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Collègues dans un bureau ouvert
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Pour orienter les décisions, les CPA iront au-delà des chiffres

Les CPA d’aujourd’hui conjugueront compétences professionnelles et capacités relationnelles.

Collègues dans un bureau ouvertLe monde des affaires change : outre les résultats financiers, on scrute désormais l’impact sociétal. (Getty Images/xavierarnau)

À l’ère où les mégadonnées chamboulent d’innombrables secteurs, chacun d’entre nous possède un atout irremplaçable : ses compétences humaines. En fait, les valeurs axées sur l’humain jouent un rôle grandissant dans la profession comptable. Pourquoi? Parce que les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) – et tout particulièrement le volet social – transforment la gestion des entreprises.

« L’entregent, l’esprit critique et la gestion holistique des problèmes s’imposent comme des incontournables pour les CPA, tous domaines confondus », fait valoir Tim Jackson, FCPA, président du Groupe de travail sur la Grille de compétences, et président et chef de la direction de SHAD Canada, qui offre aux élèves en fin de secondaire un programme d’enrichissement tenu en été. « Quand on prend des décisions, les gens veulent qu’on aille au-delà des chiffres. »

Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour les CPA et leurs clients?

ÉLARGIR SES HORIZONS

En élaborant la nouvelle Grille de compétences, la Grille 2.0, le Groupe de travail a porté son regard sur l’évolution du rôle des CPA.

« Le constat était clair : pendant leur formation, les CPA font l’acquisition de certaines aptitudes et compétences, explique Tim Jackson. Mais encore faut-il les transposer dans le vrai monde. » Un monde qui a connu de profonds bouleversements ces dernières années.

Même si les chiffres seront toujours au cœur de la profession, la communication et la prise en compte de facteurs qui vont au-delà des résultats financiers gagnent en importance.

« Comme CPA, nous savons trier, valider, ordonner des données. Or les données changent, poursuit Tim Jackson. Produire un bilan ou un état des résultats n’est plus exclusivement une question de chiffres, d’actifs et de passifs. Des décisions qui, il y a 30 ans, étaient strictement financières font maintenant intervenir d’autres facteurs. »

Une entreprise qui réalise une évaluation de la diversité, par exemple, aura besoin de professionnels qui comprennent non seulement les chiffres et les données, mais aussi la diversité.

C’est pourquoi la Grille 2.0 fait place aux facteurs ESG, notamment aux questions de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI) ainsi qu’à l’histoire des peuples autochtones du Canada.

Par ailleurs, les clients intègrent à leur planification un nombre grandissant de critères ESG, ajoute Tim Jackson. Une décision qui paraît rentable à première vue pourrait en fait avoir d’importantes conséquences environnementales à court ou à long terme.

« Pour chaque décision, il faut se demander : “Quelles seront les incidences à court terme? Dans 10 ans, dans 100 ans, dans 1 000 ans?” »

INTERAGIR EN PROFONDEUR AVEC LE CLIENT

Désormais, les CPA doivent non seulement aller au-delà des chiffres, mais aussi allier qualités humaines et compétences professionnelles dans la prise de décisions.

« Nous sommes entrés dans l’ère de l’information », explique Zahid Fazal, CPA, associé directeur, groupe Certification, à EY Canada. « Plus que jamais, les CPA doivent exercer leur esprit d’analyse pour comprendre et interpréter des données complexes. Mais ce n’est pas tout : ils doivent aussi faire preuve d’esprit critique, puis traduire leurs chiffres et leurs constats en un discours convaincant qui amènera les intervenants à adopter des solutions efficaces. Ainsi, le Forum économique mondial prédit dans un rapport de 2020 que, d’ici 2025, les comptables devront non seulement avoir des compétences technologiques avancées, mais aussi être créatifs, persuasifs et ingénieux, c’est-à-dire capables de résoudre divers problèmes. »

Pour se démarquer dans le monde numérique, les CPA doivent aussi savoir réseauter, négocier, et créer des occasions de développement des affaires.

C’est en écoutant les objectifs et les préoccupations de leurs clients qu’ils pourront concevoir un plan d’affaires cohérent.

« On ne dit plus aux chefs d’entreprise d’aller chercher le rendement maximal sans prendre du recul, poursuit Tim Jackson. On leur précise qu’on veut comprendre dans quel genre d’entreprise les fonds seront investis. Quelles sont les implications de ses activités? Ont-elles des répercussions négatives? Certains ne veulent pas s’associer à des organisations qui n’ont pas de saines pratiques ESG (ni y investir). Mais on veut aussi comprendre comment les entreprises s’attaquent à différents enjeux, y compris l’équité dans la structure organisationnelle. »

ACQUÉRIR DES SAVOIR-FAIRE AXÉS SUR L’HUMAIN

Pour beaucoup d’organisations, la question du bagage de compétences se pose dès le recrutement. « Quand nous engageons des CPA, nous cherchons de futurs leaders et des conseillers de confiance, souligne Zahid Fazal. Nous voulons choisir des candidats qui amènent différentes perspectives, qui n’ont pas peur du changement, qui travaillent bien en équipe, de futurs leaders qui font preuve de curiosité. »

Tout au long de leur carrière, les CPA ont accès à une foule d’occasions d’apprendre.

« Nous donnons aux employés les compétences, les technologies, les moyens d’agir et le soutien voulus pour bâtir une carrière enrichissante au cabinet, explique Zahid Fazal. Nous voulons susciter des changements durables pour aider nos professionnels à réussir, au travail comme ailleurs. C’est pourquoi nous leur inculquons des qualités de leader qui les aident à assister les dirigeants dans leurs décisions quotidiennes. » (Il faut notamment avoir l’esprit agile et analytique, et déceler des possibilités là où d’autres ne voient que des difficultés.)

Zahid Fazal ajoute qu’EY Canada offre une journée de formation payée pour aider les employés à acquérir diverses compétences complémentaires afin de continuer d’apprendre, de s’améliorer et de progresser.

Les CPA sont invités non seulement à suivre les formations de l’employeur, mais aussi à faire le point sur les enjeux qui pourraient toucher leurs activités professionnelles, en siégeant à un comité, par exemple un comité DEI, et en discutant avec des collègues issus d’horizons variés.

« Les CPA sont toujours prisés par les conseils d’administration d’OSBL et d’organisations diverses, souligne Tim Jackson. En siégeant au CA d’un hôpital, d’une fondation ou d’une université, vous entendrez parler de toute sorte d’enjeux. Et puisque vous serez présent vous aussi à la table, vous apprendrez à coup sûr à mieux les comprendre. »

Les cours et les ateliers de perfectionnement sont également des outils clés, selon Tim Jackson, surtout pour les CPA d’expérience.

« J’espère que ceux qui exercent depuis longtemps, en cabinet ou ailleurs, écoutent la relève et s’intéressent aux questions qui lui tiennent à cœur, de conclure Tim Jackson. Il s’agit de concilier l’épanouissement professionnel et l’ouverture aux autres, pour assimiler tout un éventail d’éléments. »