Passer au contenu principal
Femmes d'affaires portant des masques protecteurs pour se protéger contre les virus tout en travaillant au bureau.
Comptabilité
La profession

« Les CPA sont plus en demande que jamais », constate une spécialiste du secteur

Même si la pandémie n’est pas finie, l’année 2021 sera propice aux comptables qui pourront faire valoir leur grande polyvalence.

Femmes d'affaires portant des masques protecteurs pour se protéger contre les virus tout en travaillant au bureau.Les CPA sont perçus comme des experts dans la gestion du changement, dans la gestion de crise et dans la transformation des organisations. Autant de compétences que les organisations recherchent en ce moment. (Getty Images/Luis Alvarez)

L’incertitude économique en 2020 en a dissuadé plusieurs de changer d’emploi et certains CPA ont même perdu leur poste. Cependant, le contexte semble leur être on ne peut plus favorable en 2021, constate Evelyne Blain, CPA, CMA, Directrice du Développement des affaires à l’Ordre des CPA du Québec.

« Dans un contexte de relance où tout évolue rapidement, les CPA apparaissent plus que jamais comme des conseillers de confiance, constate-t-elle. Cet engouement pour le volet conseil s’est manifesté par une forte hausse du nombre de postes affichés, notamment de directeurs financiers, de contrôleurs de gestion ou de contrôleurs corporatifs. » 

Les chiffres sont parlants. « En 2020, excluant le confinement de mars-avril et l’été, qui est généralement plus calme, deux fois plus de postes de ce type ont été à pourvoir en 8 mois que durant les 12 mois de l’année précédente. »

DES ATTENTES QUI ÉVOLUENT

Evelyne Blain gère à la fois les relations avec les employeurs et la relève au Québec. Cette double casquette lui offre une perspective privilégiée sur le marché de l’emploi. 

« Au début de la crise, se souvient-elle, les employeurs ont cherché des professionnels aguerris en gestion de trésorerie à court terme, capables de les aider à payer fournisseurs comme employés, à analyser les coûts liés aux locaux ou à obtenir des subventions. 

Mais dès l’automne, une fois sortis de l’urgence, ils se sont mis en quête de profils capables de les aider à se préparer pour la suite, tournés vers la planification stratégique et l’analyse. « Les CPA, rappelle-t-elle, sont perçus comme des experts dans la gestion du changement, dans la gestion de crise et dans la transformation des organisations. Or, ce sont exactement ces compétences que les organisations recherchent en ce moment. »

Toutes les compétences liées à la transformation numérique ont aussi la cote, note Evelyne Blain, qu’il s’agisse de « posséder de bonnes connaissances en implantation de systèmes, en traitement de l’information ou en intégration et analyse des données; cette dernière compétence est une des plus recherchées ».

Et de citer un récent sondage de la BDC, selon lequel les cinq grandes priorités actuelles des entrepreneurs sont : redresser les finances; tirer parti de la technologie; miser sur le télétravail; vendre en ligne; et renouer avec la croissance. « Toutes rejoignent directement l’expertise des CPA. »

Emanuela Robillard-Dios, CPA auditrice, en sait quelque chose, elle qui était en recherche passive depuis plusieurs mois. « Même si je cherchais en région, la pandémie n’a pas affecté ma recherche. Bien sûr, il y avait moins de postes dans Lanaudière [à une centaine de kilomètres de Montréal], mais ça ne m’a pris que trois semaines pour trouver, et les conditions offertes sont très bonnes, même si elles n’égalent pas celles des grands centres urbains », admet celle qui a travaillé quelques années chez Raymond Chabot Grant Thornton, à Laval. 

La contrepartie? « Ne plus avoir à navetter, comme j’ai dû le faire trois heures par jour en moyenne pendant trois ans », ajoute-t-elle.

