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Homme bâtiment modèle yourte en bois
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Les yourtes ont la cote

En cette période de distanciation, où l’on cherche à s’isoler et à profiter de plus d’espace, les fabricants canadiens de yourtes sont plus occupés que jamais.

Homme bâtiment modèle yourte en boisPatrick Ladisa, de Yurta, présente le modèle réduit de la charpente pliante d’une yourte. (Photo Daniel Neuhaus)

Le mot « yourte » vous laisse perplexe? Il s’agit d’une robuste tente circulaire créée par les peuplades nomades d’Asie centrale. Et les affaires tournent rond, côté yourte.

Grâce au dynamisme des constructeurs d’ici, la yourte a migré au Canada, où elle se taille un franc succès depuis quelques années, au point d’être devenue l’image montante du camping haut de gamme. Parcs Canada propose une nuitée dans cet ingénieux abri rond au parc national Kejimkujik en Nouvelle-Écosse, au parc national Riding 

Mountain au Manitoba et au parc national Fundy au Nouveau-Brunswick (cinq yourtes y sont installées). Tentante, la yourte. Quelques parcs provinciaux ont emboîté le pas aux parcs fédéraux. 

Vu les contraintes liées à la COVID-19 et à la distanciation sociale, la yourte attire une toute nouvelle clientèle d’adeptes en quête d’un supplément d’espace. La demande affiche une hausse exponentielle pour Little Foot Yurts, à Wolfville, en Nouvelle-Écosse, et Yurta, à Pickering, en Ontario. Recevoir des invités sur place, voire les loger pour quelques nuits, en faisant un pied de nez au virus? C’est possible, en jetant son dévolu sur cet abri léger et démontable. 

« Les citadins propriétaires d’un chalet rêvent d’air pur et de grands espaces, à savourer et partager en famille et entre amis, d’où la quête d’un abri supplémentaire », explique Alex Cole, qui a cofondé Little Foot avec sa femme Selene. 

Patrick Ladisa de Yurta’s Yurt transportant du bois; treillis pliable; toit de toile de yourtePatrick Ladisa, de Yurta, transporte une charpente près de son atelier de Pickering, en Ontario. Cette yourte (photo du milieu), qui peut être louée dans le Parc national de Kejimkujik, en Nouvelle-Écosse, a été construite par Little Foot Yurts. Un toit en toile est cousu dans l’atelier de Yurta. (Photos des yourtes : avec l’autorisation de Little Foot Yurts; photo de Ladisa : Daniel Neuhaus) 

Chez Little Foot, l’irruption de la pandémie est venue multiplier les demandes. Tout le monde s’intéresse à ces tentes qui évoquent la Mongolie. Un choix écologique, moins coûteux qu’un abri classique. Pour ériger ce type de structure légère, nul besoin de permis de construire, le plus souvent (si ce n’est pour la plomberie et l’électricité). Transportables – certains modèles, une fois démontés, se mettent sur le toit d’une voiture –, les yourtes se chauffent facilement; l’hiver n’est plus un obstacle. Plancher de bois détachable, bâche en toile ou en vinyle, parois en treillis de bois extensible qui se replie aisément, elles ont tout pour plaire. 

« On voit des propriétaires qui souhaitent adjoindre un abri léger à une maison, ou en monter un autre sur un de leurs terrains », précise Patrick Ladisa, président de Yurta. Le carnet de commandes se remplit. Et sous l’impulsion de la pandémie, une nouvelle clientèle se manifeste. Entreprises et hôpitaux sont en quête de solutions pour agrandir leur superficie, et abriter clients, patients et employés.

La tendance a gagné le secteur de la restauration, en mal d’espace. Pour environ 11 000 $, la brasserie Amsterdam de Toronto a fait l’acquisition d’une yourte pouvant accueillir six clients. Un investissement qui sauvera la saison hivernale, période durant laquelle les terrasses se trouvent condamnées, souligne Matt Peacock, directeur de l’établissement.

Intérieur de yourte meubléUne yourte montée et meublée. (Photo Daniel Neuhaus)

Le prix des yourtes fabriquées en sol canadien débute à 9 000 $ et augmente en fonction de la taille et des commodités offertes. Foyer, terrasse, petite piscine intérieure, tout y est. Aux plus habiles qui voudront construire eux-mêmes la leur, le fabricant offre des plans détaillés et, dans le cas de Little Foot, des ateliers pour les aspirants nomades. 

Et le marché locatif? En ébullition. Le tout premier client qui s’est présenté à l’ouverture de la boutique Yurta, en 2004, s’apprêtait à lancer avant l’heure la mode du logis Airbnb. Quatre ans avant que le réseau Airbnb voie le jour, cet innovateur s’est procuré deux yourtes pour les aménager en studios à louer.

Si la yourte n’est pas encore un produit grand public, selon Patrick Ladisa, sa renommée grandit. « La pandémie favorise un retour à la nature. L’état d’esprit des citadins a changé; ils ont soif d’espace, et nos résultats sont là pour en témoigner. » 

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La pandémie a transformé notre façon de travailler, de vivre et de nous déplacer. Nous avons demandé à différents experts quel avenir ils entrevoient.