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Trois emballages individuels de savon Myni
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Magazine Pivot

Une CPA propose un produit de nettoyage zéro déchet

Marie-Hélène David, vue à l’émission Dans l’œil du dragon, a créé des pastilles de nettoyant pour faire diminuer l’utilisation de flacons de plastique.

Trois emballages individuels de savon MyniLa CPA qui dirige MYNI s’est spécialisée dans les produits de nettoyage zéro déchet.

Tout a commencé le jour où Marie-Hélène David a découvert une fissure dans un tuyau corrodé par des produits de nettoyage. L’entrepreneure et CPA, enceinte de son deuxième enfant, réalisait soudain combien ces nettoyants étaient toxiques.

Inquiète pour la santé de sa famille, elle s’est lancée dans la fabrication de produits maison, une idée qui allait aboutir à la création d’une entreprise de produits ménagers peu polluants dénommée MYNI.

La jeune femme a élaboré son projet pendant son congé de maternité, et MYNI a vu le jour un an plus tard, en 2020, à l’aube de la pandémie.

« C’est allé vite, parce que j’ai commencé petit », confie Marie-Hélène David, qui a d’abord lancé deux produits nettoyants, l’un, tout usage, et l’autre, pour vitres et miroirs.

L’entrepreneure, qui avait déjà présenté un projet de sacs à main à l’émission Dragons’ Den de CBC, a décidé de soumettre sa nouvelle idée à l’émission Dans l’œil du dragon de Radio-Canada. Entourée de cinq chimistes, la jeune mère a concocté cinq nouveautés, dont un savon pour les mains. Douze autres s’y ajouteront, notamment du détergent pour la lessive et pour le lave-vaisselle.

Vendues sous emballage biodégradable, les pastilles (de la taille d’une pièce de monnaie) se transforment en solution de nettoyage une fois dissoutes dans l’eau. L’entreprise propose aussi des flacons pulvérisateurs en verre. Pour fabriquer les pastilles, il faut mille fois moins d’énergie que pour élaborer des produits nettoyants traditionnels. Et puis, petites et légères, elles se transportent aisément, d’où des économies de l’ordre de 95 % sur le fret. Les émissions de GES baissent, car on évite de déplacer des tonnes d’eau. Et on dit adieu aux bouteilles en plastique.

Au Canada, des dizaines de commerces « zéro déchet » ont vu le jour ces dernières années. Leur histoire varie, mais tout part d’une seule et même motivation. L’emballage représente 47 % des déchets de plastique, selon un rapport d’Environnement et Changement climatique Canada. On sait que l’équivalent d’un camion à ordures de plastique se retrouve déversé dans la mer toutes les minutes. Fort de sa Charte sur les plastiques dans les océans, le gouvernement fédéral compte éliminer les déchets de plastique d’ici 2040, en commençant par interdire dès cette année certains articles jetables (sacs, couverts, anneaux porte-canettes). En outre, on espère pouvoir recycler tous les plastiques d’ici 2040.

Pendant ce temps, de jeunes pousses comme MYNI capitalisent sur les préoccupations des consommateurs. Eco+amour, une boutique de vente en vrac de Scarborough fondée en 2018, vend en ligne ainsi que chez des détaillants en Ontario et au Nouveau-Brunswick. Elle propose savons, shampooings et détergents pour lave-vaisselle biodégradables. S’y ajoutent des comprimés de dentifrice et des masques faciaux sous forme de capsules solubles dans l’eau.

« L’une de nos grandes forces, c’est la fabrication sur place, à Scarborough », précise la cofondatrice Sarah Marcus, qui développe ses produits avec son associée Laura Craig, formée au Royaume-Uni. Elles sont toutes deux aidées par un chimiste.

Selon l’entrepreneure, de 98 % à 99 % des clients d’eco+amour apportent leurs propres bouteilles à remplir. L’entreprise propose également une vingtaine de marques locales axées elles aussi sur la réduction des déchets.

Des acteurs établis, comme Tru Earth, fondée en Colombie-Britannique en 2018, ont montré que la demande était là. Seconde au palmarès des jeunes entreprises montantes dressé par Canadian Business en 2020, Tru Earth comptait 200 000 clients dans 52 pays après 18 mois d’activité. Où trouver ses produits? Chez Indigo, Sobeys et Home Hardware, entre autres. Des concurrents tels Cleancult et Blueland intensifient également leur présence au Canada.

Née dans la cuisine de Marie-Hélène David, MYNI a connu une expansion rapide, malgré la pandémie. Ses pastilles, vendues en ligne et dans des chaînes comme les pharmacies Jean Coutu, sont aussi présentes chez 300 détaillants des Amériques, du Royaume-Uni, du Japon et des Émirats arabes unis. L’entrepreneure espère voir ses produits dans un millier de points de vente au Canada d’ici l’été.

Un grand démarrage en ligne n’était pas vraiment prévu, mais la pandémie a forcé les choses et le contexte s’est avéré favorable, puisque tout le monde était confiné à la maison, en train de récurer l’évier. Et grâce au contact direct avec les clients en ligne, MYNI a pu affiner ses formulations pendant la première année. De quoi en arriver à ce que Marie-Hélène David appelle « un meilleur équilibre », pour une entreprise innovante, qui a trouvé son créneau dans un nouveau marché.

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