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La prévention de la fraude et les effets de la technologie sur l’avenir de la gestion des risques sont illustrés par une image de synthèse sur laquelle sont réunis la silhouette d’un homme, des formes géométriques qui évoquent le numérique, et un graphique linéaire.

Prévention de la fraude, technologie et avenir de la juricomptabilité

Graham Quast, détenteur du titre canadien de CPA, vient de recevoir un prix prestigieux qui souligne ses efforts de lutte contre la fraude. Il évoque son champ de spécialisation et les effets des mutations technologiques sur l’avenir de la gestion des risques.

En novembre, dans le cadre du colloque de l’American Institute of Certified Public Accountants (AICPA) sur les services de juricomptabilité et d’évaluation, tenu à Las Vegas, 20 jeunes juricomptables ont reçu le prix Standing Ovation pour souligner leur apport marquant à un champ d’exercice spécialisé.

Ce prix est décerné aux comptables qui se sont distingués dans divers domaines de la juricomptabilité et qui, grâce à l’application de pratiques exemplaires, contribuent au bien commun, pour les organisations, leurs pairs et la collectivité. Le prix souligne certaines réalisations marquantes, comme l’expansion des services d’évaluation d’un cabinet, la présidence d’un conseil d’administration, la comparution comme témoin expert, le rayonnement auprès des universités et le mentorat.

Cette année, Graham Quast, détenteur du titre canadien de CPA, était au nombre des lauréats. Directeur principal, Évaluations, juricomptabilité et soutien en cas de litige chez MNP, Grant prend en main certaines enquêtes menées à la suite de tout un éventail de fraudes, de vols et de différends en milieu de travail. Nous avons discuté de son domaine d’exercice, du prix qu’il a reçu et de la valeur des titres de compétences spécialisées pour les CPA.

Encore une fois, bravo! Pourriez-vous nous parler de l’un de vos cas récents, présenté à l’occasion du colloque?

Merci! L’un des dossiers sur lesquels j’ai travaillé avec mon équipe a servi d’étude de cas au colloque. Dans l’affaire en question, un employé de confiance avait détourné plus de 2 M$. Toutes les opérations avaient été réalisées en ligne et camouflées sous forme de versements destinés en apparence à de véritables fournisseurs de l’organisation. Notre enquête a été compliquée par le fait que le client avait recours à des systèmes comptables en nuage et à des services de traitement des paiements en ligne. Nous avons donc dû faire preuve de précaution afin de préserver et d’obtenir les registres des opérations.

Avec quels types de clients travaillez-vous chez MNP? À quels groupes sont destinés vos conseils, vos prestations et vos services d’enquête?

Si j’aime tant ce que je fais, c’est que j’ignore qui sera mon prochain client. Je ne sais jamais quelle sera la nature du mandat suivant. Nous avons une clientèle extrêmement variée : administrations publiques, établissements d’enseignement supérieur, organisations professionnelles, sociétés ouvertes, organismes sans but lucratif, entreprises à capital fermé. Je me consacre surtout au soutien en cas de litige, alors, bien souvent, mes fonctions frôlent le conseil juridique.

Votre approche de la fraude et de la gestion des risques a-t-elle changé en réaction aux mutations technologiques, comme l’arrivée des chaînes de blocs et des mégadonnées?

Les activités de MNP n’ont guère été touchées à cet égard, puisque le travail se fait d’habitude après-coup et que les clients, en général, n’utilisent pas encore ces technologies. Par contre, leur adoption, qui se généralise, va certainement redessiner les paramètres du risque et transformer les méthodes de stockage et de récupération de l’information, tout comme la conduite des enquêtes.
Les fraudeurs cherchent le défaut de la cuirasse et tentent de réduire la probabilité (selon eux) d’être repérés. Si ces technologies changent leur perception du risque, ils s’adapteront. Certains observateurs avancent que les chaînes de blocs et l’analyse des mégadonnées vont éliminer la fraude. À mon avis, les méthodes des escrocs vont se transformer, mais, globalement, je doute que ces virages technologiques limitent vraiment l’envergure des fraudes.

Comme CPA spécialisé qui évolue dans un contexte mondial complexe, où la confiance et l’expertise priment, le titre de CFF (Certified in Financial Forensics) vous a-t-il aidé à gravir les échelons?

Les clients avec qui je travaille sont souvent en situation de crise. On ne saurait surestimer la valeur d’un titre convaincant : l’organisation plongée dans l’adversité comprendra d’emblée qu’elle traite avec un professionnel qui possède les compétences et l’expérience voulues pour l’épauler. Le titre de CFF l’atteste, j’ai investi le temps et les efforts nécessaires à l’obtention d’un bagage spécialisé en juricomptabilité. Donc c’est un atout précieux.

À votre avis, qu’adviendra-t-il de la juricomptabilité? Que peuvent faire les CPA spécialisés, comme les détenteurs du titre de CFF, pour montrer la voie?

La juricomptabilité évoluera au rythme de la technologie, des capacités d’analyse – qui prennent de l’ampleur – et de la cybersécurité. Pour rester en tête, à nous de repérer avant les autres les écueils à éviter et les occasions à saisir. En tant que CPA, nous devons être en mesure de conseiller les clients pour les aider à trouver le juste équilibre entre l’adoption de technologies qui propulseront leur organisation vers l’avenir, d’une part, et la protection de leurs acquis, d’autre part.

 

Soulignons que Graham n’est pas le seul de nos membres qui a reçu un prix au colloque de l’AICPA. Anna Maria Cicirello a été désignée bénévole de l’année, catégorie services de juricomptabilité et soutien aux litiges, pour son rôle crucial dans la mise en place du processus d’évaluation en vue de l’obtention du titre de CFF pour les CPA du Canada.

Toutes nos félicitations à Anna et à Graham, qui ont fièrement représenté CPA Canada sur la scène internationale, en conjuguant excellence et intégrité.