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Intelligence artificielle : À la traîne, les entreprises canadiennes?

Les entreprises souhaitant adopter l’IA doivent composer avec de nombreux obstacles. Mais selon les experts, il ne serait pas trop tard pour rattraper les leaders mondiaux.

illustration de personnes attendant de monter un escalatorL’IA va révolutionner la productivité dans tous les secteurs, mais pour y parvenir, les entreprises canadiennes doivent trouver du personnel aux compétences appropriées et repenser les processus. (Illustration de Drew Shannon) 

Au Canada, les entreprises ont été plus lentes à adopter les technologies d’intelligence artificielle que dans d’autres pays, apprend-on dans un rapport Forbes Insights publié à la fin de 2018. Les experts du secteur sont toutefois d’avis qu’il n’est pas trop tard pour rattraper le peloton.

Selon le rapport, qui repose sur un sondage mené en juillet 2018 auprès de 305 dirigeants d’entreprise dans 10 pays, le Canada se classe au dernier rang en ce qui concerne le déploiement de technologies d’IA faible comme l’apprentissage profond et l’apprentissage automatique. Les dirigeants canadiens, au nombre de 44, étaient le deuxième groupe de répondants en importance. 

OBSTACLES À SURMONTER

Les entreprises canadiennes doivent surmonter certains obstacles pratiques, affirme Sarah Villeneuve, analyste de politiques au Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship, un laboratoire d’idées créé en 2015 pour faire progresser l’innovation au Canada.

« Il y a de fortes chances pour que l’IA révolutionne la productivité dans tous les secteurs, dit-elle. Mais pour en tirer profit, il ne suffira pas d’adopter les technologies connexes. »

Les entreprises canadiennes devront aussi :

  • trouver du personnel aux compétences appropriées;
  • centraliser et structurer les données;
  • mettre en place une infrastructure informatique;
  • obtenir l’appui de la direction;
  • repenser les processus.

Trouver des employés possédant les compétences voulues est l’obstacle le plus difficile à surmonter selon Mme Villeneuve.

« Les grandes entreprises étrangères s’établissent au Canada et sont attrayantes pour nos diplômés et travailleurs qualifiés, souligne-t-elle. Les entreprises canadiennes ont de la difficulté à attirer ces personnes. »

Une fois que l’entreprise est dotée d’employés compétents, elle peut s’attaquer aux autres obstacles, explique Mme Villeneuve.

Le Canada semble malgré tout faire des efforts pour constituer un bassin de personnes spécialisées en IA.

En 2017, l’Institut Vecteur, organisme indépendant associé à l’Université de Toronto, a annoncé la mise sur pied d’un programme de financement de la recherche en IA. Destinées à des étudiants en maîtrise inscrits à l’un des 10 programmes universitaires reconnus en Ontario, des bourses visent à porter le nombre de diplômés en IA à un millier par an.

De son côté, NEXT Canada, un incubateur d’entreprises sans but lucratif, a lancé récemment le programme de formation NextED, qui permet aux dirigeants, aux gestionnaires et aux employés d’acquérir des connaissances en IA.

AU CANADA, LA PRUDENCE EST DE MISE

Toujours d’après le rapport Forbes Insights, 68 % des entreprises canadiennes ont adopté des technologies d’IA. Cependant, seulement 31 % d’entre elles estiment que leur mise en œuvre a été réussie, contre 59 % en Inde, 58 % en Allemagne et 55 % en Chine.

Ces chiffres remettent en question l’idée que le Canada est un écosystème florissant pour la recherche en IA et l’innovation. Mais malgré l’approche raisonnable des entreprises canadiennes, Michael Dingle, associé, secteur Technologie, à PwC, n’est pas inquiet.

« La course vient juste de commencer, fait-il remarquer. Ce serait inquiétant si nous avions cette discussion dans trois à cinq ans et que nous n’avions toujours pas avancé. Mais au Canada, nous avons pour habitude d’être prudents, modérés et pragmatiques. Et c’est la chose à faire. »

Les dirigeants d’entreprise s’inquiètent à juste titre de la sécurité des données qu’ils doivent recueillir et stocker pour déployer les outils d’apprentissage automatique, dit-il. Ils font aussi preuve de prudence à l’égard des questions d’éthique.

Les entreprises doivent d’abord prendre conscience de la valeur des données et modifier leurs modèles d’affaires afin de les recueillir et de les regrouper de manière sécuritaire et confidentielle. Certaines organisations canadiennes prennent un peu plus de temps que les autres pour saisir et intégrer cette réalité du XXIe siècle, conclut-il.

LES CPA ET LA TECHNOLOGIE

Écoutez les balados de CPA Canada sur la technologie et le leadership, qui abordent le rôle des comptables en matière d’IA et les lois sur la protection des renseignements personnels. Vous pourrez aussi bientôt consulter une ressource fondamentale pour les CPA : ce mois-ci, CPA Canada publie, en collaboration avec l’AICPA, le document Introduction d’un CPA à l’IA : ce que vous devez savoir, des algorithmes à l’apprentissage profond. Enfin, le mois prochain, nous publierons un article sur les mégadonnées, l’intelligence artificielle et l’avenir de la comptabilité et de la finance.