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Une équipe de direction écoute les contre-arguments d’un collègue.
Comptabilité
La profession

Les CPA, gardiens des données à l’ère des fausses nouvelles

De nos jours, la mésinformation et la désinformation entravent la prise de décisions à tous les échelons, mais les CPA savent remettre les pendules à l’heure.

Une équipe de direction écoute les contre-arguments d’un collègue.En réunissant autour d’une table un groupe diversifié, on réduit les risques de partis pris et on peut interpréter les informations objectivement. (AzmanL/Getty Images) 

À l’heure où les discours tendancieux et les fausses nouvelles se multiplient et où l’instabilité politique et la pandémie mondiale favorisent les manquements à l’éthique, les CPA ont une fonction importante à remplir : assurer aux organisations clientes l’accès à des informations auxquelles elles peuvent prêter foi.

« Les CPA doivent lutter en amont contre les partis pris, la mésinformation et la désinformation, un rôle que nous avons toujours eu à titre de gardiens des informations et des données », explique Brian Friedrich, FCPA, coauteur (avec Laura Friedrich, FCPA) de Partis pris, mésinformation et désinformation : les reconnaître pour mieux les combattre. Ce document de réflexion a été produit par CPA Canada en collaboration avec l’Institute of Chartered Accountants of Scotland, l’International Federation of Accountants et l’International Ethics Standards Board for Accountants.

Voici trois manières pour les CPA de composer avec l’instabilité actuelle et les problèmes de mésinformation et de désinformation pouvant en résulter.

1. ÉLARGIR SES HORIZONS

Selon Brian Friedrich, en tant que leaders guidés par l’éthique, les CPA ont vu leur champ d’intervention s’élargir, en partie parce que le public a des exigences grandissantes quant aux enjeux comme la durabilité, la diversité, l’équité et l’inclusion.

« Les CPA doivent se montrer proactifs dans ces domaines et prendre leur place en période de crise, estime Laura Friedrich. Ils peuvent freiner la propagation des informations inexactes et des discours mensongers. »

Elle ajoute que ce sont les compétences habilitantes du CPA – dont le jugement professionnel, l’esprit critique, le leadership axé sur l’éthique et la communication – qui le distinguent des machines remplissant une partie des tâches techniques. C’est pourquoi ces compétences doivent être au cœur du perfectionnement.

Michel Girard, agrégé supérieur au Centre for International Governance Innovation et conseiller en gouvernance des données auprès de CPA Canada, partage cet avis. D’après lui, la transformation numérique devenant non plus souhaitable, mais carrément incontournable, les CPA doivent trouver d’autres manières d’utiliser leurs compétences.

« Les CPA doivent participer à l’établissement de contrôles et de systèmes qui nous permettront de juger du fonctionnement des chaînes de valeur des données. »

2. IDENTIFIER SES PARTIS PRIS

Si la mésinformation et la désinformation n’ont rien de nouveau, leur ampleur potentielle et leur vitesse de propagation – surtout en période de crise ou d’instabilité politique – sont sans précédent.

Dans un contexte marqué par l’incertitude et le changement continuel, il incombe plus que jamais aux CPA de discerner la vérité et de servir l’intérêt public.

« On parle de mesures élémentaires, comme veiller à produire et à fournir des informations exactes et objectives », souligne Laura Friedrich.

Pour ce faire, les CPA doivent identifier leurs propres partis pris (et, éventuellement, ceux des autres) et savoir en quoi ceux-ci peuvent influencer leur lecture des faits et leurs décisions subséquentes.

« Comme humains, nous sommes sujets à la partialité et manquons parfois d’objectivité, fait valoir l’experte. Notre interprétation des informations qu’on nous présente influe sur notre manière d’en rendre compte. »

Lorsque les décideuses et décideurs reflètent une pluralité d’horizons, il est plus facile d’éviter les partis pris et d’interpréter les données de façon exhaustive et objective, poursuit Brian Friedrich.

« On est plus à même d’évaluer la validité et l’authenticité des informations et, s’il y a lieu, de tirer la sonnette d’alarme. »

Sa collègue abonde dans le même sens. « En tant que leaders, nous avons le devoir de nous poser des questions. Estimons-nous la source fiable? L’information est-elle exacte? Devons-nous l’examiner de plus près avant de la diffuser? »

3. CHANGER DE MODE DE PENSÉE

Armés de fines capacités d’analyse, les CPA savent résoudre des problèmes et dresser des plans. Cependant, face aux enjeux complexes qu’affrontent les organisations d’aujourd’hui, il faut aussi changer son mode de pensée, estiment les experts.

« On a affaire à des problèmes plus complexes que compliqués, explique Brian Friedrich. Bien que le problème compliqué ait parfois des causes multiples liées les unes aux autres, il se prête à une résolution par étapes. Quant à lui, le système ou le problème complexe comporte des facteurs étroitement liés et présente un caractère dynamique et interactif qui rend les prévisions difficiles, voire impossibles. »

L’expert conclut qu’un problème complexe ne se résout pas au moyen d’une équation ou d’une méthode et doit plutôt être géré. « Par exemple, les mesures comme le confinement et la distanciation physique se sont rapidement répercutées sur les chaînes d’approvisionnement mondiales, mais, de toute évidence, sans l’adoption de mesures sanitaires au moment opportun, la pandémie aurait échappé à tout contrôle. L’équilibre à trouver est délicat, vu l’ampleur et la nouveauté du problème. »

Selon Brian Friedrich, lorsqu’une entreprise s’incline devant la pression publique et cesse ses activités dans une région instable, les conséquences dépassent les considérations éthiques et touchent de vastes pans, dont la dotation en personnel, les relations avec les fournisseurs et la production de revenus.

« Ce ne sont pas des décisions faciles, et les réponses ne se trouvent ni dans une formule ni dans un manuel. »

De son côté, Laura Friedrich fait observer que le rôle des CPA évolue vers une meilleure prise en compte de l’incidence des décisions organisationnelles sur la société.

« Nous devons nous interroger sur les liens entre les différents aspects, nous faire la voix de la raison, prendre du recul et suivre une approche systématique. »

S’OUTILLER SUR LE PLAN ÉTHIQUE

Pour en savoir plus sur les moyens à la portée des CPA pour contrer la mésinformation et la désinformation, consultez le document Partis pris, mésinformation et désinformation : les reconnaître pour mieux les combattre, qui fait partie d’une série de documents de réflexion ayant trait au leadership axé sur l’éthique à l’ère de la complexité et du changement numérique.

Enfin, n’oubliez pas de vous inscrire au colloque organisé par le Centre for Accounting Ethics de l’Université de Waterloo et CPA Canada, qui se tiendra les 28 et 29 avril 2022. Il y sera question de l’incidence des pandémies mondiales, et plus particulièrement de la COVID-19, sur la déontologie, le professionnalisme et le jugement dans les domaines de la comptabilité et de l’information financière.