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Plan d'un jeune couple en train de faire le point sur ses finances à la maison
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Fossé générationnel : les jeunes ont-ils plus de mal à s’enrichir?

L'économiste en chef de CPA Canada examine les obstacles auxquels la jeune génération est confrontée lorsqu’elle tente d’accumuler des richesses.

Plan d'un jeune couple en train de faire le point sur ses finances à la maisonAvec deux (voire trois) récessions derrière la cravate et une période marquée par une forte inflation, les jeunes apprennent à la dure l’importance de la discipline financière. (Getty Images/katleho Seisa).

Surchauffe immobilière, inflation, récession… La moitié de la population canadienne estime que sa situation financière s’est dégradée depuis un an. Les jeunes sont-ils davantage à risque, sinon à plaindre? Si on a tous déjà entendu dire que les baby-boomers « l’avaient eue plus facile », ils ont aussi connu des taux d’intérêt stratosphériques, oscillant autour de 10 % jusqu’au début des années 1990.

Le contexte économique leur a été particulièrement favorable depuis, puisque l’avoir net des baby-boomers et des travailleurs en fin de carrière a augmenté de 350 % en 20 ans. Le poids démographique explique en partie cette tendance, mais il n’en demeure pas moins que les 44 ans et moins sont ceux qui ont vu leur avoir net augmenter le plus lentement. Certes, il est dans l’ordre des choses de s’enrichir avec l’âge, mais encore faut-il pouvoir commencer à « accumuler », ce qui semble de plus en plus difficile sans coup de pouce familial. Et puis, sur combien d’années? Liberté 65? 70? 75?

UN GOÛT DOUX-AMER

En effet, les obstacles à l’enrichissement sont plus imposants qu’avant. Les droits de scolarité ont augmenté trois fois plus vite que l’inflation depuis 1985, ce qui a fait presque tripler la dette moyenne d’études en 30 ans. L’accès à la propriété s’est compliqué, la mise de fonds requise pour une maison ayant doublé par rapport aux revenus familiaux comparativement à 1980. Forcés d’épargner plus longtemps, les premiers acheteurs sont quatre ans plus vieux qu’à l’époque.

Côté travail, les employeurs, surtout dans le secteur privé, sont de moins en moins nombreux à offrir un régime de retraite, par ailleurs, bien souvent moins généreux. Et puis, il y aura de moins en moins de travailleurs pour contribuer à ces régimes, dont les décaissements iront au contraire en augmentant.

Tout n’est pas sombre pour les jeunes, cependant. À long terme, la participation accrue des femmes aux revenus familiaux a permis à ceux-ci de surpasser l’inflation. Rareté de main-d’œuvre oblige, le marché du travail les avantage, si bien que les ralentissements économiques devraient avoir des impacts restreints sur le taux de chômage et l’emploi.

HORIZON FINANCIER

La table est donc mise pour les jeunes : rembourser plus, économiser plus, sans oublier leur retraite. Autant de bonnes raisons qui en poussent beaucoup à changer d’emploi pour une question de salaire.

Selon les résultats du sondage de CPA Canada, Prospérité ou survie, cette course contre la montre (quant à la capacité à épargner, à investir et à rembourser ses dettes) génère aussi chez les jeunes plus de stress. D’ailleurs, ils sont très critiques quant à leurs connaissances en finances et soulignent l’importance de commencer à épargner tôt.

Avec deux (voire trois) récessions derrière la cravate et une période marquée par une forte inflation, la génération Z et les millénariaux apprennent à la dure l’importance de la discipline financière, ce qui est loin de correspondre aux stéréotypes qu’on leur accole souvent. De nombreux baby-boomers s’en rendent compte et sont prêts à les aider généreusement : 25 % des 18 à 34 ans ont déjà donné et/ou reçu un héritage par anticipation. Les 18 à 34 ans saisissent d’ailleurs l’importance du transfert de richesse intergénérationnel puisque depuis le début de la pandémie, ils sont trois fois plus nombreux que les autres groupes d’âge à avoir entrepris un transfert pour un membre de leur famille - en le soutenant par exemple en cas de situation financière précaire.

Chose certaine, malgré les percées technologiques dans le secteur des finances personnelles (popularité des applications, numérisation de l’argent liquide, cryptomonnaies, robots conseillers, etc.), les fondements de la littératie financière sont plus que jamais d’actualité. Ils demeurent essentiels pour outiller les jeunes, particulièrement ceux qui ne pourront pas s’appuyer sur un quelconque héritage et n’auront que leurs connaissances, leurs aptitudes et leur bonne fortune pour améliorer leur situation financière.

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