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Les deux fondateurs de Canairi, Hans Høite Augustenborg et Andreas Kofoed Sørensen, tiennent leur appareil
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Magazine Pivot

Cet appareil simple, qui mesure le taux de CO2, est à la fois pratique et mignon

La pandémie a rappelé la nécessité d’améliorer la qualité de l’air à l’intérieur. Il importe notamment de limiter le taux de CO2, qui est facile à mesurer.

Les deux fondateurs de Canairi, Hans Høite Augustenborg et Andreas Kofoed Sørensen, tiennent leur appareilLes cofondateurs de Canairi, Hans Høite Augustenborg et Andreas Kofoed Sørensen, veulent faciliter la mesure du taux de CO2. (Photo Rasmus Luckmann)

Deux jeunes universitaires danois qui s’apprêtaient à entrer dans le monde du travail. L’un, Kofoed Sørensen, fort en chiffres, terminait des études en gestion, tandis que l’autre, Høite Augustenborg, hypercréatif, se voyait déjà dans une agence de publicité. Les deux amis d’enfance étaient sûrs de tenir l’invention du siècle, un appareil d’une grande simplicité, en forme de canari, qui donne l’alerte dès que le taux de dioxyde de carbone dans l’air intérieur dépasse la limite recommandée.

Høite Augustenborg s’est inspiré des enseignements de son père, qui avait toujours insisté sur la nécessité d’aérer la maison et d’ouvrir les fenêtres même par -20 oC le matin à Copenhague. Sage habitude, aujourd’hui validée par les chercheurs qui voient dans les taux élevés de CO2 à l’intérieur un enjeu de santé majeur. Les causes sont multiples : appareils à combustible, dégazement du sol sous-jacent, respiration des occupants.

Imaginons un mignon canari sur son perchoir, posément dressé lorsque l’air intérieur est sain. Mais dès que le taux de CO2 dépasse 1 000 parties par million (ppm), il s’affaisse, comme évanoui, jusqu’à ce que quelqu’un ouvre une fenêtre pour rétablir une bonne ventilation. Ni alerte téléphonique, ni voyant lumineux, ni son strident. Juste un petit oiseau jaune – le fameux canari dans la mine de charbon – qui reprendra sa position de guetteur une fois l’air assaini.

« Il a été conçu pour susciter une réaction émotive, et ça fonctionne », explique Høite Augustenborg.

Après avoir réalisé un prototype et dressé un plan d’affaires, le duo a déposé des demandes de subvention et de financement. En vain. « On reprochait à notre projet de ne pas être suffisamment novateur. Il faut savoir que les programmes nationaux de financement accordent la préséance aux produits techniques qui incorporent la biochimie, l’apprentissage machine et l’intelligence artificielle, au détriment de la créativité et de l’originalité. »

Le Canairi est doté d’un capteur qui s’active lorsque la concentration de CO2 dans l’air atteint 1 000 ppm. Sous brevet au Danemark, il tire son originalité du fait que ce capteur actionne un moteur qui fait bouger l’oiseau.

Les créateurs estiment que le simple fait de réussir à matérialiser des données techniques en un objet attrayant qui incite à réagir – ici, ouvrir une fenêtre – constitue une innovation en soi.

Ils ont pris deux mois de congé sans rémunération pour se consacrer à leur projet. En investissant 2 500 $ en publicité sur les réseaux sociaux, ils ont recueilli les courriels de quelque 4 000 personnes intéressées à acquérir pour la maison le ludique objet techno, moyennant un rabais introductif. Ils ont ensuite planifié une campagne de financement sur Kickstarter.

Le 4 avril 2022, ils quittent leur boulot. Le 5, ils lancent la campagne. Objectif : 10 000 $ CA. Stupéfaction et émoi : à la fin de la journée, la souscription atteint 50 000 $! L’affaire fait du bruit dans les médias danois et étrangers, si bien qu’à l’issue de la campagne d’un mois, la cagnotte totalise 600 000 $. Avec les États-Unis comme principal client, le carnet de commandes atteint aujourd’hui 4 000 canaris. Joyeuse couvée!

« J’aime bien que l’on concrétise l’invisible », commente Melanie Langille, spécialiste de l’environnement et présidente et chef de la direction de l’Association pulmonaire du Nouveau-Brunswick. Elle ajoute toutefois que le Canairi ne saurait à lui seul assurer la qualité de l’air. Il faut aussi compter sur d’autres procédés capables de détecter les composés organiques volatils, ou COV, ces particules qui se retrouvent dans une panoplie de biens de consommation comme les parfums et les produits d’entretien. Présents dans l’air intérieur et extérieur, les COV comportent un risque pour la santé. « Si intéressante qu’elle soit, cette invention ne couvre pas l’ensemble du spectre. »

Canairi figure probablement parmi les jeunes pousses qui ont pris leur envol grâce à la pandémie. On ne compte plus les campagnes de sensibilisation qui ont montré l’importance de la ventilation. C’est ce souci « qui frise l’obsession sociale », plaisante Høite Augustenborg, que cherche à calmer le petit volatile jaune.

L’entreprise s’est associée à un fabricant chinois qui produira l’appareil à partir de plastique recyclé. Elle s’est adjoint un directeur de production en vue d’entamer la livraison dès l’automne 2022.

Et si les investisseurs commencent à flairer la bonne affaire, les inventeurs, prudents, attendent une proposition aussi sympa que leur bel oiseau.

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