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Cheerful business collègues créatifs assis à la table de conférence tout en regardant ailleurs dans la salle du conseil
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Au travail, la culture du tout va bien peut se retourner contre vous

Une attitude positive peut constituer un atout. Mais lorsqu’on réprime des pensées négatives ou des préoccupations justifiées, se forcer à faire bonne contenance peut s’avérer toxique.

Cheerful business collègues créatifs assis à la table de conférence tout en regardant ailleurs dans la salle du conseilAvoir des conversations informelles avec ses employés contribue grandement à mieux cerner le moral des troupes. (Getty Images/Maskot)

C’est à juste titre qu’on aime bien qu’une attitude positive règne au travail. Des études montrent sans surprise que le bonheur favorise la productivité. Mais parfois, il peut aussi devenir un inconvénient. Lorsqu’on s’attend à ce que chacun soit de bonne humeur en toutes circonstances, cette attente peut s’avérer toxique et nuire au moral.

« La positivité toxique consiste à tenter maladroitement d’amener une personne à se sentir mieux en se concentrant sur des émotions positives, lit-on dans un article. Cela revient à minimiser l’importance de ses problèmes en lui disant qu’elle peut les résoudre en pratiquant la pensée positive ou en se concentrant sur autre chose. »

On repère aisément la positivité toxique, qui se manifeste souvent par des réponses toutes faites. Comme le mentionne un autre article, « Lorsqu’une personne vous dit “J’ai une dure journée” et que vous répondez “Gardez le sourire!”, votre désinvolture donne l’impression que vous n’écoutez même pas. »

POSITIVITÉ ET PANDÉMIE

Paradoxalement, la COVID-19 a fait déferler un océan de positivité, notamment dans les médias sociaux. Comme le souligne la psychiatre Margaret Seide, « Nous sommes bombardés de suggestions pour occuper notre temps : écrire un roman, apprendre une nouvelle langue, pratiquer la méditation, sous peine de ne pas être à la hauteur. »

Nora McInerny, animatrice du balado Terrible, Thanks for Asking et auteure de It’s Okay to Laugh (Crying Is Cool Too), est du même avis. « Nous vivons aujourd’hui dans une culture qui encourage un comportement artificiel dans tous les aspects de notre vie, et nous sommes habiles à donner l’impression du bonheur », avance-t-elle dans un balado animé par la psychologue Amy Morin.

LEADERSHIP ET POSITIVITÉ TOXIQUE

Les dirigeants, eux aussi, sont parfois coupables d’instaurer une positivité excessive. « Si vous donnez de votre entreprise une image positive qui ne reflète pas la réalité, vous créez de fausses attentes, ce qui risque de se retourner contre vous », prévient Michael Kravshik, CPA, fondateur de Luminari.

M. Kravshik ajoute que dans des cas extrêmes, la fausse positivité peut tourner à la malhonnêteté. « Prenez, par exemple, une entreprise qui prétend que tout va bien malgré ses problèmes de trésorerie, jusqu’au jour où le chef de la direction annonce que l’entreprise est en faillite. J’ai vu cette situation se produire très souvent. »

COMMENT ÉVITER LES PIÈGES

Heureusement, vous pouvez instaurer une culture positive sans dépasser la mesure. Voici quelques conseils.

Présentez franchement la situation de l’organisation. La transparence est essentielle, affirme M. Kravshik. « Chez Luminari, nous avons constaté les avantages d’une approche ouverte. Comme nos employés nous font confiance, ils redoublent d’efforts lorsque nous éprouvons de graves problèmes, afin de les résoudre. »

Acceptez les émotions négatives. Il importe de reconnaître que les émotions négatives (en fait, l’ensemble des émotions, joyeuses et tristes) font partie Intégrante de la vie. Ainsi, une étude menée en 2018 montre que les personnes qui font abstraction des émotions pénibles risquent de voir leur moral se dégrader. « Vous n’êtes pas tenus de toujours chercher le bon côté des choses », précise Mme Morin.

C’est un avis que partage Mme McInerny : « Profitez pleinement de vos bons moments, car vous n’en vivrez pas tous les jours. Laissez aussi libre cours à votre tristesse des mauvais jours, car elle ne durera pas non plus. »

Soyez indulgent envers vous-même. Comme dirigeant, il importe d’être à l’écoute de vos collègues, mais aussi de vous ménager. Richa Khanna, CPA, associée chez Baker Tilly, a assumé tellement de responsabilités au début de la pandémie qu’en juillet, elle souffrait d’épuisement professionnel.

« Soudain, j’avais du mal à me lever le matin. Pire : j’avais honte de me sentir abattue. » Mais après s’en être confiée à son conjoint, à un mentor et à d’autres personnes, Mme Khanna a compris qu’elle n’était pas tenue de se dépasser chaque jour. « J’ai aussi appris que je n’avais pas à me sentir coupable », ajoute-t-elle.

Maintenez le contact. Avoir des échanges informels avec les employés contribue grandement à éviter la fausse positivité. Au début de la pandémie, par exemple, Mme Khanna prenait régulièrement contact avec ses collègues pour savoir comment ils se portaient. Lorsqu’elle a constaté qu’elle avait elle-même du mal à composer avec la situation, elle en a fait part à d’autres employés, ce qui les a amenés à lui confier qu’ils ressentaient la même chose.

Tenez compte des situations personnelles. Mme Khanna et M. Kravshik soulignent l’importance de l’individualisation. « Il s’agit de faire preuve d’empathie face aux situations différentes que vivent les gens », explique M. Kravshik. Mme Khanna abonde dans le même sens : « Au début de la pandémie, par exemple, nous avons constaté que certains employés avaient du mal à s’adapter au télétravail. Ils seront parmi les premiers rappelés lorsque nous reprendrons le travail au bureau. »

Instaurez une politique de la porte ouverte. La transparence consiste en partie à offrir aux employés ce que M. Kravshik appelle la « sécurité psychologique » d’exprimer leurs préoccupations. « La semaine dernière, par exemple, une employée m’a dit, après une réunion, que j’aurais pu aborder différemment un certain sujet, mentionne M. Kravshik. Je suis ravi qu’elle l’ait fait, ce qui m’a permis de découvrir un point de vue différent et de devenir, j’espère, un meilleur gestionnaire. En réunion d’équipe, je l’ai donc remerciée de son intervention. J’espérais ainsi faire savoir que non seulement nous acceptons, mais que nous encourageons l’apport de chacun. »

UNE ATTITUDE POSITIVE N’EST HEUREUSEMENT PAS TOUJOURS TOXIQUE

Tout compte fait, il est possible d’instaurer une atmosphère positive sans toxicité. Comme l’explique Gregg Brown, spécialiste et conférencier en matière de changement, « Il s’agit d’atteindre une dualité équilibrée entre le yin et le yang, le supérieur et l’inférieur, la gauche et la droite et, naturellement, le positif et le négatif. C’est une question d’équilibre, mais, en tant que dirigeant, vous devriez être en mesure d’y arriver. »

TROUVEZ L’ÉQUILIBRE ENTRE LE TRAVAIL ET LA VIE PRIVÉE

Apprenez à reconnaître l’épuisement professionnel et à l’éviter. Découvrez aussi comment concilier travail et vie privée et comment être productif en suivant un horaire.