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jeune homme soulevant des boîtes à l'arrière d'une fourgonnette
Canada

Comment aider votre Tanguy à quitter le nid pour de bon

Le marché immobilier canadien pousse les jeunes à retourner vivre chez leurs parents. Une experte en gestion des finances personnelles a quelques astuces à offrir à ces derniers.

jeune homme soulevant des boîtes à l'arrière d'une fourgonnetteSelon la dernière Enquête sociale générale de 2011 sur la famille, 31 % des 20 à 24 ans qui habitent avec leurs parents sont rentrés au domicile familial après avoir vécu ailleurs. (Shutterstock/Monkey Business Image)

Vous avez hâte de voir vos enfants quitter le nid? Armez-vous de patience.

Selon Statistique Canada, les jeunes Canadiens sont beaucoup plus susceptibles de vivre chez leurs parents que les générations précédentes. Alors que certains s’incrustent, d’autres ─ les enfants boomerangs ─ reviennent au bercail après avoir tenté de voler de leurs propres ailes. 

Plus d’un jeune adulte de 20 à 34 ans sur trois (34,7 %) vivait avec au moins un de ses parents en 2016, toujours d’après Statistique Canada. Cette proportion a connu une croissance soutenue au fil des ans parmi les jeunes dans la vingtaine. De seulement 26,9 % en 1981, elle est passée à 32,1 % en 1991, puis à 42,5 % en 2006. 

Bien que le recensement ne précise pas pourquoi les jeunes adultes s’éternisent au domicile familial, le coût du logement y contribue certainement de l’avis de Brigitte Lazarko, CPA, CA, directrice principale, Finance, à la société Conseillers immobiliers GWL, à Winnipeg. Mme Lazarko, également bénévole en littératie financière pour CPA Canada, croit que les coûts élevés sur le marché immobilier favorisent l’augmentation du nombre d’enfants boomerangs. [Voir Les Y et le marché immobilier canadien : un casse-tête de taille]

« Ils rêvent tous d’accéder à la propriété, mais constatent que ce sera beaucoup plus difficile pour eux d’y arriver que ce l’était pour la génération précédente », dit-elle.

C’est pourquoi le gouvernement fédéral adopte des mesures pour accroître l’abordabilité des logements. Dans son budget préélectoral de 2019, déposé plus tôt cette année, il a annoncé la mise en place d’un incitatif à l’achat d’une première propriété. Il a aussi augmenté la somme que les acheteurs peuvent retirer de leur REER dans le cadre du régime d’accession à la propriété.

« Le logement est devenu un sujet chaud pour les jeunes Canadiens, selon Francis Fong, économiste en chef à CPA Canada. Résultat du déséquilibre entre l’offre et la demande dans beaucoup de nos grandes villes, les prix dépassent largement la capacité de payer de nombre d’entre eux. Ce problème concerne non seulement l’achat, mais également la location : la demande est tellement forte que la concurrence pour les quelques logements offerts est féroce. »

Malgré ce contexte difficile pour les Y, Mme Lazarko a quelques conseils à donner aux familles.

VOTRE ENFANT QUITTE LE NID?

À ce stade, le plus important est de vous asseoir avec votre enfant et de lui apprendre à établir un budget, estime Mme Lazarko.

« Vous devez aussi lui enseigner à respecter son budget et à cerner les dérapages. Vous pouvez même lui donner quelques trucs pour réduire ses dépenses, conseille-t-elle. Pour nombre de jeunes adultes, les cartes de crédit et autres outils d’emprunt rendent l’argent beaucoup plus abstrait. »

« Il faut que les jeunes connaissent le coût réel de la propriété. Il n’y a pas que l’hypothèque, il faut aussi payer les réparations et tous les autres frais liés à la possession d’une maison », ajoute Mme Lazarko.

D’après elle, les jeunes adultes d’aujourd’hui devraient avoir de meilleures connaissances en gestion des finances personnelles que leurs parents, car le prix du logement a connu une hausse fulgurante comparativement au coût de la vie.

« Je crois qu’il importe plus que jamais, souligne Mme Lazarko, que les jeunes comprennent ce qui les attend et soient pleinement conscients des incidences de leur mode de vie. »

VOTRE ENFANT REVIENT AU BERCAIL?

Selon la dernière Enquête sociale générale de 2011 sur la famille, 31 % des 20 à 24 ans qui habitent avec leurs parents sont rentrés au domicile familial après avoir vécu ailleurs.

Mme Lazarko mentionne que pour certaines familles, le choix de permettre à leur jeune adulte d’habiter chez elles plus longtemps est stratégique : l’enfant peut ainsi se constituer une épargne. Par contre, s’il revient à la maison après l’avoir quittée, vous pourriez exiger une contribution aux dépenses du foyer.

« Vous lui apprendrez ainsi que son retour a une incidence sur les finances de ses parents, explique-t-elle. De plus, il lui sera plus facile de se faire à la dure réalité quand il déménagera de nouveau. »

« En effet, comme il intégrera ces coûts à sa routine, ajoute-t-elle, le choc sera moins brutal lorsqu’il repartira. »

Mme Lazarko suggère aux parents qui n’ont pas vraiment besoin de cet argent pour les dépenses domestiques, mais qui veulent quand même inculquer de bonnes habitudes à leur enfant, de mettre de côté l’argent recueilli.

« Puis, lorsque votre enfant achètera une maison, vous pourrez lui rendre l’argent. Vous aurez fait preuve de fermeté tout en lui rendant service. »

OUTILLEZ-LE DÈS L’ENFANCE

« Si votre enfant est encore trop jeune pour partir, vous pouvez quand même l’outiller pour l’avenir, ajoute Mme Lazarko. L’apprentissage de la gestion des finances commence à la maison. Si votre enfant vous voit acheter sans retenue ou si vous peinez à lui refuser quoi que ce soit, il ne prendra jamais l’habitude de faire des choix. » [Voir le Guide à l’intention des parents : Apprendre la gestion financière à nos enfants de CPA Canada]

« Favoriser la prise de conscience de la réalité et dépenser en fonction de vos moyens montre à votre progéniture qu’elle ne peut pas toujours avoir tout ce qu’elle désire et qu’il faut parfois faire des sacrifices », dit-elle.

Donner de l’argent de poche à votre jeune enfant peut l’aider à intégrer les notions d’épargne et de budget. Il comprendra qu’il doit attendre d’avoir l’argent nécessaire avant d’acheter quelque chose. Faits en bas âge, ces apprentissages l’aideront à prendre de meilleures décisions financières une fois adulte.

CONSEILS EN FINANCES FAMILIALES

Préparez-vous à enseigner la gestion des finances personnelles à la maison : apprenez comment parler d’argent avec votre enfant et apprenez-lui à dépenser intelligemment son argent de poche.