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Technologies

Les moniteurs d’activité physique font faire des économies aux employeurs

La popularité des objets prêt-à-porter incite les entreprises à revoir leurs stratégies de bien-être des employés. Mais à quel point êtes-vous prêt à diffuser des données aussi personnelles?

illustration d'une personne travaillant au bureau face à une montreSelon Fitbit Health Solutions, plus des trois quarts des entreprises ont affirmé que leur programme de mieux-être avait été efficace chez leurs employés. (Illustration de Jeannie Phan)

Faire la promotion des saines habitudes de vie et des facteurs de mieux-être, voilà un bon investissement dans le capital humain d’une entreprise, d’autant plus que ces efforts peuvent mener à des économies.

En effet, avoir des employés actifs et en bonne santé réduit les taux d’absentéisme et de présentéisme (l’employé, présent, est loin de fournir un travail optimal). Une étude menée aux États-Unis a montré que des employés qui participaient à un programme de promotion de saines habitudes avaient vu leur état de santé ou leur mode de vie s’améliorer, et leur productivité augmenter (une dizaine d’heures par année, en moyenne). Leur employeur a ainsi économisé grosso modo 353 $US par an par participant.

« Encourager les employés à bouger un peu plus, à tout moment de la journée, permet aussi de prévenir les blessures au travail », soutient Eric Lalonde, vice-président aux ventes et au marketing chez Sprout, une société canadienne qui a élaboré un portail de mobilisation en matière de bien-être au travail. Celui-ci permet notamment aux employeurs de suivre les données des moniteurs d’activité physique de leurs salariés.

« Nous avons un client qui ne tarit pas d’éloges. La bonne forme de ses employés lui a valu de faire des économies de 2,5 M$ sur les primes d’assurance maladie, sur cinq ans. »

ÉVALUEZ-VOUS VOTRE STRATÉGIE DE BIEN-ÊTRE?

Selon Fitbit Health Solutions, chef de file des moniteurs d’activité physique, 77 % des entreprises ont affirmé que leur programme de mieux-être avait été efficace chez leurs employés.

Et avec toutes ces percées qui permettent non seulement de compter les pas mais aussi de suivre le rythme cardiaque, le sommeil et même l’exposition au soleil, les entreprises disposent d’outils susceptibles d’ouvrir des horizons nouveaux.

Bon nombre ont mis en place une stratégie de bien-être, mais les divers objets prêt-à-porter nous font passer à un autre niveau d’engagement, tant du côté des employés que de celui des employeurs. En l’absence de plan totalement intégré, toutefois, les stratégies risquent de se limiter au cochage d’une case.

« Selon les statistiques les plus récentes, 80 % des sociétés ne suivent pas les résultats associés à leur stratégie de bien-être des employés », affirme M. Lalonde. Le portail que propose Sprout permet aux employeurs de consolider ces données en un seul endroit, mais aussi d’établir des liens et d’en tirer des constatations précieuses.

« Les statistiques permettent de formuler des recommandations sur des aspects qui ont le potentiel de se transformer en risques, explique-t-il. Si une personne fait en moyenne 6 000 pas par jour, il y a de bonnes chances pour que l’outil l’encourage à en faire plus, disons 7 500. »

« L’idée, c’est qu’avec le temps, les mauvaises habitudes mènent à de bonnes habitudes, lesquelles vont déboucher sur des résultats positifs. Ce sera bon pour l’employé, et ça signifie des économies pour l’employeur. »

M. Lalonde raconte que les entreprises traitent avec la sienne pour plusieurs raisons. Une d’elles est d’en venir à changer la culture interne. Les entreprises qui ont su donner le goût de bouger à leurs employés se sont rendu compte que d’avoir des employés plus heureux et en meilleure santé était positif pour les affaires : taux élevé de rétention du personnel, baisse de l’absentéisme et réduction du risque de blessures au travail.

DORMEZ-VOUS BIEN MALGRÉ LES PERTES?

Dans un rapport publié par RAND Corporation, on apprend que le manque de sommeil coûte à l’économie canadienne quelque chose comme 21,4 G$ par année et que même une légère augmentation de la durée du sommeil peut avoir une incidence positive notable. Ainsi, on estime que si les petits dormeurs faisaient des nuits de six à sept heures, l’économie verrait son manque à gagner fondre de 12 G$.

Sur une entreprise, les répercussions d’un mauvais sommeil chez ses employés se traduisent par des coûts très élevés. En effet, une étude menée pour le compte de Desjardins Assurances montre qu’une personne présentant des symptômes d’insomnie coûte 3,3 fois plus cher qu’un bon dormeur, en coûts directs et indirects. Plus de 95 % de ces coûts sont absorbés par l’entreprise, car ils sont liés à de l’absentéisme et à du présentéisme.

Les problèmes de sommeil peuvent être un des aspects suivis grâce au portail de la société Sprout. Pour le moment, l’utilisateur entre manuellement les données sur son sommeil, mais M. Lalonde explique qu’un jour, cette fonction sera intégrée aux objets prêt-à-porter.

FAITES-VOUS UN BON USAGE DES DONNÉES?

Du fait que les entreprises recueillent de nombreuses données sur leurs employés, elles doivent leur expliquer clairement comment cette information sera utilisée, prévient David Zweig, professeur agrégé en comportement organisationnel et en gestion des ressources humaines à l’Université de Toronto à Scarborough.

« Tout le monde s’enthousiasme à propos des outils d’analytique, mais je pense que les employés doivent poser des questions sur ce qu’on fera ou ne fera pas avec leurs données. Comment savoir si tous ces détails ne vous nuiront pas au moment où la direction décidera d’une promotion, par exemple? »

M. Zweig, dont les recherches actuelles portent, entre autres, sur le respect de la confidentialité dans la sphère professionnelle, soutient qu’il revient à l’entreprise d’établir un lien de confiance avec ses employés, c’est-à-dire les rassurer sur le fait que l’information ne sera pas utilisée à des fins autres que celles prévues initialement.

Il poursuit : « Quelles sont les conséquences si je participe, et si je ne participe pas?, pourrait se demander un employé. Si les données font ressortir que je ne me donne pas à fond, dans une activité quelconque, ou si mon patron constate que je dors peu, ces statistiques vont-elles influencer les décisions susceptibles d’orienter mon avancement au sein de l’entreprise? »

Étant donné la nouvelle vague d’appareils biométriques (comme ceux mesurant la sudation), M. Zweig n’en démord pas : il faut y réfléchir sérieusement. « Est-ce que tous ces renseignements sont pertinents pour juger de la performance d’un employé? »

EN SAVOIR PLUS AU SUJET DES DONNÉES PERSONNELLES

CPA Canada a publié un document intitulé Guide sur la protection des renseignements personnels et la sécurité des données au Canada. Celui-ci s’adresse aux professionnels et propriétaires d’entreprise chargés de la protection des renseignements personnels et de la sécurité des données au sein de leur organisation.