadbois a toujours eu un côté nature. « Le développement durable fait partie de mes valeurs, je m’y intéresse particulièrement depuis l’université ». Celle qui compte à présent plus de 14 ans d’expérience chez PwC passés à fournir des services d’audit n’a donc pas hésité quand le cabinet lui a proposé de diriger le service Certification et rapports ESG au bureau de Montréal en 2021. « En 2 ans seulement, mon équipe est passée de 5 à 15 personnes, et nous prévoyons doubler de taille chaque année vu le volume de demandes anticipé avec l’arrivée de nouvelles normes. »

En effet, plusieurs entreprises canadiennes qui entendent être des leaders en durabilité aimeraient publier dès 2024 des rapports ESG conformes aux deux premières normes formulées par l’ISSB en juin dernier. « Si les Autorités canadiennes en valeurs mobilières décident d’adopter le Règlement sur l’information liée aux questions climatiques, ces normes pourraient entrer en vigueur dès le 1er janvier 2024, alors le temps presse, surtout qu’une réglementation concurrente, intitulée « Directive en ce qui concerne la publication d'informations en matière de durabilité par les entreprises » est déjà en cours en Europe pour certaines organisations qui y ont des activités. »

Si l’enjeu semble aller de soi pour les grandes organisations, les petites et moyennes entreprises devront suivre si elles veulent répondre aux exigences de leurs parties prenantes. Par exemple, il est de plus en plus fréquents de retrouver dans des appels d’offres des demandes d’informations liées aux facteurs ESG. Les investisseurs et les institutions financières demandent elles aussi des informations dans ce sens, ce qui permet dans certains cas aux entreprises, d’obtenir de meilleurs taux de financement, explique Caroline Gadbois.

Heureusement, le sujet intéresse de nombreux jeunes prêts à accompagner des clients dans l’adoption des normes propres aux rapports ESG.

« Plusieurs de mes employés sont des CPA titulaires d’un programme, d’un certificat ou d’une maitrise en développement durable, offerts par des universités ou par CPA Canada. D’autres sont juste passionnés par le sujet. Dans tous les cas, leur bagage de CPA les prépare très bien à travailler dans le domaine, car auditer des chiffres de vente ou des émissions de gaz à effet de serre revient fondamentalement au même. Le sujet change, mais on n’a pas de mal à comprendre un modèle d’affaires, les assertions ou les risques possibles. Et en cas de sujets plus techniques liés par exemple à la compréhension des sources d'émissions, ils peuvent solliciter l’aide d’experts. »

Qui plus est, ajoute Caroline Gadbois, le domaine de la présentation d’informations ESG est récent, alors peu de personnes peuvent se targuer d’y travailler depuis vraiment longtemps. « C’est vraiment un domaine du futur, jamais le moment n’a été plus propice pour se lancer. »

L’efficience des entreprises : Vincent Godcharles
PDG de Logient et de nventive, et associé chez Oliva Capital

À la tête d’une armée de plusieurs centaines d’experts en technologie, Vincent Godcharles propulse les entreprises d’aujourd’hui dans le monde de demain.

Après un parcours en cabinet comptable et en agences de publicité, Vincent Godcharles a pris un virage techno. Devenu PDG de Logient en 2014, il est également devenu le PDG de nventive en 2023. Les deux entreprises font partie d’Oliva Tech, une division d’Oliva Capital, société d’investissement dont il est aussi devenu un des associés en 2021.

« Si nventive se concentre essentiellement sur l’expérience numérique des utilisateurs, Logient mise sur la transformation numérique des organisations en vue d’augmenter leur efficience. On y développe entre autres des systèmes de gestion sur mesure ainsi que d’intégration de plateformes ERP ou CRM tels que SAP, Microsoft Dynamics ou Salesforce. On construit des bases de données nettoyées, voire des lacs de données, où on va accumuler jusqu’à des centaines de millions de lignes de données. Nous sommes ensuite en mesure d’automatiser des processus d’affaires grâce à des algorithmes puissants qui nous font gagner en efficacité. »

Sans ambages, Vincent Godcharles avoue ne pas être un expert techno. « Je suis entouré par près de 550 spécialistes du domaine, environ 400 chez Logient et 150 chez nventive, bien meilleurs que moi. En revanche, je sais expliquer à un dirigeant ou à un chef des finances pourquoi il doit se concentrer sur l’expérience unique que doit offrir son organisation, comment l’automatisation peut rendre celle-ci bien plus performante et à quel point tout ce qui a trait à la sécurité compte. »

Vincent Godcharles sait que ce virage numérique en effraie plus d’un, pourtant, des solutions taillées sur mesure peuvent facilement être déployées à moindre coût dans les petites organisations.

