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Une femme examine des bocaux dans une épicerie.
Canada
Littératie financière

L’inflation expliquée par un économiste

David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada, explique et met en perspective la hausse des prix.

Une femme examine des bocaux dans une épicerie.Pour vous protéger contre l’inflation et réduire votre facture d’épicerie, comparez avant d’acheter et réduisez votre consommation de certains produits. (Getty Images/Joos Mind)

Tout le monde parle de l’inflation. Or, si ses répercussions sur le portefeuille sont faciles à voir, il n’est pas toujours simple de comprendre de quoi il s’agit exactement. Différents facteurs ont contribué aux hausses récentes. La pandémie, la perturbation de la chaîne d’approvisionnement et les pénuries de main-d’œuvre ont entraîné une augmentation des prix de divers biens et services : mobilier, véhicules automobiles, essence et alimentation. De plus, le conflit entre la Russie et l’Ukraine a fait monter les prix du pétrole et du gaz. Et comme la production de blé dans ces deux pays pourrait baisser, le coût de certains aliments transformés pourrait aussi flamber.

Entre mars 2021 et mars 2022, l’inflation a grimpé à 6,7 %. « L’inflation n’avait pas atteint un tel sommet depuis 1991, quand elle est restée élevée pendant huit mois », dit David-Alexandre Brassard, économiste en chef à CPA Canada.

Le taux d’inflation moyen se situait à 0,7 % en 2020 et à 3,4 % en 2021. On prévoit qu’il atteindra environ 5,3 % pour toute l’année 2022. « Par conséquent, pendant deux années consécutives, l’inflation aura été nettement supérieure à la cible à long terme de 2 % de la Banque du Canada. »

Comment se fait-il que les prix montent? Voici quelques explications sur le phénomène, des conseils pour en réduire les effets, et un aperçu de ce qui nous attend sans doute dans les prochains mois.

QU’EST-CE QUE L’INFLATION?

L’Indice des prix à la consommation sert à mesurer l’inflation, explique l’économiste. « Statistique Canada suit les fluctuations du prix d’un panier type de biens et services au fil du temps. »

Le panier de biens et services utilisé pour ces calculs se compose de huit éléments :

  • Aliments
  • Logement
  • Dépenses courantes, ameublement et équipement du ménage
  • Vêtements et chaussures
  • Transports
  • Soins de santé et soins personnels
  • Loisirs, formation et lecture
  • Boissons alcoolisées, produits du tabac et cannabis récréatif

Chaque catégorie comprend divers biens et services. Par exemple, dans les transports, on inclut l’achat ou la location d’une voiture ainsi que l’essence et les transports en commun. Le panier est mis à jour fréquemment, selon l’évolution des habitudes de consommation.

« Une montée des prix de certains biens et services peut se répercuter sur plusieurs catégories, précise l’économiste. Ainsi, le coût croissant de l’énergie a un impact direct sur les transports et le logement, et peut influer sur le prix du transport des marchandises importées dans diverses catégories. »

L’INFLATION, DÉSÉQUILIBRE ENTRE OFFRE ET DEMANDE

L’équation de l’inflation dépend de deux variables : l’offre et la demande.

La demande se définit par le volume de consommation et les comportements d’achat de biens et services. David-Alexandre Brassard poursuit : « Avec la pandémie, la demande a baissé pour certains services. Les gens voyageaient moins et allaient moins souvent au restaurant, alors ils dépensaient plutôt leur argent pour faire des achats, pour leur logement, pour faire des rénovations… ce qui a engendré une demande accrue pour certains produits. »

« Quant à l’offre, elle a suivi une trajectoire inverse, continue-t-il. Avec les pénuries de main-d’œuvre, l’absentéisme causé par la pandémie et les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’offre était – et pourrait encore rester – inférieure à la demande. Or, une demande supérieure et une offre inférieure font grimper les prix. »

COMMENT CONTRER L’INFLATION

Face à cette hausse des prix, les gens pourraient chercher à réduire leur consommation.

« Ce n’est pas toujours possible, concède David-Alexandre Brassard. Il peut être difficile de couper dans les dépenses comme l’alimentation et l’essence. Mais vous pourriez limiter vos sorties au restaurant ou votre consommation d’essence en travaillant à la maison, par exemple. Cela dit, il est vrai que certains n’ont pas le choix, et doivent se déplacer en voiture. »

En ces temps difficiles, diverses stratégies gagnent en popularité. « Cette situation stressante pousse certains à se tourner vers les marchés des produits à réutiliser et les possibilités de copropriété. L’économie du partage peut aussi offrir des pistes intéressantes. »

Voici quelques façons d’atténuer les effets de l’inflation :

  • Réduisez votre consommation des biens ayant enregistré la plus forte hausse, par exemple la viande et les produits laitiers.
  • Cuisinez plus souvent pour réduire votre consommation d’aliments préparés et éviter les repas au restaurant.
  • Reportez vos projets de rénovation. « Les coûts de construction sont élevés. Dans la mesure du possible, vous devriez attendre », conseille l’économiste.
  • Essayez de prolonger au maximum la vie de vos biens durables – électroménagers, mobilier, voiture. « Les faire réparer coûte moins cher que d’en acheter de nouveaux », rappelle-t-il.
  • Profitez du marché de la revente pour y acheter des articles d’occasion et envisagez de louer ou de partager des biens que vous n’utilisez pas fréquemment.
  • Comparez les prix pour dénicher les meilleures aubaines et profitez des rabais en circulaire et des coupons d’épicerie.
  • Prenez le volant moins souvent.

APRÈS 2022

David-Alexandre Brassard a bon espoir que l’inflation reculera après 2022. « Les banques centrales commencent à majorer les taux d’intérêt dans le but de freiner la surchauffe. Quand les taux sont à la hausse, il est plus coûteux d’emprunter. Il devient donc avantageux pour les consommateurs et les entreprises de conserver leur argent plutôt que de le dépenser. De quoi réduire d’autant les pressions exercées sur la demande. »

Si le spectre de l’hyperinflation (une augmentation rapide et suivie des prix) alimente les conversations, l’économiste croit qu’un tel scénario est peu probable. « On parle d’hyperinflation quand l’inflation augmente de 50 % par mois. Ainsi, une pomme qui coûtait 1,00 $ en septembre coûterait 1,50 $ en octobre. Nous en sommes très loin. »

« Le Canada a encore une marge de manœuvre pour augmenter les taux d’intérêt et juguler l’inflation, note-t-il. À l’heure actuelle, les taux d’intérêt sont encore bas, ce qui est une bonne chose. Au Canada, le taux d’inflation est inférieur de 2 % ou presque au taux d’inflation observé aux États-Unis. L’exemple de la Russie jette un éclairage sur la situation du Canada. Là-bas, les prix ont augmenté de 16,7 % entre mars 2021 et mars 2022, et le taux directeur de la Banque centrale a pu atteindre 17 %. »

POUR EN SAVOIR PLUS

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