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femme d'affaires jeune cherche des conseils de femme d'affaires mature dans une salle de conférence
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Le leadership féminin : surmonter les obstacles

Des femmes d’affaires canadiennes expliquent comment elles ont gravi les échelons.

femme d'affaires jeune cherche des conseils de femme d'affaires mature dans une salle de conférenceTrouver une mentore ou une marraine qui a vécu les mêmes expériences que soi, comme être la seule femme au sein d’un conseil d’administration, est essentiel pour toute femme qui vise la direction d’une entreprise. (Getty Images/Jasmin Merdan)

Embaucher des femmes augmente le rendement des entreprises, mais le parcours des femmes et des hommes jusqu’au sommet est souvent bien différent.

Selon un rapport publié par Morgan Stanley, qui examine le pourcentage de femmes qui travaillent dans quelque 2 000 entreprises au sein de l’indice MSCI Monde, les entreprises qui comptent la plus forte proportion de femmes ont affiché un rendement supérieur de 2,8 % à celui des entreprises moins diversifiées au cours des huit dernières années.

Par ailleurs, le rapport du Sommet sur le leadership des femmes de KPMG montre que 66 % des 550 dirigeantes interrogées ont déclaré avoir changé davantage leur style de leadership que les hommes, tandis que 81 % ont affirmé avoir dû faire preuve de plus de souplesse pour progresser dans leur carrière. Intitulé Advancing the Future of Women in Business, ce rapport traite de l’influence du style de leadership des dirigeantes sur leur prise de décision, l’avancement de leur carrière et leur force de motivation. 

« Les résultats confirment ce que je pensais : les femmes changent leur style de leadership en fonction de la situation, affirme Mary Lou Maher, associée directrice, Gestion des risques, et chef, Inclusion et diversité, à KPMG Canada. Cela ne me surprend pas, car c’est ce que j’ai fait. Les femmes progressent au sein des entreprises canadiennes. Mais quel chemin parcouru pour en arriver là! »

Nous avons invité trois femmes d’affaires canadiennes, choisies en raison de leurs fonctions, de leurs années comme leaders et de leur expérience comme CPA ou dans le secteur des services financiers, à parler de leur propre cheminement. Découvrez ce qu’Anne-Marie Hubert (associée directrice, segment de marché Est d’EY Canada), Loren Francis (vice-présidente et directrice au HighView Financial Group) et Eva Wong (cofondatrice et chef de l’exploitation à Borrowell, société canadienne de technologies financières) avaient à dire sur le sujet.

SURMONTER LES OBSTACLES

Bien que la première ait amorcé sa carrière plus de 10 ans avant la seconde, Loren Francis et Eva Wong estiment qu’elles ont fait face à des obstacles bien plus importants que les hommes. 

« À mes débuts, je n’étais pas vraiment prise au sérieux : j’étais jeune, asiatique, inexpérimentée et, de surcroît, une femme, déclare Mme Wong. Comme je paraissais probablement plus jeune que mon âge, j’ai dû travailler plus fort pour gagner le respect réservé jusque-là à mes collègues masculins. » 

Loren Francis partage son avis. « Vous devez d’abord faire vos preuves, montrer que vous êtes capable. Ce n’est qu’ensuite que vous pourrez apporter une valeur ajoutée et progresser dans votre carrière. » 

Bien que Mme Francis se soit sentie bien accueillie dans le milieu des services bancaires d’investissement, elle se rappelle avoir rencontré des embûches lors de sa transition vers des postes de direction. 

« À ce stade de ma carrière, j’ai commencé à être comparée à mes collègues masculins. Or, il existe de grandes différences entre les méthodes de travail des hommes et celles des femmes. »

Cela s’explique peut-être par l’influence que la notion « culturelle » de leadership exerce sur notre perception des hommes et des femmes, explique Michele Bowring, professeure agrégée en leadership et en organisation au Département de gestion de l’Université de Guelph.

« Dans notre culture, le comportement attendu des dirigeants est généralement basé sur le comportement des hommes, explique-t-elle. Les véritables leaders sont tournés vers l’action, sûrs d’eux et efficaces, et ils savent prendre des décisions, tandis que les femmes sont attentionnées et bienveillantes. » 

PRENDRE DES DÉCISIONS DIFFICILES

Récipiendaire de l’Ordre du Canada et reconnue pour son engagement à l’égard de l’égalité des sexes et son mentorat au travail, Anne-Marie Hubert se définit comme une dirigeante inclusive qui entretient une bonne communication avec ses équipes. Pourtant, il est arrivé que certaines décisions difficiles se retournent contre elle et nuisent à la perception que les autres avaient d’elle. 

