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Deux hommes d'affaires de remue-méninges avec des notes sur un mur de verre dans un bureau
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Évaluation d’une entreprise dans le marché actuel : 8 facteurs à considérer

La pandémie nous a rappelé à quel point une crise peut bouleverser la perception du risque et de la valeur, sur le marché. Voici quelques points à garder à l’esprit.

Deux hommes d'affaires de remue-méninges avec des notes sur un mur de verre dans un bureauLa planification en fonction de scénarios est utile pour aider les clients à établir des plans dans le contexte de la pandémie et de son impact à court, moyen et long terme. (Getty Images/Marco VDM)

Évaluer une entreprise a toujours été un délicat exercice d’équilibre, un mélange d’art et de science. Mais quand s’ajoute à cela une crise comme celle que nous traversons actuellement, les choses deviennent encore plus complexes. Comment évaluer la valeur d’une entreprise lorsque l’économie tout entière vacille?

Au-delà de ces incertitudes, on observe des tendances visibles quant à l’évaluation d’une entreprise; savoir les analyser peut aider les CPA à conseiller leurs clients qui se demandent s’il est temps de vendre.

1) LE MOMENT CHOISI COMPTE

Après une forte baisse en mars et en avril, les activités de fusion-acquisition commencent à se redresser, même si elles n’ont pas encore atteint les niveaux antérieurs. Comme le souligne David Lam, CPA, expert en évaluation d’entreprises et président de Financement Corporatif Deloitte, bien des inconnues subsistent, comme les résultats de l’élection américaine ou une éventuelle deuxième vague, qui pourraient faire basculer les marchés. « Je pense que beaucoup d’observateurs attendent d’avoir plus de certitudes », dit-il.

M. Lam ajoute que les évaluateurs prennent généralement comme point de référence les sociétés ouvertes, pour comparer des opérations similaires dans un secteur précis, mais qu’à l’heure actuelle, il y en a bien peu. « Nous sommes pris dans un étrange cycle, caractérisé par des turbulences qui marquent un virage. Il faudra un certain temps pour que les valeurs se stabilisent. »

2) TOUT DÉPEND DU SECTEUR

À l’heure actuelle, on voit un énorme fossé entre les secteurs qui ont souffert du ralentissement, par exemple, l’hôtellerie, et ceux qui contribueront à la relance : services de télémédecine, technologies grand public, soins de santé, services de technologie financière, services de transport et de logistique, et services de cybercommerce.

« Du fait que les achats en ligne ont bondi, les valeurs sont vraiment élevées pour les entreprises qui sont outillées pour le cybercommerce ou qui vendent exclusivement en ligne, constate M. Lam. En outre, de nombreuses entreprises se rendent compte qu’elles doivent concrétiser au plus vite leur stratégie du numérique, si bien qu’elles sont prêtes à acquérir, même au prix fort, une société qui leur permettra d’accélérer le pas. »

3) LES ACHETEURS SONT À L’AFFÛT

Les propriétaires d’entreprise qui envisagent de vendre doivent se demander si c’est le bon moment, rappelle Liisa Atva, CPA, experte en évaluation d’entreprises et auteure du guide The Ask: How Much is a Small Business Worth? « Bien sûr, de nombreux acheteurs potentiels préfèrent patienter pour l’instant, mais sachez que d’autres sont à l’affût d’une bonne affaire. »

David Lam abonde dans le même sens : « Beaucoup d’acheteurs stratégiques considèrent la crise actuelle comme une occasion d’acquérir des actifs à prix avantageux. Ce sont souvent les entités qu’ils achètent en contexte de ralentissement qui produisent les meilleurs rendements. »

4) AVOIR ACCÈS AUX ACHETEURS – ET AUX CAPITAUX – EST ESSENTIEL

La valeur, en grande partie déterminée par les performances financières de l’entreprise, a son importance, mais soulignons que l’accès aux capitaux est aussi une considération essentielle.

