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Les femmes d'affaires à la recherche d'échantillons de tissu sur le tableau de présentation
Canada
Économie

Combattre la récession en aidant les femmes à occuper un emploi : trois conseils

La reprise économique passe par le retour des femmes sur le marché du travail.

Les femmes d'affaires à la recherche d'échantillons de tissu sur le tableau de présentationLes organisations doivent fournir aux femmes des occasions de réintégrer le marché du travail et d’obtenir de l’avancement. (Getty Images/Morsa Images)

Depuis l’éclosion de la COVID-19, de nombreuses études révèlent que la situation a une incidence disproportionnée sur les femmes et leur participation au marché du travail.

Après avoir constaté que 1,5 million de femmes ont perdu leur emploi au cours des deux premiers mois de la récession, la RBC nous apprenait en novembre 2020 que trois fois plus d’hommes avaient retrouvé un emploi par rapport aux femmes : de février à octobre de l’année dernière, plus de 20 000 femmes ont quitté le marché du travail, pendant que 68 000 hommes s’y ajoutaient.

L’explication avancée? La croissance qu’enregistrent les secteurs STIM (science, technologie, ingénierie et mathématiques) profite aux hommes, tandis que les femmes se retrouvent avec les obligations liées à la garde d’enfants, amplifiées par les confinements et les fermetures d’écoles.

Selon un sondage réalisé par le Projet Prospérité, un tiers des Canadiennes envisagent de quitter leur emploi en raison d’un stress accru à la maison. Dans le domaine de la finance, selon les résultats obtenus par le regroupement torontois Women in Capital Markets (WCM), 9 % des femmes qui travaillent à temps plein dans ce secteur avaient envisagé de quitter leur emploi, et 9 % avaient songé à prendre congé pour des raisons personnelles.

Les experts s’entendent : en attendant des jours meilleurs, les organisations peuvent jouer un rôle déterminant pour permettre aux femmes de retrouver ou de garder leur poste.

Voici trois mesures que peuvent prendre les entreprises.

1. OFFRIR DES VOIES D’ACCÈS AU TRAVAIL

Après avoir quitté le marché du travail, les femmes peuvent avoir de la difficulté à y revenir.

« La flexibilité de l’accès au travail a toujours posé problème dans le cas des femmes, explique Pamela Jeffery, dirigeante du Projet Prospérité, un OSBL qui cherche à réduire l’impact de la pandémie sur les femmes. Celles qui veulent revenir au travail, par exemple après un congé de maternité, cherchent des voies d’accès, et les salariées qui veulent fonder une famille se demandent comment y parvenir. »

Lorsqu’elles réintègrent le marché du travail, les femmes sont souvent perdantes, côté professionnel. Le risque de stagnation, voire de rétrogradation, est réel, constate Camilla Sutton, ancienne présidente et chef de la direction de WCM, qui dirige maintenant la recherche sur les actions chez BMO Marchés des capitaux. La pandémie vient aggraver la situation : nul ne sait quand elle sera derrière nous, ni combien de temps la reprise économique se fera attendre.

« Reprendre sa vie professionnelle n’est pas facile. Au fil du temps, les femmes n’ont pas l’occasion de saisir d’importants moments dans leur parcours professionnel, d’accepter plus de responsabilités et d’avancer au diapason de la croissance de l’organisation, explique-t-elle. Ce phénomène aggravé par la pandémie pourrait signifier un grand recul pour les femmes. »

Dans ce contexte, les organisations devraient permettre aux femmes de réintégrer le marché du travail sans heurts, en encourageant l’avancement professionnel.

C’est ce qu’a commencé à faire WCM, en association avec les institutions financières canadiennes, en 2010. Cette année-là, le regroupement a introduit son programme Return to Bay Street (RTBS), axé sur la rétention des femmes de talent dans le secteur des services financiers en aidant celles qui ont pris un congé, particulièrement pour des raisons familiales, à retrouver leur poste de niveau intermédiaire ou supérieur grâce à du soutien professionnel.

Celui-ci peut comprendre les programmes de WCM, des bourses d’études, des possibilités d’établir un réseau professionnel, la communication d’informations sur le secteur et des occasions d’acquérir de l’expérience. Selon WCM, le programme RTBS a permis à 73 femmes d’expérience de revenir dans le secteur; 76 % comptent y rester, 32 % ont obtenu des promotions et 84 % ont eu de l’avancement dans leur cabinet.

