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Deux femmes regardent ensemble l’écran d’un ordinateur portable.
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Stratégies d’épargne-retraite pour CPA propriétaire d’entreprise

Évitez de vous appuyer sur votre entreprise comme principal instrument d’épargne : diversifiez vos plans et vos tactiques pour favoriser des économies à long terme.

Deux femmes regardent ensemble l’écran d’un ordinateur portable.La planification de l’épargne et des sources de revenus en vue de la retraite est essentielle pour les propriétaires de petite entreprise (Getty Images/Thomas Barwick)

La planification de la retraite est un travail de longue haleine, même pour les CPA, pourtant avantagés par leur formation et les connaissances acquises en cours de carrière. Vos objectifs et vos stratégies d’épargne évoluent en fonction de votre âge, de l’étape de votre vie et de votre capacité de mettre de l’argent de côté.

Le choix du moment de la retraite est une préoccupation de premier plan. En effet, le tiers des Canadiens auraient l’intention de revoir leur date de départ à la retraite en raison de la pandémie, selon un récent sondage de RBC Assurances.

En tant que propriétaire d’une petite entreprise ou, comme bien des CPA, d’un cabinet comptable, vous pouvez employer certaines stratégies pour solidifier, au fil du temps, votre plan d’épargne-retraite.

DIVERSIFIEZ VOS INSTRUMENTS D’ÉPARGNE

« Mettre tous vos œufs dans le même panier, en investissant tout dans votre entreprise ou en présumant que sa valeur suffira à financer votre retraite, peut être une stratégie utilisée au démarrage de l’entreprise, pour soutenir sa croissance, mais ce n’est pas la meilleure option à long terme », met en garde Debbie Gorsline, FCPA, associée au cabinet Anderson Gorsline Chartered Professional Accountants, à Calgary.

« Vous devez pouvoir vous adapter en cas d’imprévu dans votre vie ou dans votre entreprise, évaluer vos risques au fil du temps et miser sur la préservation du capital », ajoute l’experte.

En travaillant avec un planificateur financier qui l’a guidée dans ses décisions, Debbie Gorsline a enrichi sa stratégie d’épargne-retraite d’un compte d’épargne libre d’impôt (CELI), qui sert aussi de fonds d’urgence, et d’un régime enregistré d’épargne-retraite (REER), dont elle pourra profiter plus tard. La stratégie devrait aussi comprendre une évaluation des risques, précise-t-elle. Si l’entreprise ou le cabinet appartient à une société, une planification supplémentaire est nécessaire; par exemple, vous pourriez songer à vous verser un salaire de sorte à avoir une source de revenu gagné vous permettant de cotiser à un REER, ou encore envisager un investissement dans l’entreprise.

Kurt Rosentreter, CPA, gestionnaire de portefeuille pour Placements Manuvie, croit aussi qu’il est dangereux de dépendre d’une seule source de financement pour la retraite, ce qui laisse peu d’options en dehors de travailler pour le reste de ses jours ou de compter sur la vente de son entreprise ou de ses propriétés (libres d’hypothèques, espérons-le) pour se permettre de vivre sans tracas.

« Diversifiez votre épargne en misant sur d’autres investissements qui vont prendre de la valeur, insiste l’expert. Certains de mes clients ne l’ont pas fait et se trouvent piégés. »

CIBLEZ DES SOURCES DE REVENUS ET DES VÉHICULES D’ÉPARGNE SÉCURITAIRES

Selon le sondage de RBC Assurances, les répercussions de l’inflation sur l’épargne, les dépenses et le pouvoir d’achat préoccupent 78 % des Canadiens. Certains craignent d’épuiser leur épargne de leur vivant (48 % des répondants) ou de ne pas avoir accès à un revenu garanti (47 % des répondants).

Selon Kurt Rosentreter, la planification de votre retraite devrait notamment commencer par la recherche de sources de revenus et de véhicules d’épargne sécuritaires (pour aujourd’hui et pour demain). « Vos revenus d’entreprise vont varier avec le temps, et les fonds disponibles aussi », prévient-il.