« C’est là que le parcours de CPA me sert, explique le PDG. La formation touche à tout : comptabilité et finance bien sûr, mais aussi finances de marché, fiscalité, ressources humaines, technologie, marketing, et bien plus encore. Cela me permet d’être un meilleur dirigeant et me donne un avantage que je perçois quand je côtoie des collègues qui n’ont jamais touché à l’un de ces domaines. »

Il souligne aussi qu’avoir travaillé avec des organisations variées à ses débuts l’aide à mieux comprendre les enjeux de celles avec qui il travaille aujourd’hui. « Certains craignent le coût de cette transformation, mais la technologie ne stagne pas, donc plus ils attendent, plus leur dette technologique augmente. Comme CPA, je suis en mesure de leur expliquer pourquoi il s’agit d’investissements et non de dépenses, et quel retour est possible. Comprendre cela ou non peut s’avérer une question de vie ou de mort pour les organisations. »

L’audit en continu : Kevin Kolliniatis
Associé et leader national, Technologies, Audit et certification, chez KPMG au Canada

Kevin Kolliniatis, leader du groupe Technologies au sein de la fonction Audit et certification de KPMG au Canada, est le maître d’œuvre derrière la transition de son cabinet vers l’audit en continu.

« J’évolue dans le domaine de l’audit et de la certification depuis près de 25 ans, et ces dernières années, je m’intéresse davantage aux effets profonds qu’aura l’audit en continu sur la profession. C’est le début d’une toute nouvelle ère en audit. »

Aux antipodes de l’audit traditionnel, qui repose sur des procédures mises en œuvre à des moments précis, l’audit en continu désigne une surveillance et une analyse continues des données transmises en vue d’identifier toute exception en temps réel. « En termes simples, un flux d’informations du système client principal alimente constamment le système d’analyse en continu. Si des valeurs aberrantes sont repérées, vous ou votre client pouvez réagir sur-le-champ ».

En plus de permettre à la direction de surveiller les opérations en temps réel, l’audit en continu peut contribuer à la détection de problèmes comme des montants facturés en double. Et contrairement aux techniques d’audit traditionnelles fondées sur l’échantillonnage, la méthode en continu assure la surveillance de l’ensemble des opérations.

Malgré les avantages évidents de cette méthode, ce n’est que récemment qu’on a pu commencer à réunir les éléments nécessaires à sa mise en œuvre concrète. « Avoir les bonnes technologies c’est bien, mais il faut aussi donner aux utilisateurs le temps de s’adapter. »

C’est ainsi que Kevin Kolliniatis et son équipe ont amorcé une collaboration avec l’Université Simon Fraser, il y a six ans, pour créer un programme permettant aux professionnels de KPMG d’obtenir un certificat de deuxième cycle en comptabilité, avec spécialisation en analytique numérique, puis de passer à la maîtrise en comptabilité, avec spécialisation en analytique cognitive. « Ce programme a été un important tremplin, car nos professionnels doivent atteindre un certain niveau avant de pouvoir appliquer le concept. »

Le cabinet a par ailleurs constaté qu’il avait besoin de gens compétents en science des données, en informatique, et en bases de données. « Nous en avons rapidement embauché, car ils sont indispensables au bon fonctionnement du système. »

En outre, en dehors du cabinet, les clients doivent savoir gérer le processus d’audit en continu. « Avec cette méthode d’audit, les interactions avec l’auditeur sont plus fréquentes tout au long de l’exercice. Mais c’est une bonne chose, car à la fin de l’exercice, il comprend bien l’entreprise et les opérations effectuées. »

Évidemment, quelques obstacles persistent en matière d’audit en continu. « Pour l’instant, tous n’ont pas accès à cette technologie – il existe littéralement des centaines de progiciels comptables sur le marché. De plus, certains clients ne sont pas encore passés à l’infonuagique, ce qui complique le processus de saisie des données. »

Quoi qu’il en soit, Kevin Kolliniatis a observé ces cinq dernières années des changements technologiques majeurs qui commencent à constituer les bases d’une adoption plus facile. « C’est indubitablement la voie de l’avenir. Dans cinq ans, j’estime que nous aurons atteint un taux d’adoption de 10 % à 20 %. Les progrès vont en ce sens, c’est certain. Comme CPA, il est fascinant de participer à une transformation d’une telle importance. »

EN SAVOIR PLUS

Consultez les ressources technologiques de CPA Canada sur les incidences de l’automatisation et de l’IA concernant le rôle des CPA. Voyez si l’IA va trop vite pour que les autorités de réglementation puissent suivre.

Parcourez également les ressources de CPA Canada pour voir comment les organisations axées sur la durabilité réussissent à équilibrer leur résultat net et d’autres facteurs importants, dont leurs incidences sociales et environnementales.