« On ne s’attend pas à ce que les femmes prennent des décisions difficiles, soutient-elle. Dans les mêmes circonstances, les hommes sont vus comme des leaders. Mais quand vous êtes une femme... il vaut mieux consulter les autres et faire clairement comprendre que vous n’avez pas pris la décision seule. »

Elle recommande aux dirigeantes d’engager un dialogue avec leurs équipes et de solliciter l’avis de leurs collègues durant le processus décisionnel, tout en maintenant fermement leurs positions. 

« Je n’ai rien changé à ma façon de faire. Je communique différemment, c’est tout, précise-t-elle. Ce n’est pas mauvais en soi. Quand on prend des décisions qui influeront sur la vie des gens, il faut le faire correctement, notamment en discutant un peu plus avec les autres. »

TROUVER DU SOUTIEN 

Selon Anne-Marie Hubert, les conseils d’autrui jouent un grand rôle dans le cheminement d’un leader, et il est important d’avoir à la fois des parrains et des mentors

« Votre mentor vous parle; votre parrain parle de vous, explique-t-elle. Vous avez besoin de parrains qui parlent de vous de manière constructive pour faire progresser votre carrière… mais il vous faut aussi plusieurs mentors pour vraiment tirer profit de leur expérience et de leurs conseils. »

Loren Francis abonde dans le même sens. Trouvez-vous une mentore ou une marraine qui a vécu les mêmes expériences que vous, comme être la seule femme au sein d’un conseil d’administration, conseille-t-elle. Collaborez aussi avec des leaders masculins que vous respectez. « Trouvez des hommes qui savent écouter sans parti pris. » 

PLANIFIER

Les femmes trouvent des moyens de s’adapter aux différentes situations et de poursuivre leur parcours professionnel, quels que soient leur secteur d’activité, le poste qu’elles occupent ou les réactions négatives qu’elles suscitent, estime Michele Bowring. 

« Chaque femme se fraye un chemin en conciliant les comportements masculins que l’on attend des leaders et les comportements féminins que l’on attend d’elle », ajoute-t-elle.

« Beaucoup de femmes recherchent l’approbation des autres pour se sentir valorisées, précise Mme Francis. Vous devez être à l’écoute de vous-même… sortir de votre zone de confort et vous lancer. » 

Et c’est ce qu’elle a fait : désireuse de fonder une famille, elle a décidé de réorienter sa carrière pour mieux concilier le travail et la famille.

Elle s’est donc redirigée vers le secteur de la gestion de patrimoine, puis s’est jointe à une petite société indépendante, ce qui lui a procuré plus de liberté pour servir ses clients, conseiller le personnel et collaborer avec son équipe de direction. « Ce que je voulais, et que j’ai obtenu, c’était de prendre ma carrière en main et d’avoir voix au chapitre », dit-elle.

Pour Eva Wong, il était important de mettre en adéquation sa carrière et ses valeurs, ses convictions et son sens des affaires.

« Je n’ai pas eu à m’adapter à la culture d’entreprise de Borrowell, dit-elle de la société de technologies financières qu’elle a fondée avec un associé il y a cinq ans. Je peux être moi-même et diriger l’entreprise d’une manière qui me ressemble. J’espère que c’est aussi le cas d’autres femmes et non parce que je suis une des dirigeantes de l’entreprise. » 

À celles qui souhaitent suivre son exemple, Mme Wong conseille de déterminer ce qu’elles attendent de leur carrière et de leur vie personnelle et de trouver un juste équilibre.

« Ne pensez pas aux échelons à gravir; mettez l’accent sur l’apprentissage et le perfectionnement des compétences que vous voulez exercer, dit-elle. Je pense que cette démarche est plus susceptible de mener au succès. »

PRENEZ VOTRE CARRIÈRE EN MAIN

Redéfinissez votre parcours de carrière, fixez-vous de nouveaux objectifs et demandez conseil à des homologues lors du Sommet mondial de l’AICPA sur le leadership des femmes qui se tiendra du 6 au 9 novembre 2019 à San Diego, aux États-Unis.