Outils et techniques automatisés dans le cadre de l’audit : Indications récentes
La technologie transforme la façon dont les audits sont réalisés. Les auditeurs ont de plus en plus recours aux outils et techniques automatisés (OTA) pour la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques et de procédures d’audit complémentaires. Le Conseil des normes internationales d’audit et d’assurance (IAASB) poursuit l’étude de l’incidence de la technologie sur les missions d’audit et de certification afin que les auditeurs tirent pleinement parti des avancées technologiques et que celles-ci ne nuisent pas à la réalisation de missions de grande qualité.
L’IAASB examine l’incidence de la technologie sur les projets de normalisation en cours et les normes récemment publiées, comme celles sur la gestion de la qualité et la Norme internationale d’audit (ISA) 315 (révisée en 2019), Identification et évaluation des risques d’anomalies significatives, lesquelles abordent la question des OTA. De plus, il a mis sur pied le Groupe de travail sur la technologie (GTT) dans le but de cerner les questions liées à la technologie auxquelles il pourrait répondre plus rapidement en élaborant et en publiant des indications.
Depuis 2019, le GTT a publié plusieurs indications axées sur l’utilisation des OTA pendant l’audit. Ces textes peuvent aider les auditeurs canadiens à intégrer les OTA dans leurs processus de travail.
Le présent billet :
- explique en quoi consistent les OTA;
- expose les raisons pour lesquelles les indications du GTT de l’IAASB sont importantes pour les professionnels en exercice canadiens;
- présente les éléments sur lesquels portent les indications du GTT de l’IAASB et fournit des liens menant à d’autres ressources.
Les organisations publient des ressources et des indications sur l’utilisation des OTA dans le cadre de l’audit. Pour vous aider à y voir clair dans ce domaine de pratique en pleine évolution, nous fournissons, à la fin du présent billet, des liens vers des ressources qui traitent de certains aspects de la planification, de la réalisation et de la documentation de l’audit dont vous devez tenir compte lorsque vous recourez aux OTA.
En quoi consistent les OTA?
Les OTA sont les outils et techniques qu’utilisent les auditeurs pour mettre en œuvre des procédures d’audit. On a délibérément conféré à ce terme une large portée, car les technologies et les applications d’audit connexes, comme les applications liées à l’intelligence artificielle et les processus d’automatisation robotique, continueront d’évoluer.
Si l’expression « analyse de données » désigne parfois ces techniques et outils, elle n’a pas de définition ou de description uniforme. Elle peut se révéler trop restrictive, car elle n’englobe pas l’ensemble des technologies émergentes qu’utilisent les auditeurs au moment de la conception et de la mise en œuvre des procédures d’audit.
Lorsqu’il applique les normes d’audit, l’auditeur peut concevoir et mettre en œuvre des procédures d’audit manuellement ou à l’aide d’OTA, les deux modes étant efficaces. Quels que soient les outils et techniques utilisés, l’auditeur est tenu de se conformer aux normes. En ce qui concerne l’obtention d’éléments probants, il peut y avoir des cas où l’auditeur détermine que le recours aux OTA pour la mise en œuvre de certaines procédures d’audit lui permettrait d’obtenir des éléments probants plus convaincants à l’égard de l’assertion testée. Dans d’autres cas, les procédures d’audit peuvent être mises en œuvre efficacement sans OTA.
Pourquoi les indications du GTT de l’IAASB sont-elles importantes pour les professionnels en exercice canadiens?
En ma qualité de directrice de projets au Conseil des normes d'audit et de certification (CNAC) du Canada, je m’entretiens avec des professionnels en exercice issus de cabinets de toutes tailles. Ces professionnels me posent souvent des questions sur la technologie ou les OTA utilisés dans le cadre de la mise en œuvre de procédures d’audit et sur les possibilités offertes par les normes d’audit à ce chapitre.
Au Canada, le CNAC adopte les normes ISA à titre de Normes canadiennes d’audit (NCA). Par conséquent, les indications du GTT sont pertinentes pour les auditeurs qui réalisent des audits selon les NCA.
Que renferment les indications du GTT de l’IAASB?
Les indications de l’IAASB préparées à ce jour portent sur l’utilisation des OTA dans le cadre de l’audit en ce qui concerne :
- l’identification et l’évaluation des risques d’anomalies significatives;
- le traitement du risque d’appui excessif sur la technologie;
- la mise en œuvre des procédures d'audit;
- la préparation de la documentation de l’audit.
Identification et évaluation des risques d’anomalies significatives
La NCA 315, Identification et évaluation des risques d’anomalies significatives, a récemment été mise à jour et s’applique aux audits d’états financiers des périodes ouvertes à compter du 15 décembre 2021. Les rubriques intitulées « Outils et techniques automatisés » de la norme révisée portent sur différents aspects des OTA. Elles expliquent de quelle façon les auditeurs peuvent utiliser les OTA pour la mise en œuvre des procédures, tout en respectant les exigences de la NCA 315. Le texte du GTT répond à plusieurs questions, notamment les suivantes :
- Quels types d’OTA l’auditeur peut-il utiliser relativement aux procédures d’évaluation des risques?
- Comment l’auditeur peut-il utiliser les OTA dans la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques?
- Comment l’auditeur peut-il utiliser les OTA dans l’exercice de l’esprit critique au moment de la mise en œuvre des procédures d’évaluation des risques? Lorsqu’il utilise les OTA, l’auditeur doit-il tenir compte d’éléments particuliers dans l’illustration de l’exercice de l’esprit critique?
