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Image couleur haute définition de la Terre au lever du soleil, où les villes de la région Asie-Pacifique, encore plongées dans la pénombre, sont reliées par des lignes lumineuses.

Briller sur la scène internationale

Jackie Poirier, FCPA, FCGA, préside la Confederation of Asian and Pacific Accountants (CAPA), dont le territoire recouvre tout un hémisphère. Elle explique en quoi les CPA d’ici influent sur certaines décisions à l’étranger.

Cœur mondial du développement économique, l’Asie s’impose comme puissance d’envergure planétaire. C’est donc à juste titre que l’an dernier, le congrès de la Confederation of Asian and Pacific Accountants (CAPA) se déroulait sur le thème «Asian Accountants: Leading the Way, Inspiring the Future» (Les comptables d’Asie : des chefs de file résolument tournés vers l’avenir).

Et il se trouve que Jackie Poirier, FCPA, FCGA, elle aussi, fait figure de leader qui trace hardiment la voie : au cours du congrès, cette CPA canadienne a été nommée présidente de la CAPA. Elle a donc pris les rênes et veillera à ce que l’organisation demeure le chef de file de la profession dans la région Asie-Pacifique. Fédérant 32 organisations membres (dont CPA Canada) de 23 pays, la CAPA est un acteur d’envergure parmi les quatre entités régionales reconnues par l’International Federation of Accountants (IFAC). Son territoire s’étend du Pakistan au Canada.

Mme Poirier est la première femme à accéder à la présidence de l’organisation, établie il y a 39 ans. Interrogée sur ses fonctions à la CAPA par l’équipe de L’infolettre CPA, elle explique que certains détenteurs du titre canadien de CPA exercent une influence sur les orientations déterminées à l’étranger.

Quand vous êtes-vous engagée auprès de la CAPA?

Jackie Poirer

La possibilité de découvrir d’autres cultures et pays m’a toujours captivée. À l’université, j’habitais dans une des résidences qui accueillaient des étudiants étrangers, venus d’Afrique, d’Asie et des Caraïbes. Je n’oublierai jamais l’émerveillement de certains d’entre eux devant la première neige.

Mon engagement au sein du volet international de la profession a commencé lorsque je présidais, à CGA-Canada, un groupe de travail chargé d’examiner la viabilité des activités de l’organisation en Asie et dans les Caraïbes. Ensuite, comme présidente du conseil d’administration de CGA-Canada, j’ai visité les bureaux des associations affiliées à l’étranger et j’ai travaillé en étroite collaboration avec elles pour qu’elles aient voix au chapitre.

Vers la fin de mon mandat au conseil d’administration de CGA-Canada, en 2007, j’ai fait savoir que j’étais prête à exercer les fonctions de représentante bénévole de CGA-Canada à la CAPA, et le conseil m’a confié le rôle de déléguée. Ensuite, au terme de l’unification de la profession comptable, CPA Canada a voulu maintenir le lien tissé avec la CAPA. La nouvelle organisation a donc soutenu ma participation, d’abord à titre de vice-présidente et, plus tard, de présidente.

Votre expérience au Canada vous a-t-elle été utile?

Établie depuis plus d’un siècle, la profession comptable canadienne jouit d’une excellente réputation dans le monde. Nous sommes donc forts d’une riche expérience à partager, surtout avec les organisations comptables aux premières étapes de leur croissance.

Les délégués canadiens ont la réputation de savoir travailler en équipe, d’avoir le sens de l’écoute et d’être en mesure de communiquer leurs acquis tout comme leurs pratiques exemplaires avec une certaine diplomatie. Au fil des ans, les représentants du Canada qui se sont impliqués auprès de la CAPA ont apporté une contribution utile et généreuse. Le conseil n’en attend pas moins de moi.

Au cours de mon mandat au conseil de la CAPA, j’ai présidé le nouveau comité de développement des organisations professionnelles comptables, où j’ai mis l’accent sur l’ouverture et sur la mobilisation de tous les participants. Nous avons entre autres monté un modèle d’évolution qui permet aux organisations professionnelles comptables de s’autoévaluer pour déterminer à quel stade de développement elles se trouvent, et d’établir des plans d’action pour les aspects à améliorer.

Pendant l’élaboration du modèle, mon conseiller technique, Lyle Handfield (aujourd’hui vice-président, Affaires internationales – Asie de CPA Canada et membre du conseil de la CAPA), et moi avons présenté nombre de renseignements sur les pratiques employées au Canada. Les représentants d’autres pays ont également fait part de leurs expériences.

J’ai aussi acquis une connaissance approfondie des défis que doivent relever les petites entités, dont les ressources sont limitées. J’ai pu comprendre cette réalité dans le cadre de mes fonctions auprès de CGA–Nouvelle-Écosse, il y a longtemps, et grâce à mon engagement au sein du conseil d’administration de CGA-Canada ainsi qu’à ma collaboration avec des organisations professionnelles de taille variable, aux quatre coins du Canada. Avoir vécu au Canada atlantique est à mon sens un atout précieux.