« Cela peut paraître évident, mais il est important de prendre le temps de déterminer vos avoirs et vos besoins futurs. Faites le bilan de votre avoir net actuel en examinant votre historique d’épargne, vos revenus de placement, votre actif et votre passif; vous aurez ainsi un point de départ. Ensuite, projetez à quel moment vos revenus d’entreprise cesseront et quels revenus ou quelle source d’épargne les remplaceront. Enfin, évaluez ces sources après impôt, selon l’étape de votre vie et le coût de la vie projeté. »

« Par exemple, indique l’expert, planifiez votre stratégie de retraite en tenant compte de vos revenus et de vos prestations du Régime de pensions du Canada, de la Sécurité de la vieillesse, de REER, de CELI, de rentes, de placements détenus dans une société ou d’autres placements (en biens immobiliers, par exemple), selon votre situation; déterminez à quel moment et de quelle façon vous y aurez accès. Faites le même exercice pour la personne avec qui vous êtes en couple, le cas échéant, et combinez vos revenus. Il est important de bien analyser la valeur de votre entreprise comme source de fonds de retraite. Il y a un risque : si vous comptez sur la vente ou la transmission de votre entreprise et que cela ne se concrétise pas, pourrez-vous prendre votre retraite au moment voulu? »

« Il s’agit de faire un portrait global de vos différentes sources de revenus pour prévoir vos liquidités de retraite, à compter d’aujourd’hui jusqu’à vos 100 ans », explique Kurt Rosentreter.

SONGEZ À LA CONSTITUTION EN SOCIÉTÉ

La constitution en société est un moyen avantageux de planifier votre retraite, surtout en raison de l’avantage lié au report d’impôt, qui permet de conserver des revenus d’entreprise dans la société après son imposition. L’entreprise est assujettie à un taux d’imposition inférieur (qui varie d’environ 9 % à 13 % selon la province) sur la première tranche de 500 000 $ de bénéfice imposable, et l’impôt résiduel est différé jusqu’au versement des dividendes aux actionnaires. Soulignons qu’au fédéral et dans les provinces autres que l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, le seuil de la tranche d’imposition d’une petite entreprise est réduit si le revenu passif gagné l’année précédente est supérieur à 50 000 $ (et éliminé si le revenu passif est supérieur à 150 000 $). Si ces seuils posent problème, vous pouvez changer de méthode d’épargne et opter pour des cotisations à un REER, par exemple.

« En profitant de l’impôt différé, vous avez plus d’argent qui travaille pour vous dans la société », affirme Aurèle Courcelles, CPA, vice-président adjoint, Planification fiscale et successorale à IG Gestion de patrimoine. « Plus vous pouvez profiter longtemps de ce report, mieux c’est. À votre retraite, vous aurez plus de réserves. »

Si vous croyez que les actions de la société peuvent être vendues dans le futur contre un profit admissible à la déduction pour gains en capital, portez une attention particulière à l’accumulation de placements passifs dans l’entreprise, qui peut avoir une incidence sur l’admissibilité.

Enfin, si des fonds sont investis dans l’entreprise, songez à la pertinence de faire appel à une société de portefeuille. Si la société de portefeuille possède des actions de la société qui exploite l’entreprise, il peut être possible de verser des dividendes réguliers à la société de portefeuille et d’y investir les fonds. Cette stratégie permet de protéger vos investissements contre tout risque qui pourrait menacer l’entreprise.

Si votre entreprise est de bonne taille, vous l’avez probablement déjà constituée en société et vous vous versez un salaire annuel ou le ferez bientôt. Vous pourriez également envisager un régime de retraite individuel (RRI).

Les RRI permettent à la société de verser des cotisations plus substantielles (par rapport à un REER), ce qui offre une plus grande réserve. Toutefois, en comparaison avec d’autres options, ils présentent certains inconvénients, tels que des frais plus élevés et des limitations potentielles en matière de placements.

Enfin, pensez à vous retirer graduellement de l’entreprise (en travaillant à temps partiel ou en recevant des dividendes comme propriétaire passif) plutôt que de vendre tout de suite l’entreprise à un tiers. Pour Debbie Gorsline, il s’agit d’une décision personnelle qui nécessite une réflexion approfondie et continue de la part de chaque propriétaire d’entreprise.

« Je commence tranquillement à penser à la meilleure façon de procéder. Mon associé et moi n’avons pas pris notre décision, avoue l’experte. Je sais que je ne veux pas travailler autant à 61 ans qu’à 54 ans. L’un des principaux avantages d’être son propre patron, c’est de pouvoir organiser sa transition vers la retraite. »