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Vous voulez améliorer votre intelligence émotionnelle? Soyez prêt à vous mettre au travail

Comme l’explique Jennifer Gervès-Keen, il existe diverses façons pour les leaders d’affiner leur intelligence émotionnelle. Mais toutes requièrent une volonté et une capacité d’apprendre.

Aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle s’impose comme une nécessité absolue pour les dirigeants et elle constitue généralement un élément fondamental de toute formation en leadership (Getty Images/EmirMemedovski)

Dans le monde du travail d’aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle est désormais une compétence de leadership essentielle. Bien que bon nombre de personnes connaissent le concept d’intelligence émotionnelle, sa définition s’est considérablement transformée au fil des ans.

CPA Canada s’est entretenue avec Jennifer Gervès-Keen, mentore pour cadres supérieurs chez JGK Consulting et conceptrice du cours en ligne Using Emotional Intelligence to be a Better Leader [L’intelligence émotionnelle, carte maîtresse de tout bon leader] de CPA Canada, pour connaître son point de vue sur l’évolution de l’intelligence émotionnelle et sur son importance dans le contexte professionnel actuel.

CPA CANADA : Comment la notion d’intelligence émotionnelle a-t-elle évolué?
Jennifer Gervès-Keen (JGK) : L’expression existe depuis les années 1960. Au début, tout le monde voyait l’intelligence émotionnelle comme une compétence générale, et rares étaient ceux qui lui attachaient une grande importance. Aujourd’hui, l’intelligence émotionnelle s’impose comme une nécessité absolue pour les dirigeants et elle constitue généralement un élément fondamental de toute formation en leadership.

Pendant des années, les gens étaient promus en raison de leurs habiletés techniques ou parce qu’ils faisaient bien leur travail. C’est encore le cas aujourd’hui dans de nombreuses organisations. Or, ce n’est pas tout le monde qui souhaite ou peut occuper un poste de direction ou de gestion. Certaines personnes n’ont tout simplement pas les capacités, les compétences ou même le désir de diriger.

Les organisations intelligentes examinent maintenant de plus près la possibilité de proposer un éventail de parcours professionnels. Plus vous serez en mesure d’offrir ce choix, plus vos leaders seront motivés et, surtout, plus ils auront les compétences recherchées.

CPA CANADA : Pourquoi l’intelligence émotionnelle est-elle importante?
JGK : Je trouve toujours intéressant de constater que dans les organisations, lorsque le niveau de stress augmente, l’intelligence émotionnelle baisse au moment même où on a en le plus besoin. Plus le stress est grand, moins on a conscience des répercussions de ses actions sur les autres et plus on ne pense qu’à soi. Ce comportement a évidemment une incidence sur l’environnement de travail quand on doit travailler avec d’autres personnes.

Les leaders font actuellement face à un monde du travail complexe : télétravail ou modèle hybride, diversité, équité et inclusion, resserrement du marché de l’emploi et épuisement professionnel. La COVID, en particulier, nous a montré l’extrême importance de la dimension sociale de la communication. L’aspect humain des affaires est devenu extrêmement exigeant. Toutes les études font état de niveaux d’anxiété sans précédent au travail.

Plus que jamais, nous avons besoin de leaders capables d’entrer en contact avec les gens, des leaders qui ont une volonté et une capacité d’apprendre et savent adapter leur style aux besoins de leur équipe. Cette évolution est le reflet de notre époque.


« Plus que jamais, nous avons besoin de leaders capables d’entrer en contact avec les gens et d’adapter leur style aux besoins de leur équipe. Cette évolution est le reflet de notre époque. »


CPA CANADA : Comment définit-on l’intelligence émotionnelle?
JGK : Elle comporte quatre aspects clés : la conscience de soi, l’autonomie, la conscience sociale (dont l’empathie) et la motivation.

La connaissance de soi est essentielle pour établir des relations. Un leader efficace connaît ses forces et ses faiblesses, ainsi que leur incidence potentielle sur les autres.

Pour ce qui est de l’autonomie, les personnes émotionnellement intelligentes parviennent à se maîtriser même lorsqu’on les provoque et à gérer leurs réactions pour maintenir une interaction positive.

