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Homme à un bureau projetant l'ombre d'un diable
Articles de fond
Magazine Pivot

Mener la lutte ensemble contre les crimes financiers commis par des entreprises

Diligence, scepticisme, sens des responsabilités, autant de moyens à exploiter pour tenir les fraudeurs en échec.

Homme à un bureau projetant l'ombre d'un diableIl y a tant de tentations pour les dirigeants. Or, une fois la limite franchie, difficile de faire marche arrière. (iStock)

Le scandale qui entoure le naufrage de la plateforme de cryptomonnaies FTX n’est pas sans rappeler un autre fiasco, l’échec fracassant de la plateforme Quadriga, qui a sombré il y a quelques années. Et tant d’acteurs d’envergure ont été montrés du doigt, soupçonnés d’avoir commis divers méfaits. Au banc des accusés, citons Theranos, Bridging Finance, Barings Bank et Wirecard. Leurs points communs? Fraude, tromperie, conflits d’intérêts, contrôles internes déficients, gouvernance lacunaire, on a l’embarras du choix.

Il est vrai que, pour s’acquitter de leurs devoirs quotidiens, les CPA déploient déjà des efforts considérables. Comment trouver le temps d’y ajouter la prévention des malversations? Pourtant, il n’en tient qu’à eux. En clair, il faut cesser de s’en remettre aux autres, et, ensemble, en faire davantage. La chose n’est pas si difficile. Chaque fraude semble taillée sur mesure, orchestrée par des escrocs habiles, mais certains thèmes reviennent. En prendre conscience, c’est remplacer la confiance aveugle par la prudence.

Écoutons les dénonciateurs

Ce qui surprend, quand une fraude éclate, c’est le nombre de signaux d’alerte passés sous silence. Les lanceurs d’alerte, perspicaces, se sont rendu compte que quelque chose clochait, et se sont manifestés, mais en vain. On fait abstraction de leurs avertissements, et, ironie du sort, on les congédie au lieu de faire enquête. Certains ont dû sonner l’alarme pendant des années avant d’être écoutés. Prenons l’exemple de Wirecard. Non seulement le dénonciateur y a été ignoré, mais il a été accusé au criminel – par les autorités allemandes, rien de moins – pour avoir dénigré la plateforme. Comme modèle à suivre pour les lanceurs d’alerte, on citera aussi celui qui a relevé tant d’irrégularités dans les comptes de Bridging Finance qu’il s’est prévalu du programme de dénonciation de la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, même s’il n’entretenait aucun lien avec l’entité en question. Bravo!

Méfions-nous des décideurs

Les fraudes destructrices viennent souvent d’en haut. Les présidents et chefs de la direction véreux détiennent tant de pouvoir qu’il peut s’écouler des années avant qu’ils ne soient démasqués. Le conseil d’administration, dont relève le chef de la direction, doit examiner avec diligence les informations qu’on lui présente. Pour résumer, on veut éviter qu’un seul intervenant ne procède à la commande, à la réception et au paiement des biens et services, et c’est pourquoi les organisations séparent ces fonctions, afin d’empêcher les dérapages. Il faut se méfier de ceux qui outrepassent les contrôles. Certaines politiques et procédures doivent être suivies, justement, pour pallier l’imperfection des systèmes.

Restons vigilants devant les manquements

Si les employés suivent les règles même sans surveillance, alors, une culture éthique règne. Hélas, il y a tant de tentations pour les dirigeants, et une fois la limite franchie, il s’avère difficile de faire marche arrière. Si les opérations frauduleuses à la Barings Bank ont fait la une en 1995, c’est parce que les sommes en jeu montaient et que la fréquence des manœuvres douteuses augmentait à l’avenant.

Gardons l’œil sur les gestionnaires de portefeuille

La fraude sévit également dans le secteur des placements. Nous avons tous eu vent des ruses mises en œuvre par quelques gestionnaires malhonnêtes, qui s’approprient des fonds, dépassent les frontières de leur mandat ou bâtissent une pyramide de Ponzi. Gerald Cotten, aux commandes de Quadriga, et Bernie Madoff, de la firme éponyme, en offrent deux exemples éloquents. Les investisseurs dupés n’ont guère espoir de revoir leurs fonds. Les autorités canadiennes, astreintes à une approche hétérogène de la conformité, peinent à s’y retrouver. Investisseurs, prenez garde! Souvent, la victime est accusée d’être crédule, mais qui n’est pas attiré par la promesse de rendements élevés?

Dans le monde des affaires, il est rare d’entendre quelqu’un dire qu’on aurait dû en faire davantage pour déceler la fraude. Pourtant, il ne serait pas si difficile de développer un modèle à suivre, en entreprise et dans certains secteurs particuliers, pour prévenir les problèmes. Après tout, nous sommes tous à la merci des escrocs.

LUTTE PERMANENTE

Consultez les nombreuses ressources de CPA Canada en matière de technologie et de lutte contre le blanchiment d’argent, et prenez connaissance du Sondage annuel sur la fraude 2023. Voyez aussi quelles fraudes font actuellement les manchettes, pour quelles raisons la cybersécurité doit être un point de mire pour les CPA et comment l’analyse des données et l’apprentissage machine sont utilisés dans la lutte contre la criminalité financière.