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Des bénévoles emballent des boîtes de conserve lors d'une collecte alimentaire
Canada
Finances personnelles

Organismes de bienfaisance : savoir à qui on donne

Pour que vos dons aient l’impact voulu, renseignez-vous et faites le point sur vos choix.

Des bénévoles emballent des boîtes de conserve lors d'une collecte alimentaireFaire du bénévolat, voilà un excellent moyen de voir à l’œuvre un organisme de bienfaisance auquel vous envisagez de faire un don. (Getty Images/Jose Luis Pelaez Inc)

Il y a 85 000 organismes de bienfaisance enregistrés auprès de l’Agence du revenu du Canada (ARC). Comment savoir à qui donner? Selon un sondage récent, les Canadiens redoublent de générosité. Plus de la moitié des répondants disaient qu’ils donnaient environ 1 000 $ par an à des œuvres caritatives.

Intervention communautaire, protection de l’environnement, aide aux animaux vulnérables, les causes à financer foisonnent, et le choix des organismes compte, sur le plan personnel et financier.

Si votre budget vous le permet et que vous voulez faire un don, voici cinq conseils à suivre pour que votre argent aille au bon endroit. Nous vous proposons aussi quelques considérations d’ordre fiscal.

1) FAITES UN PLAN (ET SUIVEZ-LE

Au début de l’année, décidez combien vous voulez donner. Évitez de vous laisser influencer par les nombreuses demandes reçues, que ce soit dans la rue, dans les magasins ou à l’occasion d’anniversaires d’amis qui sollicitent des dons, recommande Kate Bahen, directrice générale de Charity Intelligence Canada, organisme de bienfaisance enregistré qui évalue des centaines d’organismes. 

« Réfléchissez à ce qui compte pour vous avant de faire un don, suggère-t-elle. Vous avez le droit de refuser sans vous sentir coupable si les demandes se font trop nombreuses. »

Après avoir établi un budget annuel, vous pouvez en affecter une partie aux dons spontanés, comme dans le cas de crises humanitaires. Mais Kate Bahen suggère de limiter les dons en espèces, qui ne peuvent pas être retracés grâce à des reçus ou à des relevés de carte de crédit ou de compte bancaire.

2) RENSEIGNEZ-VOUS SUR L’ORGANISME

Il ne suffit pas de trouver un organisme qui correspond à vos valeurs; il doit aussi s’acquitter de son mandat avec efficacité, rappelle Mark Blumberg, associé chez Blumberg Segal, cabinet d’avocats de Toronto spécialisé dans le secteur des organismes sans but lucratif et de bienfaisance.

« Par exemple, un groupe médiatisé qui sauve des ours polaires attire certes l’attention, mais il y a peut-être un groupe plus petit qui se consacre à une cause semblable et qui réussirait à accomplir plus avec votre don », constate-t-il.

Faire du bénévolat, voilà un excellent moyen de voir un organisme à l’œuvre, ajoute Mark Blumberg. « Les donateurs peuvent ainsi déterminer si l’organisme est efficace. »

Des recherches sur les différentes démarches de l’organisme, dont ses collectes de fonds, activités et programmes, peuvent s’avérer révélatrices.

On peut aussi se tourner vers des ressources externes qui évaluent l’efficacité des organismes, notamment Charity Intelligence, Charity Data, Charity Central, et Charity Navigator. Les publications comme Maclean’s et MoneySense dressent également des palmarès. 

3) POSEZ DES QUESTIONS SUR LES RETOMBÉES DES ACTIONS DE L’ORGANISME

Même si de nombreuses informations sur l’organisme sont là, il reste parfois difficile de mesurer l’ampleur des retombées, précise Mark Blumberg.

Par exemple, la taille et la notoriété d’un organisme de bienfaisance ne se traduisent pas nécessairement par l’impact le plus marquant. Les statistiques peuvent être trompeuses, signale-t-il. Le simple nombre de personnes qu’un programme a aidées n’explique pas ce qui a été accompli.

Il ne faut donc pas hésiter à poser des questions difficiles pour pouvoir cerner ce que fait vraiment l’organisme afin de respecter son mandat et d’atteindre ses objectifs, ajoute Kate Bahen.

« Les organismes sérieux tiennent à préciser comment ils dépensent votre argent et à vous présenter les résultats obtenus », conclut-elle.

4) SOYEZ À L’AFFÛT DES SIGNES INQUIÉTANTS

Certains signes doivent vous mettre la puce à l’oreille : l’organisme n’est pas enregistré auprès de l’ARC, n’a pas de site Web ni d’adresse municipale, n’accepte que des dons en espèces… Méfiez-vous aussi des tactiques pressantes de collecte de fonds. Certains représentants insisteront pour que vous preniez un engagement immédiatement, sans vous laisser le temps d’analyser l’information fournie.

Pour ce qui est de l’impôt, assurez-vous de pouvoir obtenir un reçu accepté par l’ARC, ajoute Bruce Ball, FCPA, CPA, vice-président, Fiscalité, à CPA Canada.

« L’important, c’est que le reçu corresponde aux exemples proposés par l’ARC; les organismes ont l’obligation de produire des reçus sous cette forme. »

Pour les dons considérables, l’ARC peut exiger des renseignements supplémentaires, comme une preuve du paiement, poursuit Bruce Ball. « Prenez soin de la classer dès que vous faites le don pour éviter de la chercher plus tard. »

5) LISEZ LES DOCUMENTS PUBLIÉS

Prenez connaissance des états financiers et des rapports annuels présentés sur le site Web de l’organisme. Vous pouvez aussi consulter d’autres renseignements par l’intermédiaire de l’ARC et de certaines organisations de surveillance, pour vous faire une idée des activités menées.

Au Canada, les OSBL ne sont pas tous tenus d’établir des états financiers audités, qui comprennent certaines notes ainsi que l’opinion de l’auditeur. Ceci étant, bien des OSBL les présentent, et c’est un gage de transparence, explique Rayna Shienfield, avocate et directrice de projets, Surveillance et gouvernance des entreprises, à CPA Canada.

En examinant les états financiers, vous constaterez peut-être que les frais administratifs (fournitures et matériel, services comptables et autres) sont faibles. Est-ce à dire que l’organisme est bien géré? « Pas toujours », poursuit Rayna Shienfield.

« On pourrait croire à tort que l’organisme devrait limiter les coûts indirects. Pourtant, il faut de l’argent pour bien gérer un organisme de bienfaisance, dit-elle. J’invite les donateurs à consulter les états financiers pour voir si les coûts indirects se situent dans une fourchette raisonnable. »

Faites des recherches pour vous assurer que vos dons seront mis à profit et serviront une cause qui vous tient à cœur.

« Il y a d’excellents organismes et les donateurs sont perspicaces. À eux d’écouter leur instinct et ne pas tolérer de moyens de pression », conclut Rayna Shienfield.

RESSOURCES POUR LES OSBL

CPA Canada a préparé une mine de ressources pour les organismes sans but lucratif, notamment sur la mesure efficace de la performance, la gestion de la viabilité financière et des perturbations liées aux nouvelles technologies, les normes comptables et la présentation adéquate de l’information annuelle et financière.