- En quoi les OTA sont-ils utiles lorsque l’auditeur étudie les facteurs de risque inhérents à l’identification et à l’évaluation des risques d’anomalies significatives?
- Quels sont les éléments dont l’auditeur doit tenir compte en ce qui concerne l’utilisation de l’apprentissage automatique ou de l’intelligence artificielle par l’entité au moment de la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques?
- Quels sont les éléments dont l’auditeur doit tenir compte en ce qui concerne la documentation de l’utilisation que fait l’auditeur des OTA dans la mise en œuvre de procédures d’évaluation des risques?
Consultez la foire aux questions du GTT (novembre 2020) portant sur l’utilisation des OTA dans l’identification et l’évaluation des risques d’anomalies significatives.
Traitement du risque d’appui excessif sur la technologie
Le recours à la technologie peut donner lieu à des partis pris ou accroître le risque général qu’une confiance excessive soit accordée aux informations ou aux résultats obtenus au moyen des procédures d’audit mises en œuvre (c’est-à-dire le risque d’appui excessif).
Le texte du GTT examine la façon dont l’auditeur peut atténuer le parti pris lié à l’automatisation et le risque d’appui excessif sur la technologie lorsqu’il utilise les OTA et les informations produites par les systèmes de l’entité.
Ce texte traite d’un certain nombre de questions, notamment les suivantes :
- Quels partis pris l’utilisation de la technologie, par l’auditeur ou l’entité fournissant l’information, pourrait-elle créer?
- Comment le cabinet peut-il aider l’auditeur à atténuer le parti pris lié à l’automatisation et le risque d’appui excessif lorsqu’il utilise les OTA?
- Comment l’auditeur peut-il atténuer le parti pris lié à l’automatisation ou le risque d’appui excessif sur les informations produites par l’entité, lesquelles sont fournies par le système automatisé de l’entité?
- Comment l’auditeur peut-il atténuer le parti pris lié à l’automatisation et le risque d’appui excessif lorsqu’il utilise ses propres OTA?
Mise en œuvre des procédures d’audit
Ce texte traite notamment de l’incidence de la technologie sur l’application de certains aspects des normes ISA ainsi que de l’utilisation des OTA par l’auditeur. Il met plus particulièrement l’accent sur ce qui suit :
- La question de savoir si une procédure faisant intervenir des OTA peut servir à la fois de procédure d’évaluation des risques et de procédure d’audit complémentaire;
- Les éléments particuliers dont il faut tenir compte au moment de la mise en œuvre des procédures analytiques de corroboration, conformément à la norme ISA 520 ou à la NCA 520, Procédures analytiques.
La réponse à la première question comprend également un exemple illustrant de quelle façon les procédures d’audit faisant intervenir les mêmes OTA et les mêmes données peuvent constituer à la fois une procédure d’évaluation des risques et une procédure d’audit complémentaire.
Préparation de la documentation de l’audit
En ce qui concerne les exigences en matière de documentation de l’audit, la NCA 230, Documentation de l’audit, ne fait aucune distinction entre l’utilisation d’OTA et celle d’outils et de techniques manuels. Toutefois, l’utilisation d’OTA peut soulever différentes questions touchant la documentation. Ce texte traite des éléments relatifs à la documentation de l’audit dont il faut tenir compte en ce qui concerne :
- les résultats des procédures d'audit mises en œuvre;
- les questions importantes soulevées au cours de l’audit;
- la forme, le contenu et l’étendue de la documentation de l’audit;
- l’utilisation de différentes versions des procédures d’audit en appliquant des filtres aux données avant d’en arriver à un résultat.
Le texte traite également de considérations particulières concernant l’incidence que pourrait avoir sur la documentation de l’auditeur l’approbation des ressources technologiques par le cabinet.
Prochaines étapes
Si ces indications vous ont été utiles et que vous souhaitez en savoir davantage, consultez la page du site Web de l’IAASB traitant de technologie (en anglais). Les CPA trouveront d’autres ressources qui leur sont destinées sur notre page des ressources technologiques.
En outre, l’IAASB révise actuellement la norme ISA 500, Éléments probants, (en anglais) et prévoit reconnaître l’utilisation de la technologie dans les contextes suivants :
- La préparation des états financiers et la production d’autres informations sous-jacentes;
- La mise en œuvre de procédures d’audit.
Autres ressources externes
Autorités de réglementation de l’audit
La technologie dans l’audit
Conseil canadien sur la reddition de comptes
Addressing exceptions in the use of audit data analytics (en anglais)
Financial Reporting Council, Royaume-Uni
Normalisateurs
Integrity of data obtained for the purpose of an audit of a financial report (en anglais)
Auditing and Assurance Standards Board (AUASB) de l’Australie
REMARQUE
Les ressources publiées par des organisations externes mentionnées dans le présent billet n’ont pas été révisées, ni élaborées, ni approuvées par CPA Canada et le Conseil des normes d'audit et de certification (CNAC). CPA Canada et le CNAC déclinent toute responsabilité ou obligation pouvant découler, directement ou indirectement, de leur utilisation ou de leur application.
Poursuivons la conversation
Vu la croissance exponentielle des technologies émergentes et l’éventail élargi de sources d’information à utiliser, faut-il étoffer les normes ou les indications pour vous amener à réaliser des missions d’audit de qualité à l’aide des OTA? Si vous avez des idées quant aux indications sur la technologie qui pourraient être utiles aux auditeurs, publiez un commentaire ci-dessous ou écrivez-moi directement. Je suis impatiente de connaître votre point de vue.
Avertissement
Les opinions et les points de vue exprimés dans cet article sont ceux de l’auteure et ne représentent pas nécessairement ceux de CPA Canada.