2. INVESTIR DANS LES PROGRAMMES DE SOUTIEN

En plus de simplifier le retour au travail, les employeurs peuvent mettre en œuvre des programmes de soutien pour s’adapter à la situation particulière de l’employée afin de l’aider à trouver un équilibre entre le travail et ses obligations personnelles.

« Les employeurs ont un rôle important à jouer : les superviseurs doivent discuter avec les parents et leur fournir des accommodements dans la mesure du possible », dit Mme Jeffery.

Dans un rapport récent, intitulé Le projet « She-Covery » : Faire face aux impacts économiques sexospécifiques de la COVID-19, la Chambre de commerce de l’Ontario présente des recommandations « permettant de résoudre les difficultés immédiates et celles à plus long terme » que la pandémie entraîne pour les femmes.

Le rapport encourage les organisations à mettre en œuvre des initiatives pour les employées, comme la définition et le perfectionnement des compétences, et à leur permettre d’exploiter au mieux leur potentiel. Ces efforts devraient être axés sur les métiers spécialisés, la technologie et l’ingénierie ainsi que les autres professions et secteurs à forte croissance, selon le document. Les programmes de soutien peuvent aussi comprendre des arrangements de travail souples, qui rendent la situation plus juste tout en améliorant les résultats de l’organisation.

« Les entreprises peuvent en faire beaucoup plus en optant pour la transparence en matière de politiques, explique Mme Sutton. La question de la santé, y compris la santé mentale, est particulièrement préoccupante. »

Dans le rapport, on recommande également une réforme systémique des services de garde pour les rendre plus accessibles et plus abordables, de même qu’un soutien accru pour les entrepreneures de diverses origines qui travaillent dans des domaines non traditionnels.

3. RÉEXAMINER LES POLITIQUES EN MATIÈRE DE DIVERSITÉ ET D’INCLUSION

Les répercussions de la pandémie risquent d’anéantir les progrès réalisés ces dernières années en matière d’égalité entre les sexes et pourraient aussi éroder les efforts déployés pour favoriser la diversité et l’inclusion, craint Mme Sutton.

Il ne sera pas facile de se remettre de tels reculs, ajoute-t-elle.

« Il a fallu des décennies pour écarter certains des obstacles auxquels se heurtent les femmes... le constat de la perte d’un groupe de talents si important à un moment crucial serait très amer pour ceux qui œuvrent pour l’avancement de la cause de la diversité, dit-elle. Le secteur a besoin de la diversité pour réussir. »

Dans ce contexte, la Chambre de commerce de l’Ontario recommande aux organisations de s’engager à établir des objectifs collectifs pour favoriser un bon leadership et la responsabilité, d’encourager la diversité, d’inclure des femmes dans les instances décisionnelles et d’examiner les stratégies, les politiques et les programmes de reprise sous l’angle de l’égalité des sexes et de la diversité.

« La pandémie a mis au jour différents aspects des inégalités sociales. Le milieu de travail n’y échappe pas, poursuit Mme Sutton. Il est important de tirer des enseignements de la situation pour accélérer les progrès en matière d’équité, de diversité et d’inclusion. »

Pour ce faire, les organisations doivent examiner leur approche actuelle et analyser les données pour modifier au besoin leurs politiques, procédures et programmes, ajoute Mme Jeffery. Cette question requiert des mesures immédiates et décisives si nous voulons relancer l’économie et atteindre la prospérité après la pandémie, dit-elle.

« Idéalement, poursuit-elle, les employeurs devront analyser les données dont ils disposent pour déterminer la représentation des femmes au sein de leur effectif, à chaque échelon, avant la pandémie, puis s’engager à ce que cette représentation augmente ou à tout le moins ne diminue pas. »

« Il est essentiel que les Canadiens saisissent l’importance du lien entre la situation des femmes et la prospérité du pays... il y va de la reprise économique, dont nous avons tous besoin. »

COMPOSER AVEC LA PANDÉMIE

La pandémie vous amène vers l’épuisement? Ces conseils vous aideront à retrouver un certain équilibre. Et pendant que le confinement est en vigueur dans certaines provinces, soyez à l’affût des signes avant-coureurs pour savoir si votre entreprise est en difficulté.