« En raison de la fermeture actuelle de la frontière, les Américains ne peuvent pas venir faire une visite du site ou rencontrer la direction, explique M. Lam. Le fait de les retirer de l’équation restreint évidemment le bassin d’acheteurs potentiels. »

L’accès aux capitaux est donc crucial. « Même si les décideurs ont résolu d’acquérir l’entreprise, il reste qu’ils devront probablement financer l’opération », précise Richard Ginsberg, FCPA, FCA, FEEE, associé directeur du groupe Évaluation d’entreprises chez Deloitte. « Et en ce moment, certains prêteurs hésitent à financer les acquisitions de petites entreprises. L’entrepreneur gagnera à traiter avec des conseillers en mesure de le mettre en contact avec un réseau de bailleurs de fonds. »

5) LES RÉPERCUSSIONS SONT-ELLES TEMPORAIRES OU PERMANENTES?

Au moment d’évaluer des résultats financiers, il importe de faire la distinction entre les impacts temporaires et les impacts permanents, mentionne M. Ginsberg.

« Lorsque la pandémie nous a frappés, les ventes de papier de toilette ont grimpé en flèche. Puis, elles ont chuté, parce que tout le monde avait fait ses réserves. C’est un simple décalage dans le temps, et il faut en tenir compte dans une analyse. Mais une entreprise du secteur des loisirs et divertissements ne pourra jamais remplacer le manque à gagner des derniers mois; la perte est permanente. »

6) À QUEL POINT L’ENTREPRISE EST-ELLE RÉSILIENTE?

La capacité d’un propriétaire d’entreprise à réagir au quart de tour et à s’adapter aux circonstances peut compter pour beaucoup dans une évaluation, explique Mme Atva. « Nous ne savons pas vraiment à quoi ressemblera la nouvelle réalité, mais tout effort qu’une entreprise a fait pour développer de nouvelles sources de revenus, contenir ses coûts, diversifier ses sources d’approvisionnement ou modifier son modèle d’entreprise fera sûrement pencher la balance en sa faveur. »

M. Ginsberg est du même avis : « Quand la pandémie nous est tombée dessus, l’incertitude était marquée parce que les intervenants des marchés ont eu du mal à évaluer avec justesse la résilience des entreprises. Qui dit incertitude dit risque, et le risque fait baisser la valeur des entreprises. Aujourd’hui, la résilience est devenue un élément important de l’équation, en matière de valorisation. »

7) LA PLANIFICATION SE FERA SELON DIVERS SCÉNARIOS

À l’heure actuelle, la valeur des entreprises est davantage fondée sur des informations prospectives que sur des informations historiques, affirme M. Ginsberg.

« Il ne s’agit pas de savoir à quoi ressemblaient les résultats avant la COVID-19, mais plutôt, dans la foulée de cette pandémie, de déterminer à quoi ils vont ressembler. C’est pourquoi nous encourageons nos clients à travailler sur divers scénarios. La démarche leur permet de dresser des plans, selon la durée de la pandémie et son impact à court, moyen et long terme. Le processus est long et coûteux, mais il est nécessaire. »

8) IL FAUT SAVOIR ANALYSER LES POSSIBILITÉS

Plusieurs choix peuvent se présenter au propriétaire qui veut se défaire de son entreprise. Il est donc important de peser le pour et le contre, selon M. Ginsberg. L’entrepreneur pourrait transmettre l’entreprise à des membres de sa famille ou à la direction; la vendre à un fonds de capital-investissement, à un concurrent stratégique ou à un acheteur intégré; y aller d’un financement par le vendeur (le vendeur prête alors des fonds à l’acheteur); ou encore reporter la vente jusqu’à un moment plus propice.

Au bout du compte, la décision dépendra des objectifs de l’entrepreneur. « Si le propriétaire a juste besoin d’un accès rapide à des liquidités, il pourrait décider de vendre à la direction plutôt que de se mettre à chercher divers acquéreurs potentiels. Un CPA pourra l’aider à décider quelle voie choisir, dans le contexte. »

TENEZ-VOUS AU COURANT

Vous souhaitez en savoir plus sur les principes, méthodes et approches utilisées aujourd’hui en évaluation d’entreprise? Consultez les lignes directrices de CPA Canada à ce sujet ainsi que d’autres ressources connexes. Découvrez également ce que les petites entreprises peuvent faire pour survivre et s’adapter pendant la crise actuelle.