Quand elles font leurs premiers pas, de nombreuses organisations professionnelles comptables manquent d’envergure et de ressources. Je sais ce que c’est : je peux m’appuyer sur mon expérience de collaboration avec d’autres entités. Il faut s’appuyer sur le savoir-faire des bénévoles… et se débrouiller avec les moyens du bord.

Votre expérience mondiale vous est-elle utile dans votre travail à l’Agence du revenu du Canada?

Jackie Poirer

Mon expérience sur la scène internationale m’amène à être fière d’être canadienne et de travailler dans la fonction publique. J’occupe le poste de directrice du Bureau des services fiscaux de Nouvelle-Écosse de l’Agence du revenu du Canada (ARC). Je suis heureuse d’avoir pu visiter différents pays de la région Asie-Pacifique, et je constate que la qualité de vie des Canadiens est exceptionnelle. Dans certains pays, force est de constater que l’administration publique manque de moyens.

Comme les réunions de la CAPA sont souvent jumelées à des activités de perfectionnement, j’ai pu tirer parti de ces apprentissages dans le cadre de mon travail à l’ARC. Il est fréquemment question de normes comptables et professionnelles, mais on aborde aussi de plus en plus souvent la fiscalité internationale dans les activités et discussions. Ce sujet attire l’attention en raison de l’apport technique de la profession au Plan d’action concernant l’érosion de la base d’imposition et le transfert de bénéfices («Base Erosion and Profit Shifting» – BEPS) de l’OCDE.

Par ailleurs, en mai, à l’ARC, nous soulignons le Mois du patrimoine asiatique, et c’est toujours avec plaisir que je discute de mes derniers voyages et de mes échanges culturels.

La reconnaissance mondiale du titre canadien de CPA compte. Pourquoi?

Une profession comptable nationale dont les activités prennent une ampleur mondiale s’inscrit de ce fait dans un ensemble beaucoup plus vaste, d’envergure planétaire. Comme la participation des organisations et des citoyens à l’économie mondiale s’accentue, les comptables doivent élargir leur vision pour que leurs services demeurent pertinents et pour pouvoir faire preuve de leadership. C’est vrai pour tous les CPA, qu’ils travaillent en cabinet, en entreprise, dans la fonction publique, dans le milieu universitaire ou dans le secteur des organismes sans but lucratif. Aujourd’hui, la mobilité des professionnels s’amplifie, et ils s’engagent résolument sur la scène internationale; des compétences adaptées sont essentielles.

Le titre canadien de CPA a-t-il un rayonnement mondial?

Les détenteurs du titre canadien ont de quoi être fiers : ils appartiennent à une profession reconnue et respectée à l’international. Rappelons que les représentants de CPA Canada occupent diverses fonctions, dont les plus prestigieuses, au sein de différentes organisations mondiales, notamment l’IFAC, la GAA (Global Accounting Alliance) et la CAPA. Ils contribuent ainsi à faire avancer et à renforcer la profession dans divers pays. À l’échelle mondiale, CPA Canada fait partie des principales organisations professionnelles comptables et exerce une influence prépondérante.

Quand quelqu’un apprend que vous êtes un CPA canadien, il sait d’emblée qu’il s’adresse à un partenaire solide, qui possède une expertise précieuse. Le titre ouvre des portes, au Canada et à l’étranger. Les nouveaux CPA doivent comprendre qu’aux quatre coins de la planète, on trouve parmi les comptables certains esprits brillants, voire éblouissants. J’ai moi-même rencontré de vraies sommités. Choisir la profession comptable, c’est s’orienter vers un groupe d’élite.

Votre travail à l’échelle mondiale vous amène à relever certains défis. Lesquels?

Jackie Poirer

Le principal enjeu consiste à garder un équilibre entre les différentes responsabilités qui m’incombent : famille, travail, bénévolat... Compte tenu de la durée des déplacements, une réunion de deux ou trois jours de la CAPA représente en fait un engagement d’une semaine.

Heureusement, j’ai un solide réseau de soutien à la maison et au bureau.

Le personnel de la CAPA est excellent, et c’est vraiment sur lui que repose le fonctionnement continu de l’organisation. Le chef de la direction, Brian Blood, vit à Sydney et le bureau du secrétariat se trouve à Kuala Lumpur. Le décalage horaire joue donc en notre faveur, puisque la journée de travail en Australie et en Malaisie commence quand la mienne touche à sa fin.

Au début de mon mandat, j’hésitais à me rendre seule dans certains pays, mais aujourd’hui je n’ai plus aucune réserve. Quel que soit le lieu de la réunion, je suis accueillie à bras ouverts par l’organisation comptable hôte.

Note de la rédactrice en chef

Le prochain numéro de L’infolettre CPA sera publié le 8 août 2016.

Bonne lecture et, comme toujours, faites-nous part de vos commentaires!