Infidélité financière : apprenez à reconnaître les signes
Près de un Canadien sur cinq admet avoir des secrets financiers pour son conjoint, selon un récent sondage. (Getty Images/HRAUN)
Les relations amoureuses ont été mises à rude épreuve depuis le début de la pandémie de COVID-19, qui a exacerbé les tensions financières et devrait entraîner une hausse du nombre de divorces.
Le confinement a levé le voile non seulement sur les conflits de personnalités qui peuvent apparaître lorsque les conjoints passent leurs journées ensemble, mais aussi, dans certains cas, sur des comportements relatifs à la gestion des finances qui étaient passés inaperçus jusque-là.
Selon un sondage mené en février 2020, avant le début de la pandémie, près de un Canadien sur cinq admettait avoir des secrets financiers pour son conjoint, la valeur pécuniaire de ces mensonges dépassant 10 000 $ dans 17 % des cas.
L’argent étant une des principales causes de rupture, l’infidélité financière peut être un obstacle insurmontable pour bien des couples.
Voici quatre conseils pour gérer l’infidélité financière avant qu’elle ne mène à une rupture.
1) SACHEZ CE QU’EST L’INFIDÉLITÉ FINANCIÈRE
Michael Deepwell, CPA, directeur chez Lamp Financial, explique que l’infidélité financière au sein du couple consiste généralement à ne pas respecter une obligation ou un engagement de nature financière, et que cette infidélité se manifeste de maintes façons.
« Le conjoint n’est pas complètement honnête sur ses finances personnelles, dit-il. Ses mensonges peuvent porter sur ses dépenses, ses actifs, ses comptes, ses placements ou, le plus souvent, ses dettes. »
Par exemple, vous pouvez épargner de l’argent, contracter des dettes (emprunts ou cartes de crédit), investir en bourse ou faire de grosses dépenses sans le dire à votre conjoint ni en discuter avec lui.
« Vous tentez sciemment de dissimuler quelque chose que vous faites, et ce, pour diverses raisons », ajoute M. Deepwell.
Ce manque d’honnêteté est une sorte de trahison, qui s’apparente à un adultère, car elle est source de confusion et de colère et mine la confiance, surtout quand l’argent est vu comme celui du couple, soutient Carmelia Ray, spécialiste en rencontres.
« C’est ce qu’on appelle la micro-infidélité, précise-t-elle. Vous ne trompez pas vraiment votre conjoint, mais vous lui dissimulez des choses qui pourraient le contrarier. Ce phénomène n’est pas rare au regard de l’argent. »
2) SOYEZ ATTENTIF AUX SIGNES AVANT-COUREURS
Des comptes bancaires dégarnis, des dettes de cartes de crédit, de somptueux cadeaux ou des colis qui s’empilent sur le pas de la porte, voilà des signes manifestes de dépenses excessives.
Il existe aussi des signes moins évidents : votre conjoint répond de manière évasive, est mal à l’aise ou change de sujet dès que vous abordez la question des finances ou posez des questions sur ses dettes, ses économies, son revenu ou ses grosses dépenses.
« Chaque fois que quelqu’un dissimule de l’information, se dérobe, se replie sur lui-même, devient nerveux en votre présence, cherche à éviter ces discussions... c’est le signe qu’il y a anguille sous roche », explique Mme Ray.
Un conjoint, selon M. Deepwell, peut penser qu’il a le droit de dépenser son argent à sa guise ou qu’il n’a pas besoin de consulter l’autre sur les finances du ménage. Ou il peut supposer que son conjoint approuverait ses décisions. Mais prendre des décisions sans en parler d’abord est un autre signal d’alarme.
3) DÉCHIFFREZ L’INTENTION
De nombreuses raisons peuvent expliquer l’infidélité financière de son conjoint : la honte de s’être endetté, le sentiment qu’il ou elle a tous les droits sur ses propres revenus, des problèmes de toxicomanie ou de santé mentale, l’ignorance des effets possibles de ses décisions financières (ou l’indifférence face à ces effets). Quelle que soit la raison, il faut tenter de comprendre la source du comportement, estime M. Deepwell.
« Déterminez l’intention et l’occasion, en mettant les choses en contexte. »
Réexaminez votre partenariat financier : qui paie quelles factures, quels sont les comptes bancaires et les cartes de crédit détenus conjointement et individuellement, et qui est responsable des dépenses du ménage, comme l’épicerie, l’entretien et les réparations, conseille-t-il. Vous serez ainsi en mesure de déceler toute anomalie.
« Divers problèmes peuvent se poser... et ils apparaissent souvent avec le temps, explique M. Deepwell. Il peut être difficile de les voir sur le coup, mais, avec du recul, les signes deviennent clairs. »
Enfin, déterminez quels sont les objectifs financiers de chacun et s’ils concordent.
« Si vous constatez que vos objectifs financiers divergent, c’est peut-être le signe que votre conjoint agit de manière à atteindre ses objectifs, mais pas les vôtres. »
4) RÉGLEZ LE PROBLÈME ET ALLEZ DE L’AVANT
Soupçonner son conjoint d’être financièrement infidèle ne justifie pas une confrontation. Réunissez d’abord des preuves, conseille M. Deepwell, puis abordez le problème de la manière qui convient à votre situation.
Si vous vivez ensemble depuis peu, c’est l’occasion de vous mettre sur la même longueur d’onde sur la question des finances. Considérez les signes avant-coureurs comme un tremplin vers l’harmonisation de vos objectifs budgétaires ou une séparation avant que vous ne soyez trop investi sur le plan émotif ou financier.
« Discuter de ce que chacun attend de la relation, notamment en ce qui concerne les finances, fait partie de toute nouvelle relation. Commencez par en parler avant d’examiner les relevés financiers de votre conjoint. Essayez d’avoir une discussion ouverte et franche qui renforcera le sentiment de confiance et de sécurité. »
Si vous êtes marié ou en couple depuis longtemps, l’approche est différente.
Vous devez d’abord passer en revue les ententes ou plans financiers conclus précédemment afin de rajuster vos objectifs et de reprendre vos finances en main, préconise Mme Ray. Vous devrez peut-être modifier le budget du ménage, le montant des dépenses permises ou les revenus prévus. Engagez la conversation en évitant la confrontation. Si, toutefois, votre conjoint est sur la défensive, il vaut mieux demander à un thérapeute, un planificateur financier ou un comptable d’agir comme médiateur.
« Il est important de ne pas accuser l’autre. Montrez plutôt à votre conjoint que la situation vous préoccupe. Cultivez l’art du compromis et ayez assez de respect pour discuter de vos finances personnelles. »
M. Deepwell partage cet avis. Il ajoute que le couple – avec ses actifs, ses dettes, ses responsabilités et ses expériences – est un partenariat dans lequel chacun détient une part égale (de 100 % ou de 0 %) et est responsable des conséquences des actes de l’autre.
« Le couple n’est pas une coentreprise dans laquelle un conjoint détient une part de 30 % et l’autre, une part de 70 %, et où la responsabilité de chacun est fonction de ce pourcentage », explique-t-il.
« Chaque conjoint a un parcours personnel et familial différent. De nombreux facteurs influent sur sa façon de gérer l’argent... mais l’important est de prendre en considération ses opinions et ses expériences, et d’avoir une discussion ouverte avec son conjoint. »
CONSEILS EN FINANCE POUR LES COUPLES
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