DES CONDITIONS GÉNÉREUSES

Même si certains secteurs ont été plus affectés que d’autres par la crise sanitaire, « les CPA sont plus en demande que jamais », constate Evelyne Blain. « C’est ce qui explique qu’on ait assisté à une flambée des salaires et des conditions offertes dans les dernières années. La demande est aussi forte pour les stages. L’automne passé, certaines organisations allaient jusqu’à recruter des jeunes qui n’avaient fait qu’une session à l’université. »

« Depuis l’été passé, certains employeurs ont malgré tout bonifié leurs conditions, notamment au niveau de la conciliation travail-famille ou du télétravail, observe-t-elle, surtout qu’on voit de plus en plus d’entreprises en région accepter de recruter une main-d’œuvre délocalisée. Les grands centres urbains attirent encore beaucoup de sièges sociaux, mais on sent un vent de décentralisation. »

Emanuela Robillard-Dios a observé la même tendance et s’est posé la question. « J’aurais pu regarder ailleurs au Québec, mais je n’étais pas prête à postuler à un poste 100 % en télétravail, car beaucoup de choses sont instables, et qui sait ce qui se passera dans un an ou deux? Ces entreprises respecteront-elles leur engagement dans quelques mois ou quelques années? »

En outre, télétravailler reste un défi dans certaines régions, car Internet y fonctionne horriblement mal. Mais la question lui a été posée en entrevues : Avait-elle déjà fait du télétravail? Que ferait-elle si un problème devait se présenter, qui l’empêcherait d’être sur place?

« Il peut être plus délicat d’intégrer une nouvelle équipe à distance et de mettre en pratique ses compétences, admet Evelyne Blain, mais les CPA sont reconnus pour leur leadership et leur capacité à mobiliser les autres, alors, ça ne semble pas être un frein à changer d’organisation. Certains utilisent même la question du télétravail comme une opportunité pour démontrer leur leadership et l’étendue de leurs compétences. »

OÙ CHERCHER?

Bien sûr, il y a les réseaux sociaux (comme LinkedIn) et autres agrégateurs d’annonces (comme Indeed), mais ils montrent leurs limites. 

Emanuela Robillard-Dios en a fait l’expérience, approchée par un recruteur qui l’a contactée sur LinkedIn, mais qui ne mesurait pas assez ce que le titre de CPA apporte… et rapporte. « Sur de nombreux sites, on cherche davantage des techniciens en comptabilité, analyse-t-elle, que des CPA, ce qui est très différent, en termes de défis mais aussi de rémunération. »

Elle conseille donc de commencer ses démarches par son ordre provincial, qui garantit aux annonceurs de ne recevoir que des candidatures de CPA. 

« Les entreprises qui ont le plus de mal à trouver – et qu’on doit coacher – sont souvent celles qui n’ont pas assez mis de l’avant leur culture organisationnelle, qui ne savent pas bien se vendre, fait valoir Evelyne Blain. Les autres n’ont souvent pas le temps d’empiler les CV car si elles attendent, le candidat convoité se sera déjà fait offrir autre chose. Voilà pourquoi elles engagent souvent des intermédiaires, comme des chasseurs de têtes, pour les aider dans leur démarche de sélection. »

Côté candidats, la pression semble moins forte. « Il ne faut pas se précipiter, car il y a vraiment beaucoup de postes, a constaté Emanuela Robillard-Dios. On peut prendre son temps, se créer des alertes, se fixer des critères (salaire, localisation, domaine…). Et je suis sûre qu’il y aura encore plus d’opportunités dans les mois à venir. » 

VERS UN AVENIR NUMÉRIQUE

Pour vous renseigner sur les rôles clés que peuvent jouer les CPA lorsque leur organisation opère la transition vers l’économie numérique, consultez la série « Maîtrise des données » de CPA Canada, l’article Le virage numérique de l’économie et de la société canadiennes et d’autres ressources sur les technologies que nous vous proposons. 

Nous avons aussi rédigé des conseils pour vous aider à préparer votre organisation à la prochaine révolution industrielle et sur le rôle futur que jouera le codage dans la vie des CPA.

Pour en savoir plus sur l’avenir de la profession comptable, prenez connaissance des idées qui émergent du projet stratégique Voir demain : Réimaginer la profession de CPA Canada