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Différentes personnes dans un restaurant consultent le menu grâce à un code QR
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Les codes QR ont un bel avenir

La pandémie nous a fait adopter des habitudes et des techniques vouées à rester, par exemple le paiement sans contact et les codes QR.
Différentes personnes dans un restaurant consultent le menu grâce à un code QR

La pandémie a obligé les consommateurs canadiens à apprendre à utiliser le code QR. (Photo iStock)

Diana Halder, leader, Paiements et services bancaires commerciaux, à EY Canada, fut agréablement surprise de trouver, après un repas au restaurant à Toronto, un petit code QR niché sur son addition. « J’ai balayé le code, sélectionné mon mode de paiement, et le tour était joué. »

C’était d’une grande simplicité pour elle comme pour le serveur, qui n’a pas eu à lui apporter le terminal de paiement ni à se soucier de la réception du signal. De surcroît, la confirmation de paiement est passée directement dans le système.

Le code QR (quick response), ou code-barres bidimensionnel, ne date pas d’hier, mais il était resté relativement marginal en Amérique du Nord. Jusqu’à la pandémie, qui a amené la technologie à prendre le pas sur le papier. Adieu menus, dépliants, formulaires… sans parler de l’apparition des codes QR sur le passeport vaccinal. Maintenant que les consommateurs s’y sont habitués, on s’attend à ce que ces codes se répandent comme une traînée de poudre.

Selon Yory Wurmser, analyste principal à Insider Intelligence et co-auteur d’un rapport sur les codes QR, l’outil s’installait déjà tranquillement en Amérique du Nord grâce à Snapchat et à d’autres médias sociaux. « Mais le coronavirus l’a propulsé à l’avant-scène, car on ne voulait plus toucher aux surfaces dans les commerces et les restaurants », explique-t-il. De fait, près de la moitié des consommateurs qui ont répondu à un sondage de Paiements Canada en 2020 ont dit privilégier désormais les méthodes de paiement sans contact.

Comme on sait maintenant que la COVID-19 se transmet surtout par voie aérienne, il est vrai qu’on est moins stressés qu’avant à l’idée de toucher des surfaces, mais l’analyste croit néanmoins les codes QR bien lancés.

« Les consommateurs ont appris à utiliser le code QR. Le plus difficile est fait. »

Nous pourrions rattraper au pas de course d’autres pays précurseurs. « En Chine et en Inde, c’est pratiquement le principal moyen d’échange », précise Diana Halder, en racontant que, dans les marchés indiens, notamment, les vendeurs impriment des codes QR qu’ils fixent aux étals pour percevoir le paiement.

Elle estime que la pandémie nous aura valu d’apprivoiser cette technologie moins connue ici, qui nous faisait hésiter hier encore. « Les circonstances ont obligé les consommateurs canadiens à apprendre à utiliser le code QR. Le plus difficile est fait. »

Le recours aux codes QR s’étend bien au-delà des menus et des pages Web. Ils foisonnent et surgissent partout. La plateforme d’échange de cryptomonnaie Coinbase, par exemple, a diffusé un code QR dans sa publicité au Super Bowl. Dans la minute qui a suivi, 20 millions de téléspectateurs se sont précipités et l’ont balayé. De quoi faire sauter le site. Le géant allemand Volkswagen s’est quant à lui associé à Amazon pour faire imprimer sur plus d’un million de boîtes de livraison un code qui donne accès à un essai de conduite virtuelle en réalité augmentée, pour inviter les clients à prendre le volant d’un tout nouveau véhicule.

Il faut néanmoins le souligner, ce sont quand même aux possibilités de paiement accéléré que les codes QR doivent leur franc succès. Le client peut, grâce à une appli, balayer avec son cellulaire le code du commerçant pour régler sa facture ou, inversement, laisser le commerçant prélever le paiement en balayant le code présenté. Hop, on n’en parle plus.

On peut en outre rattacher au code QR les coordonnées et les données bancaires. Il suffit alors au commerçant de le balayer pour conclure l’opération. Une méthode aussi sûre que les transferts électroniques, selon Diana Halder. « L’avantage, c’est que le code QR sert à transmettre davantage d’information pendant la vente, si le client y consent. » L’échange d’informations s’enrichit.

Cela dit, le code QR a du chemin à faire. Les banques, les créateurs de porte-monnaie mobiles et d’autres grands acteurs du commerce électronique et des TI ne s’en sont pas encore emparés comme outil universel. « On ne pourra mesurer la réelle valeur des codes QR qu’une fois qu’ils seront omniprésents, précise Diana Halder. Le Canada, prudent, accuse en général du retard et tarde à adopter les innovations qui facilitent les paiements. »

On ne cesse, par ailleurs, de repousser les limites des services numériques et sans contact, un risque pour les codes QR. La vision automatisée, par exemple, fait appel à l’intelligence artificielle pour décoder la réalité, et elle évolue à vitesse grand V. « Au fond, les codes QR représentent une technologie de transition, fait valoir Yory Wurmser. Les capacités de reconnaissance optique vont progresser à vive allure, à un point tel que les codes QR pourraient disparaître. »

Cette révolution se déroulera néanmoins sur quelques années, estime-t-il. Dans l’intervalle, l’analyste prédit que l’adoption des codes QR progressera assurément : « Nous avons enregistré une hausse de 15 % l’an dernier aux États-Unis. On s’attend à une croissance de 10 % d’ici la fin de l’année, et à une forte progression d’ici 2025. »

EFFETS SECONDAIRES

À l’instar du code QR, l’épicerie en ligne s’est généralisée durant la pandémie. De plus, voyez que faire de tous les masques jetables qui s’accumulent dans l’environnement.