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Une femme regarde une tablette dans un champ de cultures dans une ferme
Monde
Durabilité

Comptabilité et COP26

Voyez ce que les CPA devraient savoir sur ces sujets, abordés à la conférence : économies carboneutres, ententes relatives aux marchés du carbone et stratégies de reforestation.

Une femme regarde une tablette dans un champ de cultures dans une fermeLa COP26 a mis en lumière les nombreuses façons dont les comptables peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre les changements climatiques. (Getty Images/KDP)

Pour comprendre vraiment les liens entre la comptabilité, la finance et l’action climatique, il suffit de se tourner vers la 26e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26), qui s’est tenue le mois dernier à Glasgow, en Écosse.

« Nous avons constaté une prise de conscience des liens étroits entre les enjeux associés aux changements climatiques et la nécessité d’inclure dans nos actions des stratégies pour composer avec les nombreuses conséquences sur la société, l’économie et l’environnement », souligne Davinder Valeri, directrice, Stratégie, risques et gestion de la performance, à CPA Canada.

Les CPA devraient s’intéresser aux mesures décrites ci-après, puisqu’elles auront une incidence sur le monde des affaires. 

FONDATION DE L’ISSB

L’IFRS Foundation a officiellement créé un conseil des normes internationales d’information sur la durabilité (ISSB) dans le but d’élaborer des normes mondiales d’information sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG). Très attendues, ces normes porteront tout d’abord sur les changements climatiques. CPA Canada faisait partie des organisations des secteurs public et privé qui ont appuyé l’offre du Canada d’accueillir le siège mondial du conseil.

Ces organisations ont été heureuses d’apprendre que les bureaux de Montréal et de Francfort, en Allemagne (siège du nouveau conseil et du bureau de la présidence de l’ISSB), seraient responsables des fonctions clés visant à assister le conseil.

« L’établissement d’un bureau de premier plan de l’ISSB au Canada est vraiment un grand moment, dit Rosemary McGuire, CPA, directrice, Information destinée à des tiers et marchés financiers, à CPA Canada. La communication d’informations étoffées joue un rôle important, car elle permet aux intervenants des marchés des capitaux d’évaluer correctement les risques. Les normes internationales d’information sur la durabilité permettront aux entreprises, aux investisseurs et aux bailleurs de fonds de s’assurer plus facilement que leurs activités et leurs investissements favorisent la transition vers une économie à faibles émissions de carbone. »

Ryan Riordan, professeur en finance et directeur de la recherche à l’Institute for Sustainable Finance de l’Université Queen’s, a assisté à la COP26. Il espère que la création de l’ISSB et la présence d’un bureau à Montréal amélioreront la qualité de l’information sur la durabilité. « Il sera ainsi beaucoup plus probable que ces normes prennent en compte les perspectives de nos grands émetteurs et de nos secteurs en transition. »

UN ENGAGEMENT ACCRU ENVERS UNE ÉCONOMIE CARBONEUTRE

Une transition de l’ensemble de l’économie est essentielle pour atteindre l’objectif de l’Accord de Paris, qui est de limiter l’augmentation de la température mondiale à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels. C’est pour respecter cette cible, favoriser la transition vers une économie carboneutre et réunir les acteurs du secteur financier que la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), présidée par Mark Carney, a été fondée.

« Au total, 450 entreprises se sont engagées ensemble à investir 130 000 G$ en capitaux privés dans la transition vers une économie carboneutre, explique Davinder Valeri. Il reste du travail à faire pour mettre en place des plans de transition et pour combattre l’écoblanchiment. Il s’agit néanmoins d’un important pas dans la bonne direction. »

R.-U. : LA CARBONEUTRALITÉ POUR LES SOCIÉTÉS DE SERVICES FINANCIERS

Le Royaume-Uni deviendra le premier centre financier à avoir des objectifs de carboneutralité. En effet, le gouvernement exigera que toutes les sociétés de services financiers rendent publics leurs plans de décarbonisation de leurs activités et d’atteinte de la carboneutralité. Il veillera en outre à ce que les flux financiers soient orientés de manière à soutenir la carboneutralité.

« Les gestionnaires d’actifs, les propriétaires d’actifs réglementés et les sociétés cotées devront publier leur plan de transition. S’ils ne le font pas, ils devront expliquer pourquoi », poursuit Davinder Valeri.

L’État formera un groupe de travail chargé d’élaborer une norme d’excellence pour les plans et les indicateurs de transition, dans le but de lutter contre l’écoblanchiment.

Les experts y voient une façon de donner l’exemple et espèrent que d’autres pays suivront. « Au Canada, la taxonomie de la transition (c’est-à-dire les outils qui aident les investisseurs et les entreprises à prendre des décisions factuelles à l’égard d’activités économiques durables) sera importante », dit Ryan Riordan. Il ajoute que le Royaume-Uni est déjà en avance puisqu’on y a en grande partie décarbonisé l’économie dans les années 1990.

