Passer au contenu principal
Livre de lecture de femme assise par arbre
Poursuites
Livres

Trois suggestions de lectures pour mieux comprendre le monde de demain

Économie, environnement et démographie : autant d’enjeux que la pandémie ne doit pas nous faire oublier.

Livre de lecture de femme assise par arbreLa pandémie a relégué au second plan divers enjeux de société qui n’ont pourtant pas disparu de notre paysage. (Getty images/SrdjanPav)

Si la pandémie a bouleversé l’ordre des choses, certains enjeux demeurent. Vous découvrirez dans les 3 livres que nous vous proposons des préoccupations qui nous concernent tous : économie appliquée, recyclage et vieillissement de la population.

Faites les bons choix, de Pierre Emmanuel Paradis (Les Éditions de l’Homme, 2020)
« Que faisons-nous de notre vie? Quels sont nos choix d’occupation, d’achats, de loisirs, de lieu de résidence, de relations humaines? À quelle fréquence refait-on les mêmes choix et, au contraire, quand se dirige-t-on vers d’autres avenues? Combien d’argent et de temps faut-il consacrer à chaque activité, à chaque bien et à chaque moment, compte tenu de son budget? » 

Pour Pierre Emmanuel Paradis, les réponses à toutes ces questions sont d’ordre économique. Pas l’économie avec un grand E, dont parlent les médias, mais une économie à échelle humaine, qui tient compte tant des possibilités quasi infinies que semble nous offrir le monde que des ressources et contraintes avec lesquelles nous, consommateurs, travailleurs ou entrepreneurs, devons composer. D’où la grande difficulté de prendre les meilleures décisions – sans parler de plusieurs « défauts de fabrication » dont nous souffrons : impatience, paresse, optimisme, peur du risque, en plus d’un certain nombre de biais cognitifs.

Même si l’auteur raille gentiment les comptables (« Qui croit encore que l’économie ne s’intéresse qu’à l’argent et aux profits ? Mais non, ça, c’est la finance ou la comptabilité »), ce spécialiste de l’économie appliquée partage avec eux un goût prononcé pour l’analyse : « Je ne suis pas du tout d’accord avec ceux qui pensent qu’on peut faire dire n’importe quoi aux chiffres. Au contraire, les données fiables portant sur un phénomène donné et interrogées avec une question de recherche précise n’ont qu’une seule histoire à raconter. » Puis il applique ses propos à l’achat d’une maison, au coût à demi caché du crédit, aux conséquences du chômage, au sentiment de sécurité procuré par la richesse, aux conséquences de la surconsommation, et ainsi de suite.

Si la démarche pourrait paraître un peu mécanique à certains, elle a aussi le grand mérite de rappeler l’impact social, moral et environnemental de nos choix économiques, comme la recherche de produits au plus bas prix, au détriment du bien-être des travailleurs qui les fabriquent.

De plus, le livre contient une foule de statistiques saisissantes qui jettent sur notre société un éclairage vraiment instructif, rappelant le pouvoir souvent insoupçonné des mathématiques – qu’aucun CPA n’ignore.

Image des couvertures de livres incluses dans l'article

Recyclage, le grand enfumage. Comment l’économie circulaire est devenue l’alibi du jetable, de Flore Berlingen (Rue de l’échiquier, 2020)
Même s’ils ne représentent qu’une infime goutte dans un océan (ou un continent?) de plastique, impossible de manquer les masques de protection qui parsèment ici et là les trottoirs. Il faut dire qu’avec la crise sanitaire, un vieil argument hygiéniste fait un retour en force : les matériaux à usage unique seraient plus propres et protégeraient mieux que les matériaux réutilisables.

Un nouveau pas en arrière selon Flore Berlingen, directrice de l'association Zero Waste France, qui fustige dans son essai une hypocrisie bien plus grande encore : les croyances entourant le recyclage. Nous avons tous le sentiment d'être de bons citoyens en triant nos déchets, et pourtant, cela est loin de suffire. Le cercle vertueux dans lequel nous pensions être engagés a tout du cercle vicieux. En amont, fabricants et revendeurs jouent du marketing (le recyclage serait leur seule porte de sortie possible pour continuer à produire autant) tandis qu’en aval, les défis du traitement nous échappent, car fondamentalement, explique l’auteure, on ne se débarrasse pas de nos déchets : transformés (s’ils ne sont pas brulés ou enfouis), ils ne font qu’occuper moins de place.

Et inutile de croire qu’ils peuvent être transformés en « ressources »; nous ferions mieux de nous concentrer à ne pas faire de nos ressources des déchets, rappelle-t-elle. 

Tout ce tapage sur le recyclage, « devenu l’alpha et l’oméga de notre politique de gestion des déchets », nous a laissés penser qu’on pouvait consommer davantage et sans culpabilité, que le paradigme avait changé. Or, nos déchets d’aujourd’hui ne sont plus les objets cassés ou usés que ramassaient les guenillous, rappelle-t-elle, mais ceux conçus pour une utilisation unique et limitée dans le temps. 

Consommateurs, fabricants, collectivités locales, gouvernements : nous avons tous une responsabilité à assumer et disposons, à notre échelle, de leviers pour participer activement à la réduction des déchets (pensons au bannissement de certains produits jetables ou à l’instauration de la consigne). Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté.

Planète vide, de Darrell Bricker et John Ibbitson (Les arènes, 2020)
Depuis plus de 50 ans, beaucoup de statisticiens, d’experts et de politiciens nous annoncent un boom démographique. Or, un nombre grandissant de spécialistes annoncent tout autre chose : la population mondiale se dirige vers un déclin marqué et le processus est déjà entamé dans bien des pays.

Dans Planète vide, Darrell Bricker, qui dirige Affaires publiques Ipsos au Canada, et John Ibbitson, journaliste au Globe and Mail, analysent les avantages qu’une telle situation apporterait : moins de travailleurs qui seraient donc mieux rémunérés, moins de famine, moins de problèmes environnementaux; plus grande autonomie des femmes dans les pays en voie de développement où le taux de natalité serait mieux contrôlé, etc.

Mais rien n’est jamais gratuit et on observe déjà certains effets néfastes en Europe et en Asie. Par exemple, le vieillissement de la population (qui entraîne une pénurie de main-d’œuvre) qui exercera une pression grandissante sur le système de santé. 

Présenté comme le pays du multiculturalisme par excellence, le Canada semble bien positionné pour l’avenir, notamment s’il arrive à maintenir une relation ouverte avec son voisin du sud (l’édition originale du livre date de 2019, donc avant que les frontières ne soient fermées, mais le propos reste tout aussi pertinent). Cependant, les auteurs ne mâchent pas leurs mots quand vient le temps de parler du Québec, rappelant les déclarations de Gérard Bouchard quant à la culture francophone comme « facteur essentiel de l’échec du multiculturalisme canadien dans la province ». « Les Québécois, ajoutent-ils, affichent clairement leur nationalisme » dans la grande mosaïque canadienne, or « lorsqu’il s’agit de préserver et de renouveler une société, le nationalisme peut être une calamité ». CQFD.

De quoi demain sera-t-il fait? Alors que la pandémie se poursuit, impossible de le savoir, mais Planète vide nous offre une vision inattendue de ce qui nous guette.

DE L’INSPIRATION

Envie de vous plonger dans un bon livre, de dériver au gré des courants de pensée des conférences TED ou de prendre la vague des balados? Voici nos suggestions.