La conscience sociale ou empathie ne consiste pas à faire preuve de gentillesse envers autrui. Il s’agit plutôt de comprendre le point de vue des autres et de savoir comment ils en sont arrivés à cette opinion, ce qui n’est pas toujours facile avec la main-d’œuvre diversifiée d’aujourd’hui, qui se compose de gens d’expériences et d’horizons différents.

La motivation, qui est en voie de devenir une science en soi, est une composante fondamentale du travail. On pensait autrefois que la motivation était innée; or, elle est dans une large mesure le fruit d’un apprentissage. La motivation extrinsèque se décline sous différentes formes dans notre vie : la rémunération, les vacances, le milieu de travail, etc. Mais il y a aussi des motivations intrinsèques, c’est-à-dire ces forces internes liées à nos valeurs et à nos priorités et qui influent sur nos comportements. La motivation intrinsèque est un moteur puissant pour chacun d’entre nous.

CPA CANADA : Comment évalue-t-on l’intelligence émotionnelle d’une personne?
JGK : Les organisations ont recours à différents instruments de mesure pour évaluer l’intelligence émotionnelle des individus, depuis les évaluations psychométriques jusqu’aux programmes en ligne. Beaucoup d’entreprises les utilisent pour recruter des candidats pour des postes précis. Toutefois, aucun de ces instruments n’est parfait, ni à l’épreuve de défaillances.

Certains employés parviennent à simuler des habiletés d’intelligence émotionnelle pour décrocher un emploi ou une promotion. Il faut donc être à l’affût de certains indices, comme un manque de cohérence dans l’expérience du candidat. Par exemple, une personne pourra accomplir un travail extraordinaire au sein d’un groupe, mais obtenir un résultat inverse auprès d’un autre. Elle répond toujours à certaines demandes, mais donne rarement suite à d’autres. Elle a de la facilité dans ses rapports avec ses supérieurs, mais présente une image différente lorsqu’elle s’adresse à l’équipe. Elle pourrait aussi ne pas être réceptive à recevoir des commentaires sur son cheminement.

Si une personne ne s’intéresse qu’au prestige, au titre, au salaire, elle risque de ne pas se sentir concernée par le bien-être de l’équipe. Mais quand quelqu’un trouve un sens à son travail, crée un milieu de travail positif et aide les autres, cela peut avoir une profonde incidence sur l’ensemble de l’organisation.


« Je trouve toujours intéressant de constater que dans les organisations, lorsque le niveau de stress augmente, l’intelligence émotionnelle baisse au moment même où on a en le plus besoin.  »


CPA CANADA : Que peut-on faire pour étoffer ses compétences dans ce domaine?
JGK : Avant, on pensait que l’intelligence émotionnelle était quelque chose qu’on a ou pas. Grâce aux progrès des neurosciences, on sait maintenant que l’intelligence émotionnelle peut s’apprendre. Et il existe de nombreuses façons d’y parvenir.

L’apprentissage de l’intelligence émotionnelle repose sur deux éléments clés. Vous devez être prêt à apprendre et vouloir apprendre.

Ensuite, vous devez expérimenter et mettre en pratique l’intelligence émotionnelle grâce à l’apprentissage expérientiel. Engager des conversations, avoir une idée de ce qui fonctionne ou non, et apprendre en procédant par essais et erreurs.

CPA CANADA : Quand sait-on qu’on a atteint ses objectifs d’intelligence émotionnelle?
JGK : L’intelligence émotionnelle est un processus en constante évolution. On ne peut jamais dire que c’est réglé, surtout en ce moment, alors que les gens reviennent au travail avec des valeurs, des priorités et des ambitions complètement différentes.

C’est par la pratique que vous renforcerez votre intelligence émotionnelle. Quand personne ne nous responsabilise, il est facile de retomber dans ses vieilles habitudes. Une bonne solution consiste à suivre des cours de rappel et de s’assurer de recevoir une rétroaction régulière. Il est important de persévérer.

Fait intéressant, les membres de la génération Z sont probablement ceux qui affichent la plus grande intelligence émotionnelle. Ils s’attendent donc à ce que ce soit la même chose pour leur supérieur. Leurs attentes envers leurs dirigeants sont élevées.

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