ENGAGEMENTS LIÉS AUX GAZ À EFFET DE SERRE ET AU CHARBON

Une des grandes réussites de la COP26 est l’accord conclu à l’égard de l’article 6. Même si ce dernier, qui porte sur les marchés du carbone, est tiré de l’Accord de Paris sur le climat, il a été parachevé à Glasgow : près de 200 pays se sont entendus sur cet article qui établit les règles d’échange de droits d’émission de carbone entre pays.

Cet article est important : il régit la façon dont les pays partageront la facture de la réduction des émissions de GES. Il établit comment les pays doivent approuver le transfert du carbone entre eux et actualiser l’inventaire des GES pour montrer que la réduction des GES est attribuable à un autre pays.

À l’article 6 s’ajoute l’engagement d’éliminer progressivement l’utilisation du charbon. En effet, 46 pays ont reconnu que l’énergie produite à partir du charbon était la plus importante cause de l’augmentation de la température mondiale. Ils ont convenu qu’il fallait rapidement adopter des énergies propres et stimuler la transition, comme en témoigne la signature d’une déclaration mondiale sur la transition du charbon vers une électricité propre (Global Coal to Clean Power Transition Statement).

Même s’il est imparfait, c’est un engagement à maintenir le cap sur 1,5 °C, fait observer Davinder Valeri. Elle ajoute que la Russie, la Chine et l’Inde, parmi les plus importants pays consommateurs de charbon, ne font pas partie des signataires. « Les scientifiques pensent qu’il pourrait aider à éviter une hausse de 0,3 °C d’ici 2040. Comme chaque augmentation compte, l’effet pourrait être réel. »

Pour Ryan Riordan, il s’agit d’un des plus importants résultats de la COP26. « Le charbon, comme le méthane, est au cœur de la lutte contre les émissions, dit-il. Comme sa densité d’énergie est très faible par rapport au CO2 qu’il émet, il est vital de trouver des façons de le remplacer par d’autres sources d’énergie. »

S’engageant à aller encore plus loin dans la réduction des émissions de GES, plus de 100 pays se sont joints au partenariat entre les États-Unis et l’Union européenne visant à réduire les émissions de méthane d’ici 2030. L’engagement mondial sur le méthane (The Global Methane Pledge) vise à réduire de 30 % les émissions par rapport aux niveaux de 2020.

CESSER LA DÉFORESTATION ET ENTAMER LA REFORESTATION

Une centaine de décideurs mondiaux se sont engagés à investir 19,2 G$ pour mettre fin à la déforestation d’ici 2030. « Passer de la parole aux actes sera essentiel, car les entreprises et le secteur des finances ont tous les deux un rôle à jouer », souligne Davinder Valeri.

Plusieurs pays ont aussi promis de verser 1,7 G$ aux peuples et communautés autochtones dans le cadre d’un engagement plus vaste pour mettre fin à la déforestation, reconnaissant ainsi leur rôle dans la protection des forêts et des terres.

La promesse de mettre fin à la déforestation d’ici 2030 est renforcée par l’engagement d’accroître la reforestation après 2030. « En ce qui concerne la reforestation, les occasions de financement nouveau genre sont nombreuses », se réjouit Ryan Riordan, faisant référence aux éventuelles incidences financières positives. « Nous pouvons créer des outils de financement novateurs pour aider à mettre fin à la déforestation et entamer la reforestation », comme l’utilisation des forêts à titre d’actif dans une obligation ou un prêt adossé à un actif.

LES EFFETS D’UNE ÉCONOMIE PLUS VERTE

Les initiatives et les incidences des mesures financières de lutte contre les changements climatiques ont été à l’avant-plan de la COP26, mais il faut prendre en compte les répercussions de la crise climatique sur les droits de la personne, rappelle Davinder Valeri.

« Nous avons vu comment les changements climatiques exacerbent les inégalités sociales. Il faut s’assurer que personne n’est laissé pour compte dans la transition vers des économies carboneutres, particulièrement ceux qui travaillent dans des secteurs, des villes ou des régions qui dépendent d’activités à intensité carbonique élevée. »

Par ailleurs, fait-elle remarquer, le Canada et plus de 30 autres pays ont signé une déclaration pour une transition équitable (Just Transition Declaration) et se sont engagés envers des stratégies qui permettront de soutenir les travailleurs, les entreprises et les communautés au moment où les pays adoptent des économies vertes.

CPA CANADA APPUIE LA LUTTE CONTRE LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES

CPA Canada a été parmi les premières organisations à soutenir que les changements climatiques constituent un enjeu économique important. Ne manquez pas l’entretien exclusif avec Mark Carney, qui parle de l’avenir des entreprises et de la façon de sauver la planète. Découvrez les ressources sur les changements climatiques à l’intention des comptables ainsi que les raisons pour lesquelles le poste de chef du développement durable connaît un essor.