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Cadrage sur l’acronyme CBD d’un tableau d’indices boursiers

Cannabis : l’euphorie boursière est-elle fondée?

Le secteur canadien du cannabis engrange des produits records. Mais les évaluations sont-elles toujours réalistes?

Pour maintenir l’excellence de leurs services et préserver la confiance à l’égard de l’information financière, les auditeurs doivent savoir faire preuve de jugement et d’esprit critique en plus de posséder d’excellentes compétences en évaluation. Plus facile à dire qu’à faire, tout particulièrement dans le secteur canadien du cannabis.

UN SECTEUR TOUT JEUNE

Dans la dernière année, le Canada s’est positionné en tant que chef de file mondial dans le secteur du cannabis. Le Canada est l’un des premiers pays à légaliser la marijuana à des fins tant récréatives que médicales, et la vente en ligne représente une part importante de ce marché, surtout en Alberta, en Colombie-Britannique et en Ontario. Mais les choses ne sont pas toujours claires pour les investisseurs dans ce secteur où la croissance dépend beaucoup des évaluations.

En règle générale, les évaluations reposent sur de nombreuses hypothèses relatives aux affaires et aux finances, mais la production d’information financière peut être très difficile pour les sociétés du domaine numérique et des secteurs émergents. Bon nombre de nos modèles actuels peinent à refléter la valeur en capital et les immobilisations incorporelles dans les états financiers. Certaines sociétés comme Uber ou Airbnb, par exemple, ne détiennent pas de stocks ni de biens immobiliers au sens propre. L’information dans le secteur du cannabis présente des problèmes tout aussi épineux, qui ont principalement à voir avec l’évaluation des actifs biologiques et avec le manque d’uniformité, causé par le fait que les sociétés cherchent à appliquer des normes existantes à une nouvelle réalité en pleine évolution.

VALEUR LA PLUS ÉLEVÉE OU JUSTE VALEUR

Les défis posés par le secteur du cannabis sont aussi l’occasion d’induire des changements positifs. La profession comptable a la possibilité d’influencer les pratiques d’évaluation actuelles et de contribuer à façonner l’avenir du secteur. Aussi CPA Canada a-t-elle mis en place un groupe de travail qui se penchera à fond sur les défis en matière d’audit et de présentation d’information financière propres au secteur.

Le groupe a trois grands objectifs :

  • Tenir un forum, pour les cabinets et les professionnels en exercice, où il est possible de discuter d’enjeux touchant la présentation d’information financière dans le secteur.
  • Faire connaître les nouveaux enjeux qui se présentent quand on applique les normes de comptabilité ou d’audit dans le secteur du cannabis.
  • Publier des indications pratiques qui aideront les CPA à faire leur travail dans ce domaine.

L’amélioration de la transparence des états financiers est l’un des principaux éléments sur lesquels le groupe compte travailler, mais vous pouvez y contribuer dès maintenant en obtenant la bonne formation.

Les sociétés de cannabis sont assujetties à IAS 41 Agriculture, mais ne l’appliquent pas de manière uniforme puisque le secteur est encore jeune et ne peut pas encore faire appel à des services de conseils spécialisés, comme des services d’évaluation aux fins de l’information financière. Qui plus est, seule une poignée de sociétés agricoles ouvertes applique les IFRS – la majorité des entreprises du secteur sont des sociétés fermées –, ce qui signifie que les nouvelles venues ont bien peu de modèles desquels s’inspirer. Et malheureusement, comme la culture du cannabis nécessite beaucoup de ressources, les sociétés de ce secteur sont obligées de faire appel à l’épargne publique pour avoir les flux de capitaux nécessaires à la culture intérieure, notamment en raison des systèmes d’arrosage et d’éclairage.

Pour bien comprendre le problème du flottement entre l’évaluation à la valeur la plus élevée et l’évaluation à la juste valeur, pensez à la manière dont les sociétés du secteur du cannabis comptabilisent les actifs biologiques à la juste valeur selon IAS 41 Agriculture. Il s’agit d’un processus un peu confus reposant sur des estimations, puisque le bilan et le résultat net présentent nécessairement une certaine incertitude d’évaluation tant et aussi longtemps que le cannabis est en croissance.

Le cannabis ne peut pas être évalué par rapport à des tendances historiques de la même manière que les produits des secteurs agricoles établis, comme le blé ou les tomates, pour lesquels il existe des marchés actifs et des prix déterminés. « Les sociétés doivent attribuer une valeur à leurs plants de marijuana à des fins comptables, même s’ils ne savent pas quels seront les prix et la demande à l’avenir », explique Mark Rosen d’Accountability Research Corp.

Quand, de la réglementation aux volumes de ventes, il existe un flou relativement à l’ensemble des normes du secteur, il est difficile d’évaluer la performance future. S’ensuivent des préoccupations légitimes quant à la surestimation de la rentabilité ou à la possibilité que les sociétés utilisent des évaluations trompeuses, intentionnellement ou non.

L’AVENIR DE L’ÉVALUATION DU CANNABIS

En définitive, l’adoption de meilleures pratiques d’évaluation profiterait à l’ensemble du secteur. Vu l’essor de celui-ci, il n’existe pas de solution miracle, mais la création de meilleures lignes directrices sur l’information que les sociétés canadiennes doivent présenter et sur la manière dont elles doivent le faire ne peut qu’aider.

Les CPA ont la capacité de mener la charge en ce qui a trait à la transparence des états financiers. L’application de techniques d’évaluation à jour peut entraîner de meilleurs résultats et davantage d’uniformité pour les entrepreneurs, les gouvernements et les investisseurs.

Concrètement, vous aurez ainsi à passer moins de temps à établir des hypothèses pour déterminer les bénéfices des sociétés de cannabis, ce qui, du même coup, réduira pour vos clients le risque financier découlant de la possibilité que ces hypothèses soient inexactes. Résultat : une croissance plus durable et une meilleure position – forte, stable – sur le marché du cannabis. En aidant vos clients à élever la barre, vous pousserez d’autres sociétés à faire de même pour pouvoir continuer à attirer les investissements, sans avoir à miser sur l’euphorie passagère des investisseurs ou sur des évaluations exagérées.

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Que vous soyez un comptable professionnel actif dans le secteur du cannabis ou que vous souhaitiez simplement améliorer vos compétences, notre nouveau programme de certification en évaluation aux fins de l’information financière (offert en anglais seulement), présenté conjointement avec l’Institut canadien des experts en évaluation d’entreprises, vous permettra de vous démarquer du lot.

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